Quand la sécurité devient un prétexte pour concentrer le pouvoir

Le mercredi 11 juin 2025, le Général Mamadi Doumbouya a instauré la Commission nationale de défense et de sécurité (CNDS), une initiative prise discrètement en pleine nuit, comme à son habitude. Selon le CNRD, cette commission vise à renforcer la protection du pays. Cependant, elle semble principalement destinée à concentrer davantage de pouvoir entre les mains des dirigeants tout cela pour servir les intérêts personnels de Mamadi Doumbouya dans sa quête de maintien au pouvoir.
Le CNRD annonce que cette commission combattra le terrorisme, le trafic de stupéfiants et les désordres. Mais le véritable défi en Guinée est interne : la progression du retrait des libertés des citoyens. En conséquence, on peut se demander si cette commission protègera réellement les citoyens ou si elle ne fera qu’accentuer la surveillance.
A y regarder de plus près, on découvre que cette commission relève du ministère de la Défense, composée principalement de militaires et de responsables sécuritaires. Le ministre de la Défense en est le dirigeant, assisté par le ministre en charge des régions et celui de la sécurité. La présence du chef des services secrets est également préoccupante.
Cette nouvelle organisation possède l’autorité d’intervenir partout dans le pays, de la capitale Conakry jusqu’aux localités les plus reculées. Elle constitue un instrument idéal pour maîtriser l’ensemble du territoire, dissuader les manifestations et faire taire l’opposition. C’était précisément l’élément manquant pour consolider le contrôle total depuis le coup d’État du 5 septembre 2021.
Les Guinéens sont loin d’être dupes. A chaque nouvelle loi annoncée, ils constatent la disparition progressive de leurs droits. Bien que le gouvernement prétende agir au nom de la sécurité, cela ne reflète pas la réalité. En créant ces diverses commissions de sécurité, les véritables problématiques persistent : chômage, pauvreté, coût de la vie, infrastructures sanitaires défaillantes, manque d’écoles, routes en piètre état, etc.
Au lieu de la CNDS, la Guinée aurait besoin d’une commission dédiée à la justice et la vérité, capable de corriger les injustices passées. Le pays devrait renforcer ses institutions civiles plutôt que de concentrer davantage de pouvoir au sein des forces militaires. Des tribunaux indépendants sont nécessaires, et non des juges contrôlés par les services de sécurité.
Mais quelles attentes peut-on avoir d’un gouvernement qui répond systématiquement aux difficultés par l’accroissement des forces militaires, des dispositifs de contrôle et des lois ?
En amalgamant tous les pouvoirs, en confiant aux militaires des décisions civiles et en considérant chaque protestation comme une menace pour l’État, on ne renforce pas la sécurité. On crée un climat de peur.
Et c’est là que réside le véritable risque.
Qu’Allah sauve le peuple de Guinée. Aamiine
Par Abdoul Karim Diallo
Pour la vérité et la justice