Contre La sansure

Non mon cher Sarifou, Kassory a raison

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Ce n’est pas parce que l’ancien Premier Ministre Ibrahima Kassory Fofana, réclame Justice que l’on devrait lui rappeler qu’il a été chef d’un gouvernement qui, en plus de son illégitimité, privilégiait la négation des lois et des droits pour  mettre de l’avant la répression. Comprenons sa tribune dans le sens du discours du Colonel Mamadi Doumbouya, le 5 septembre 2021, lorsqu’il a prit le pouvoir, en annonçant que la Justice sera la boussole qui va désormais guider le pouvoir.

Il a souligné dans cette tribune que « les faits parlent d’eux-mêmes. A ce jour, j’ai bénéficié, de même que mes compagnons « d’infortune » de 4 ordonnances, au moins, de mise en liberté, restées lettres mortes. Les magistrats qui ont eu le courage de prendre ces décisions, malgré la difficulté pour eux d’appliquer la Loi et de dire le droit dans un climat d’intimidation et de pressions intempestives, ont subi comme moi et tant d’autres le fait du Prince, érigé en doctrine de Gouvernance« .

Comme vous le savez cher confrère, la majorité des guinéens qui a salué le renversement du régime d’Alpha Condé n’a pas, du coup, salué l’avènement du CNRD du Colonel Doumbouya. C’est le discours de prise du pouvoir de ce dernier qui était mobilisateur. C’est ce discours qui a motivé le FNDC dirigé par Oumar Sylla, alias Foniké Manguè, à soustraire de sa première liste de personnalités du régime défunt à poursuivre, Colonel Doumbouya, Général Balla Samoura…

Tous avons salué la mise en place de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), dans l’espoir que celle-ci allait se pencher sur les différents crimes économiques commis en Guinée par les dirigeants, civils et militaires, qui ont eu tous les privilèges possibles pour la diriger correctement.

Mais, rapidement, la majorité d’entre nous avons été déçus que celle-ci se soit engagée dans une espèce de chasse aux sorcières, essentiellement dirigée contre les personnalités politiques qui pourraient gagner les prochaines élections, de la base (quartier) au sommet (Présidence de la République).

C’est ainsi que cette Justice a poussé à l’exil Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, mis en prison Ibrahima Kassory Fofana. Dans le cas particulier du leader de l’UFDG et de l’ANAD, il a été expulsé de son domicile qui, quelques semaines plus tard a été rasé. Sur le lieu a été bâti une école, alors qu’il y en avait suffisamment dans le secteur… Peut-être qu’il aurait été mieux d’y édifier quelques appartements pour les personnels de l’Éducation et de la Santé.

La lettre à ses compatriotes d’Ibrahima Kassory Fofana dénonce cette Justice qui ne rassure pas… qui est bien partie pour faire pire que celle de son gouvernement, renversé les forces spéciales le 5 septembre 2021. Une Justice que l’actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, n’avait pas voulu servir avant d’être muté à Dubréka. Peut-être que suite à cette sanction (habillée d’une promotion), comme la majorité des magistrats, il aurait compris qu’il devrait être au service du Chef et du système plutôt que de l’application stricte des Lois en vigueur.

Aujourd’hui, le Ministre de la Justice qu’il est devenu ne remarque pas la panne de la boussole du CNRD. Et les redoutables sanctions internationales, à la demande de la Cedeao, qui constate que les autorités guinéennes ne font pas du retour à l’ordre constitutionnel un objectif, commencent à tomber. Redoutables parce qu’elles vont avoir un impact sur le développement socio-économique du pays. Et malgré cela, elles sont comprises par les populations, majoritairement exclues des bienfaits de ce que les nouvelles autorités appellent le ‘Refondation‘.

Il est temps que le CNRD, son gouvernement, leurs complices du CNT et de partis politiques,  qui n’existent que grâce aux passages dans les médias de leurs dirigeants, comprennent que le pays a tout à gagner dans le respect du chronogramme de 24 mois, qui a fait l’objet d’un accord, en octobre 2022, avec la Cedeao. Et s’ils veulent faire du Colonel Mamadi Doumbouya leur candidat, en 2024, il faudrait bien que l’on retourne à la case départ pour mettre en place de nouvelles autorités de transition pour que tout le monde parte sur le même pied d’égalité.

Plus exactement, il faudrait que les autorités actuelles (CNRD, son gouvernement et CNT) forment leur parti politique et acceptent de mettre en place un gouvernement d’union nationale, présidé par une personnalité de Haut rang, universitaire, ayant de bonnes expériences de l’administration. Que ce gouvernement mette en place des Cours de justice pour réprimer les crimes économiques et de sang. Que tout candidat à une élection, de la base au sommet, fasse une déclaration de ses biens.

Non mon cher Sarifou, Kassory a raison. Mais faut-il pour autant ne pas se présenter à l’audience ? Il pourrait gagner à se présenter devant cette Cour, se défendre et gagner cette bataille, car les raisons de son arrestation, de sa détention abusive, selon ses avocats, dans des conditions qui ont détérioré son état de santé, suffisent pour le libérer. Valable pour ses codétenus.

Ibrahima Sory BALDÉ 

 

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