Contre La sansure

« ON N’A PAS BESOIN D’ASSISES » (A. KOUROUMA)

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Le Colonel-Président guinéen, Mamady Doumbouya a annoncé la tenue d’ « Assises nationales dénommées « Journées de vérité et de pardon » sur toute l’étendue du territoire national et dans nos ambassade à l’étranger ». Des acteurs sociopolitiques soutiennent qu’il y a plus important, « comme des journées d’échanges sur un programme de reconstruction que le CNRD devrait commencer et que le gouvernement élu devra poursuivra ».

Cas par exemple de Abdoulaye Kourouma, Président du Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RRD) qui estime, dans des propos rapportés par guinee114.com (*) que « ce que le Colonel oublie, la Guinée est différente du Mali en matière politique (…) on ne peut pas gérer la Guinée à l’image des autres pays. J’ai l’impression que quand les gens s’activent beaucoup sur les réseaux sociaux par rapport à une décision ou une proposition, le lendemain tu vois que cela devient la décision ou la proposition du gouvernement. Ce qui est regrettable quand-même dans la gestion ».

Le sommet de l’État n’est pas un lieu de stage

Il souligne que « le sommet de l’État n’est pas un lieu de stage. Il faut savoir lire les réalités. En Guinée, on n’a pas besoin d’assises, il faut le reconnaître. C’est à l’État de présenter ses excuses à sa population. Il y a les victimes des différents régimes. Mais puisque l’État est souvent résumé à un individu, ce n’est pas l’État qui est souvent vu. C’est plutôt l’individu à la tête de l’État qui est vu. Ce qui nous a affaibli beaucoup souvent dans les prises de décision. Et si c’est Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis qui ont été vu ainsi, c’est lui Mamadi (Colonel Doumbouya, ndlr), qui est le plus vu, aujourd’hui, que l’État ».

Le président du RRD indique que le système sociopolitique en Guinée est tel que la gestion du pays à tous les niveaux est identifiée à l’homme qui occupe le fauteuil présidentiel. Il déplore à ce propos : « l’État n’est pas vu, c’est l’individu qui est vu. Sinon, je pense qu’il n’y a jamais eu de problème entre les Guinéens. Il y a eu problème entre l’État et une partie de sa population. Donc, s’il doit avoir de pardon et réconciliation, c’est à l’État de faire la justice et de présenter ses excuses aux victimes. Parce que, c’est l’État qui a été à la base de tout ce qui est arrivé à une partie de sa population. Donc, ceux qui sont morts dans les prisons, c’est la prison de l’État. C’était des interpellés de l’État ».

Écrire l’histoire réelle du pays

Mais pour une victime du régime de Sékou Touré, « M. Kourouma ne devrait pas voir les choses si simplement. Nous qui avons fait le camp Boiro et les autres qui n’ont pas survécu, nous n’avons rien fait à Sékou Touré et à son régime clanique. Comment voulez-vous que tous les états majors des forces militaires et paramilitaires soient décimés si réellement ils étaient pour renverser le régime ? Sékou Touré contrairement à toutes ses victimes, n’a pas fait des études. C’était un autodidacte que l’Administration coloniale a utilisé pour freiner les partis nationalistes, comme celui de la DSG de Barry Ibrahima dit Barry III, qu’il a fait pendre, avec d’autres, le 25 janvier 1971 au pont du 8 novembre ».

Poursuivant, ce miraculé du camp Boiro souhaite que « le gouvernement trouve des moyens pour que les guinéens connaissent l’histoire du pays, pas celle que les dictateurs et leurs complices ont écrites. En janvier et février 2007 par exemple, combien de dizaines de jeunes guinéens ont été fauchés par les balles des troupes commandées par Capitaine (au moment des faits) Ousmane Conté, fils du Général Lansana Conté ? Dans ses « dadis show », le capitaine Moussa Dadis Camara a évoqué le sujet. Il faut que tous ces faits soient documentés pour la postérité et pour que les gens ne l’oublient jamais. Personnellement, ceux dont le régime a tué des guinéens, comme Dadis, Konaté et Alpha Condé ne doivent pas toucher des indemnités accordées à un ancien chef d’État… »

Khady THIAM (Collaboration I. S. BALDÉ)

(*) guinee114.com

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