Professeur Lamarana Petty Diallo : « La dissolution de l’UFDG peut être évitée si le dialogue et la réconciliation sont privilégiés » (Interview)
Dans une interview accordée à votre quotidien en ligne Loupeguinee.com, ce lundi 17 mars 2025, le Professeur Lamarana Petty Diallo, président du CERAG-UFDG, s’est exprimé sur la situation de l’UFDG après la publication du rapport final de l’évaluation des partis politiques par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD).
Professeur Petty Diallo, l’UFDG étant un parti mis sous réserve par le MATD, quelle est votre réaction ?
Pr. DIALLO : Nous sommes satisfaits des résultats du MATD. Pour nous, la décision de mise sous réserve, quoi qu’en disent certains, est salutaire. Elle évite la suspension du parti. J’y vois personnellement une sorte d’indulgence du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD).
L’UFDG fait partie des 24 partis autorisés par le MATD à poursuivre leurs activités politiques, sous réserve de tenir son congrès dans 45 jours. Que comptez-vous faire ?
Je perçois la décision du MATD sous d’autres aspects, desquels j’en tire trois (3) leçons.
Premièrement, cette décision est plus une perche tendue au parti pour qu’il se rattrape qu’une sanction visant à le suspendre ou le dissoudre.
Deuxièmement, c’est le résultat d’un travail administratif bien mené et non une décision politique comme le prétendent certains.
Troisièmement, elle est une alerte qui appelle à une prise de conscience.
Globalement, il faut interpréter cette décision comme la chance accordée à un candidat qui échoue à son examen de passage et qui se voit accorder une session de rattrapage.
Pour moi, ceux qui clament que les résultats du MATD sont politiques, qu’ils sont influencés par la décision du TPI de Dixinn suspendant les congrès, devraient plutôt se saisir du délai de quarante-cinq (45) jours pour accepter la main tendue du CERAG-UFDG. C’est l’une des meilleures voies qui nous sont offertes pour aller vers le dialogue et des retrouvailles autour de la table, ce qui pourrait mettre fin aux conflits internes.
Savez-vous pourquoi votre formation politique n’a pas été certifiée comme d’autres ? Qu’est-ce qui a manqué ?
Les raisons sont sûrement nombreuses. La principale étant le non-respect des textes du parti. Depuis 2015, l’UFDG n’a pas organisé son congrès. Les instances et les mandats sont caducs. À cela, s’ajoutent les conflits internes, les exclusions abusives, la convocation de deux (2) congrès simultanés au sein d’un même parti politique : preuve de son manque d’organisation, pour ne pas dire de son délétement, de sa dégradation.
Comment comptez-vous organiser le congrès de l’UFDG alors qu’il y a deux factions au sein du parti ?
Aucun congrès n’est possible dans le contexte actuel. Pourquoi ? Parce que la décision du MATD reste et demeure une décision administrative, autrement dit, c’est une note attribuée à un parti après l’avoir évalué conformément à la loi organique L/91/002/CTRN du 23 décembre 1990 portant organisation et fonctionnement des partis politiques.
L’UFDG et le CERAG-UFDG, tout comme le MATD, sont tenus au respect du jugement N°112 du 28 février 2025 ordonnant à l’UFDG de suspendre tous ses congrès, y compris celui de la présidence.
Ce jugement s’impose sur la décision administrative du MATD car il a été rendu au nom du peuple de Guinée. Dès lors, il n’est susceptible, je le répète, d’aucune voie de recours.
Pire, vouloir outrepasser ou violer la décision du TPI de Dixinn pourrait exposer l’UFDG à sa dissolution pure et simple.
Donc, il ne peut y avoir aucun congrès avant que le tribunal ne statue sur le fond comme indiqué dans le verdict.
:Ne craignez-vous pas une dissolution de votre parti au cas où l’incompréhension persisterait entre les responsables ?
La dissolution est évitable si l’UFDG et le CERAG-UFDG respectent les clauses ou dispositions énoncées par le TPI de Dixinn.
Si les deux parties parviennent à mettre fin aux conflits en réintégrant les responsables exclus injustement, en s’entendant sur un congrès unitaire que nous appelons de tous nos vœux à travers le dialogue et la bonne foi des uns et des autres.
Aujourd’hui, est-ce qu’on peut s’attendre à une réconciliation entre le camp de Cellou Dalein et celui d’Ousmane Gaoual ?
Je viens de donner les conditions à remplir. Du reste, le CERAG-UFDG est un mouvement réformateur qui se bat pour l’entente de tous afin de former une Alliance des Mouvements Réformateurs de l’UFDG pour aller au congrès : un congrès unitaire pour réunifier l’UFDG.