Nouvelle rêverie du CNRD : faire entrer Conakry dans le label des grandes capitales modernes.

C’est un communiqué de la Direction des Communications et de l’Information (DCI) de la Présidence, largement diffusé dans les médias qui l’annonce. Son Directeur, Moussa Moïse Sylla et ses collaborateurs ont-ils interrogé les plans antérieurs de l’aménagement de la Ville de Conakry. Les archives guinéennes ont-elles ces documents ? Le CNRD a-t-il les moyens de son projet en ces temps de vaches maigres ?

Selon la DCI, « le souci majeur des autorités de la transition est de donner une image attractive à la ville de Conakry à l’instar d’autres capitales modernes africaines plus proches de chez nous où il existe des plans d’aménagement, surtout en bordure de mer, qui permettent aux enfants, aux citoyens de tout âge, de pratiquer plusieurs activités notamment sportives. Il est évident que la pratique du sport en ces lieux sera assez remarquable de la double approche urbanistique et sanitaire. Le milieu urbain contribuera à son renouvellement, influencé à la fois par la quête du bien-être et l’organisation de l’espace qui se matérialisera par deux caractéristiques majeures, le cadre d’exercice, hors stades ou salles de sport, et l’influence des changements sociétaux.
Dans ce cadre, Conakry offrira au bout de trois ans, durée de la construction et de la prise en forme définitive du projet, une grande diversité d’espaces d’accès libre favorables à des activités physiques qui promeuvent autant le bien-être, la santé que le plaisir de se dépasser, de se rencontrer dans un cadre sain, loin de la pollution motorisée, dans un environnement touristique et culturel des plus attrayants. Aussi, le décret charge-t-il les ministères de l’Habitat, de l’Environnement, de la Sécurité, du Tourisme et de la Culture, pour ne citer que ceux-là, de son application stricte.
Espace de loisirs et de détente, ce défi également de l’environnement, de la lutte contre la pollution qui sera logé dans la ville de Conakry sera un poumon salvateur, un cadre privilégié d’éducation environnementale, qui accueillera aussi des élèves, des étudiants, des chercheurs et le grand public en toute sécurité. Tel est l’un des rêves des autorités de la transition après le constat que Conakry ne dispose d’aucun parc de ce genre, le Jardin 2 octobre n’étant plus que l’ombre de lui-même . Cette nouveauté est donc un des rêves du colonel Mamadi Doumbouya pour Conakry« .

Koloma et Kaporo

Pour rendre Conakry une ville attractive et moderne, avant même l’indépendance du pays, le site de Koloma et Kaporo avait été identifié pour abriter le centre-ville de la capitale politique et administrative du pays. En 1964, pour mettre à jour ce plan, le Gouvernement Sékou Touré avait envoyé une mission dans l’ex Yougoslavie (alors constituée de six républiques : la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Slovénie et la Serbie comprenant les régions du Kosovo et de la Voïvodine). Quelques années plus tard, c’est le régime du Général Lansana Conté qui avait décidé de mettre en œuvre ce plan, avec la construction d’au moins 25 immeubles d’une vingtaine d’étages pour abriter les ministères, tout comme la construction du siège de l’Assemblée nationale et d’autres institutions républicaines. La Présidence devait être bâtie sur les hauteurs de Dar-es-Salam, qui donne une vue pratiquement imprenable sur Conakry et ses banlieues.

Sous Alpha Condé, les autorités n’ont pas fait de ce projet une priorité. Le nouveau chef de l’État s’est plutôt engagé dans une bataille politicienne contre ses adversaires Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, en mettant tous les efforts pour débaucher leurs lieutenants.

Alpha Condé a fait perdre du temps à la Guinée

De nombreux analystes politiques estiment que l’ex président, « Alpha Condé a fait perdre du temps à la Guinée. Beaucoup de temps. Il a mis trop d’efforts pour l’exploitation sauvage des mines, surtout de la bauxite. Pour Conakry, il n’a pas fait, comme Ouattara de Côte-d’Ivoire ou Wade et Macky Sall, le développement d’infrastructures dans la capitale. Il parlait des échangeurs, mais il a mis l’argent dans l’achat d’armes, la corruption des forces militaires et paramilitaires, les magistrats pour l’organisation d’élections frauduleuses, notamment le référendum de mars 2020 et la présidentielle d’octobre 2020″.

Pour un de ces analystes, « que ce soit le CNRD ou le gouvernement post transition, la réalisation de la cité administrative de Koloma-Kaporo devrait être une priorité. Qui devra être faite en même temps que les 4 échangeurs identifiés par le régime d’Alpa Condé. Mais ce plan dit ‘Projet d’intérêt national (PIN) pour l’aménagement et la construction du Parc urbain de la ville de Conakry‘, c’est du bidon. Cellou Dalein Diallo fait bien de parler des routes inter-préfectures, des ceci et de cela. Lui et son équipe doivent avoir un programme d’aménagement de Conakry et des différentes capitales régionales, en créant une zone industrielle autour de Dabola, centre du pays, pour accueillir des petites et moyennes entreprises manufacturières. En s’engageant à construire une voie ferrée de Conakry à au Dabola, avant de continuer sur Kankan, Bamako… Cela est faisable en 5 ans avec un gouvernement légitime« .

Khady THIAM & M. A. BAH