Contre La sansure

Nana Akufo-Addo, J-C Kassi Brou, Alpha Condé, Alassane Ouattara ont fissuré les murs de la Cedeao

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Probablement Assimi Goïta (Mali), Mamadi Doumbouya (Guinée), Paul-Henri Sandaogo Damiba, puis Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger) n’auraient pas renversé les régimes en place si Nana Akufo-Addo, président du Ghana et également en exercice de la Cedeao et Jean-Claude Kassi Brou, alors président de la Commission de l’organisation n’avaient pas été complices des présidents guinéens, Alpha Condé, et ivoirien, Alassane Ouattara, qui cherchaient à briguer des 3èmes mandat.

Si l’ivoirien avait un argument (révision constitutionnelle antérieure), ce n’était pas le cas du guinéen ». L’ex président Alpha Condé a roulé dans la farine ses principaux adversaires (Cellou Dalein Diallo surtout) en annonçant des législatives qu’il a couplées, plus tard à un référendum constitutionnel duquel il a exclut les formations politiques qui n’avaient pas déposé leurs dossiers de candidatures pour la députation. Une mission d’experts de la Cedeao s’est rendue à Conakry et, avant de quitter la capitale guinéenne, avait recommandé des corrections sur le fichier électoral, comme l’avaient fait quelques semaines plus tôt ceux de l’OIF. Ces experts de la Cedeao avaient également recommandé l’ouverture des listes de candidatures à toutes les formations politiques, y compris l’UFDG et l’UFR.

Les jours qui ont précédé et suivi le double scrutin (législatif et référendum constitutionnel) a été marqué par des descentes musclées dans différentes zones du Grand Conakry et des préfectures  favorables à l’opposition, majoritaire dans le pays. Les forces militaires et paramilitaires, particulièrement le Groupement des Forces spéciales du désormais Général Mamadi Doumbouya ont été sans pitié… plusieurs morts, des blessés. Le référendum, tel que recommandé n’a pas eu lieu. Mais Jean-Claude Kassi Brou et son bras droit, le général Francis AWAGBE BEHANZIN ont avalisé les résultats et ouvert la voie à la candidature d’Alpha Condé. C’est ce jour que la crise au sein de la Cedeao a commencé…

On se rappelle de la remarque faite le 20 août 2020 par le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, sur la situation au Mali, au lendemain du renversement du président du président Ibrahim Boubacar Keïta (décédé le 16 janvier 2022 à Bamako), avait estimé que la Cedeao devrait sanctionner « tous les coups d’État ». Il avait souligné à cette occasion que « les troisièmes mandats » étaient également des coups d’État.

S’il avait été appuyé dans ce sens, la Cedeao n’aurait pas été frappée par d’autres coups d’états. Mais le président de la conférence de la Cedeao avait changé de mains avec l’arrivée aux commandes du ghanéen Nana Akufo-Addo, avec la paire Jean-Claude Kassi Brou et Général Béhanzin qui, comme nombre de leurs prédécesseurs accommodaient les régimes en place. Des régimes qui savaient comment bien les récompenser en retour. La Cedeao n’est pas victime des seuls militaires au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger. Ses fonctionnaires et médiateurs ne sont pas étrangers à ses crises.

Mais aujourd’hui, avec le retrait des 3 pays sahéliens (Burkina Faso, Mali et Niger), c’est plus du côté de Lomé qu’il faut regarder, car le chef de l’Etat de ce pays, Essozimna Faure Gnassingbé (plus ancien chef d’État de la Cedeao en poste) et ses conseillers interviennent souvent solitairement. On l’a constaté avec le coup d’État au Niger, qui a renversé le président Bazoum (toujours otage des putschistes). La solution diplomatique qu’ils soutiennent était la meilleure. Le problème, c’est qu’il semble ne pas vouloir associer les autres pays membres à leur démarche.

Le président togolais saura-t-il ramener à la raison les Etats sahéliens qui quittent la Cedeao sous influence, selon eux d’une « puissance étrangère (France, ndlr) », alors qu’eux-mêmes le sont sous celle de la Russie ?

Pour sa survie, la Cedeao doit rester ferme sur ses principes. Elle a été laxiste avec Alpha Condé. Le CNRD a prit le pouvoir, mais avec le médiateur qu’elle a nommé, des observateurs se demandent si « elle n’a pas abandonné les guinéens, car les nouvelles autorités de la transition ne respectent pas la feuille de route du chronogramme. Seuls les américains haussent le ton. La France et dans une certaine mesure l’Union européenne continuent leurs financements, y compris militaires. »

Ibrahima Sory BALDÉ

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