Contre La sansure

Restriction des médias et réseaux sociaux : Le ciel s’assombrit sur la presse guinéenne

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Plus de deux ans après son accession au pouvoir par un coup d’Etat militaire, le CNRD est en train de montrer son vrai visage aux guinéens.

La junte militaire qui avait renversé Alpha Condé, le 5 septembre 2021, après avoir éteint toute les voix de protestation, s’en prend désormais à la presse guinéenne, qui dénonce ses dérives autoritaires.

Au-delà des menaces proférées contre des journalistes dans l’exercice de leur profession, depuis son accession au pouvoir, le CNRD qui avait menacé de fermer certains médias privés, il y a quelques mois, passe à la vitesse supérieure.

Depuis le 24 novembre dernier, l’accès aux réseaux sociaux est restreint, suivi de brouillage systématique des ondes de certaines radios privées comme Djoma FM, Fim FM et Espace FM.

Pendant que les citoyens s’interrogent sur les motifs de la restriction des réseaux sociaux et des médias, qui constitue un recul démocratique et une violation flagrante de la loi L02  sur la liberté de presse, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a annoncé récemment le retrait des chaînes de Djoma (Fm et TV), puis Espace (Fm et TV), d’Evasion (Fm et TV), du bouquet Canal + jusqu’à nouvel ordre.

L’instance de régulation des médias en Guinée, qui est sous l’influence de la junte militaire, justifie cette décision, pour dit-elle, ‘’des raisons de sécurité nationale’’.

« Lorsque nous avons été saisis par les structures compétentes attirant notre attention sur les dangers qui pouvaient être portés sur la sécurité nationale, nous avons pris en plénière extraordinaire une mesure conservatoire pour adresser cette correspondance à l’adresse de Canal plus pour lui dire de retirer jusqu’à nouvel ordre Djoma de son bouquet », a expliqué Boubacar Yacine Diallo, Président de la Haute Autorité de la Communication.

Alors que la problématique d’accès aux réseaux sociaux et le brouillage systématique des ondes de certaines radios privées est toujours d’actualité, les Associations de presse s’organisent pour défendre la liberté de presse.

Des actions d’envergure sont envisagées cette semaine par les professionnels des médias, notamment une journée sans presse et un sit-in devant la Haute Autorité de la Communication, pendant que le CNRD reste droit dans ses bottes.

S’exprimant sur le sujet, le porte-parole du gouvernement est catégorique : « Les mesures prises par les autorités ne visent en aucun cas à museler la presse, mais représentent plutôt une réponse immédiate face à des pratiques telles que l’apologie de la haine communautaire, l’accentuation des tensions sociales et politiques, et la propagation de discours divisifs. Ces comportements sont souvent associés à des acteurs politiques qui aiment semer la discorde. Face à ces dérives, nous ne resterons pas spectateurs. Il est de notre devoir d’agir avec détermination pour préserver la cohésion sociale. Prendre des mesures nécessaires s’impose comme l’unique choix afin de garantir la fiabilité de l’information et le respect strict des normes éthiques » a laissé entendre Ousmane Gaoual Diallo. Avant d’ajouter : « L’encouragement de discours haineux, qu’il émane d’acteurs politiques ou des médias, est inadmissible. Il est temps d’une prise de conscience collective sur la nécessité de promouvoir un discours politique et médiatique responsable. Nous devons œuvrer ensemble pour instaurer un débat public sain, respectueux et constructif » a indiqué  le ministre des Télécommunications, porte-parole du Gouvernement.

Une situation que dénoncent les acteurs sociopolitiques et les défenseurs des droits de l’homme et qui apportent leur soutien aux professionnels des médias.

Pendant qu’une crise de confiance s’est déjà instaurée entre la junte et les citoyens, c’est une semaine déterminante qui s’annonce ce lundi à Conakry.

Abdoul Wahab Barry

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