MORY CONDÉ ET LE CNRD SOUTIENNENT-ILS ME MATHOS DANS SON FORCING À LA TÊTE DE L’UPG ?
En janvier dernier, le Ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation Mory Condé adressait au Président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (U.P.G) une correspondance dans laquelle il prenait acte « de votre rapport du 5ème congrès ordinaire de consensus ». Seulement, par la suite, le même Ministre Condé n’a pas reconnu l’authenticité de cette lettre.
Selon un commentateur, « même si Mory Condé est conscient que ce congrès organisé par par Me Mathos ne l’a pas été correctement, il y a lieu de se demander pourquoi il a signé cette lettre qui, il faut le souligner, porte des numéros de dossiers falsifiés. C’est grave pour un pays, une administration. On s’attendait à ce que des sanctions tombent… hélas, c’est plutôt au recyclage du personnel mis à la retraite, habitué à la fabrication des résultats électoraux que l’on assiste ».
Dans cette affaire de présidence de l’UPG, Mory Condé n’aurait-il pas dû suivre la conduite de son prédecesseur, Général Bouréma Condé qui, en mai 2019, « conformément à l’article 17 de la Charte des partis politiques » prenait « acte du changement (élection de Jacques Gbonimy, ndlr) apporté dans l’organe de direction du parti ». L’ancien régime, très dictatorial, n’avait pas cherché à imposer son poulain, Me Jean Alfred Mathos. Est-ce parqu’il s’est-il rappelé de l’affaire de l’UFDG, dans laquelle l’ex président Alpha Condé et ses collaborateurs soutenaient Bah Oury contre Cellou Dalein Diallo ?
Couper l’ANAD de sa branche Guinée-Forestière
Il y a quelques semaines, analysant cette situation de bicéphalisme à l’UPG, Kéamou Bogola Haba, avait fait remarquer que « le seul but de cette manœuvre est la déstabilisation de l’ANAD pour le couper de sa branche Guinée-Forestière ». Ce responsable des Communications de l’ANAD et président d’honneur de l’UGDD, avait alors questionné : « la loi ne donne-t-elle pas le pouvoir au MATD de trancher de la validité des congrès des partis politiques ? Le cas UPG n’a-t-il pas été tranché depuis 2019 à l’issue du congrès ayant élu Jacques Gbonimy á la tête de l’UPG ? » avant de rappeler que « le MATD avait déjà tranché la question UPG en prenant une décision écrite signée du ministre en faveur de Jacques Gbonimy comme l’unique Président de l’UPG pour un mandat de 5 ans à partir de 2019 ».
Cellou Dalein Diallo (au centre) avec ses alliés. On reconnaît Jacques Gbonimy, deuxième à sa droite.
Pour un commentateur, « c’est à ce niveau qu’il faut déplorer certains choix stratégiques des conseillers de Cellou Dalein Diallo. Même si son parti est indiscutablement la première force politique du pays, qui peut gagner sans ses alliés, comme cela a pu être vérifié lors des élections communales de février 2018, il ne peut pas et surtout ne doit pas se passer des alliances avec certains partis politiques, notamment en Haute Guinée et en Guinée forestière. Autrement le tous contre un de 2010 pourrait se répéter contre Cellou Dalein. L’entourage du Colonel Doumbouya fait travailler le CNRD dans ce sens ».
Interrogé sur la possibilité de voir des alliés de l’ANAD migrer vers la galaxie du CNRD, un conseiller du président de l’UFDG, principale formation politique de cette coalition dirigée par Cellou Dalein, estime qu’avec « l’inexistence du risque zéro, rien n’est moins sûr ».
Ce proche de Dalein n’aurait-il pas dû comprendre la nécessité pour l’ANAD d’appuyer Jacques Gbonimy dans cette bataille stratégique pour les prochaines élections ? Car tout indique qu’une force politique est en train d’être mise en place par le CNRD afin d’empêcher Cellou Dalein Diallo de gagner les prochaines élections. Malheureusement pour les démocrates guinéens, les stratèges de l’ethnocentrisme qui ont offert le pouvoir à Alpha Condé ont repris du service.
Pour l’heure, il y a bien des raisons de se demander si Mory Condé et le CNRD ne sont pas des soutiens à Me Mathos dans son forcing à la tête de l’UPG. Mais il faudrait également se demander pourquoi l’UFDG et ses autres alliés de l’ANAD ne dénoncent pas cette situation qui touche un de leurs partenaires.
Ibrahima Sory BALDÉ