Contre La sansure

Nouvelles sanctions de la CEDEAO : La Fédération, le spectre Wagner, la Russie et la France ! (Abou Maco)

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Alors que les trois pays, Guinée, Mali, Burkina Faso, ont l’ambition d’aller vers une fédération ; alors que ces trois pays ont respecté les exigences de la CEDEAO quant à l’établissement d’un chronogramme pour aller aux élections et retourner à une vie constitutionnelle normale ; alors que pour le cas spécifique de la Guinée la CEDEAO a participé pleinement et de bout en bout à l’établissement d’un chronogramme avec un délai de 24 mois pour aller aux élections et s’en est d’ailleurs félicitée ; alors que cette même CEDEAO n’a rien trouvé à redire sur les délais maliens et burkinabè en prenant particulièrement en compte les questions sécuritaires dans ces pays, les drames humanitaires qui y sont constatés, dûs au terrorisme qui endeuille chaque jour ces Etats du Sahel ; bref, alors que tout présageait une levée totale des sanctions qui frappent ces trois pays francophones de l’organisation sous régionale, une interdiction de voyager pour les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée vient, à la surprise générale, durcir les restrictions contre ces gouvernements et leurs populations.

Cette dernière sanction, qui n’est nullement motivée dans le communiqué de la CEDEAO, a été portée à la dernière minute devant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement à Addis-Abeba par les présidents ivoiriens, sénégalais et nigériens sous la direction du pitre bissau-guinéen, président en exercice de l’institution. Ces pays sont notoirement connus pour leur soumission totale à la politique française en Afrique.

A partir de cet instant, sans raccourcis, il saute à l’œil que la France veut en découdre avec les dirigeants de ces trois régimes issus de coups d’Etat. Mais pourquoi cette croisade sélective d’autant plus que le régime tchadien qui bénéficie de la disponibilité, de l’appui et du financement français est dans les mêmes conditions que les précités puisque lui aussi issu d’un coup d’Etat et qui s’apparente même selon l’opposition de ce pays à un parricide ? Qu’est-ce qui expliquerait le courroux de la France contre le Mali, le Burkina et dans une moindre mesure la Guinée, car n’oublions pas que les deux premiers ont eu l’outrecuidance de chasser de leurs territoires les contingents militaires français qui y étaient stationnés avec humiliation en prime. Et cette histoire de fédération des trois pays n’est pas venue arranger les choses.

Ces raisons, plus la fondamentale, expliqueraient le maintien par la CEDEAO des sanctions contre les trois pays rebelles qu’il faudrait mater pour servir d’exemple. Quant à la fondamentale qui s’explique par l’interdiction de voyager des décideurs des trois pays, c’est la peur du spectre Wagner et de la fédération de Russie. En juillet de cette année, c’est-à-dire dans six mois, s’ouvre le sommet du nouveau partenariat Russie-Afrique à Saint-Petersbourget et le ministre russe des Affaires étrangères vient de boucler à cet effet une tournée en Afrique pour s’assurer de la participation effective de certains pays.

Le retour en force de la Russie en Afrique ne pouvait qu’inquiéter l’ex puissance coloniale car celle-ci était déjà présente diplomatiquement avec une coopération forte dans certains pays considérés par la France comme son pré-carré à savoir la Centrafrique, le Mali, l’Egypte, la Guinée, le Burkina et l’Algérie. Continent décisif pour son implantation mondiale, la Russie est en passe de s’imposer en Afrique comme un acteur majeur et incontournable.

Pour Paris, le sommet Russie-Afrique qui se tiendra dans six mois, pourrait être l’occasion pour Poutine de renforcer et imposer sa présence en Afrique. Et ça, il faut l’empêcher à tout prix, c’est dans six mois et le temps presse. En attendant de battre l’omniprésence russe en Afrique, la France opte pour le boycottage urgent du sommet en commençant par trois pays pas du tout sûrs et dont elle détient les cartes pour les empêcher de participer à ce sommet, le reste, on verra. Vous l’avez compris, il a suffit donc à l’Elysée d’actionner ses valets locaux en Afrique de l’Ouest et le tour est joué : Interdiction de voyager pour les dirigeants burkinabè, maliens et guinéens qui ne pourront ainsi pas se rendre à ce sommet.
Tout autre explication de cette nouvelle sanction subite et inattendue procéderait du dilatoire et certains journalistes sont passés maîtres en la matière. Wa salam !

Par Abou MACO

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