« On consacre un droit dans la norme suprême du pays, tout en sachant qu’on n’est pas prêt à en faciliter ou à en accepter l’exercice. »
Ces dernières années, le droit de manifester a connu des restrictions incontestables dans notre pays. Et paradoxalement, toutes les lois fondamentales du pays, de 1990 à 2020, ont consacré ce droit. C’est une forme d’hypocrisie qui ne dit pas son nom. En effet, on consacre un droit dans la norme suprême du pays, tout en sachant qu’on n’est pas prêt à en faciliter ou à en accepter l’exercice.
Pour justifier les multiples et fréquentes atteintes au droit de manifester, on soutient de manière systématique que les manifestations ont toujours été violentes et qu’il n’existe pas de manifestations pacifiques en Guinée. Malheureusement, à force d’être répété, ce discours a fini par être repris y compris par des journalistes. Pour justifier davantage cette atteinte à ce droit fondamental, l’on essaie même de créer une confusion entre le droit de manifester et la liberté de réunion.
Qui pouvait croire que des journalistes organisent une manifestation violente et au mépris de la loi ? Il fallait au minimum leur accorder le bénéfice du doute quant à leur capacité à organiser une manifestation sans violence.
En réalité, sur le continent noir, aucune autorité, qu’elle soit de transition ou » normale » n’accepte de gaieté de cœur les manifestations, à l’exception de celles qui lui sont favorables.
C’est pourquoi, le combat pour la conquête des droits et libertés des citoyens ainsi que leur libre exercice ne doit jamais s’arrêter.