Contre La sansure

Révélation – Fadi Wazni à l’Élysée pour 15 Milliards € : la France hésite à endosser la dette du parrain du tonnage!

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Chronique d’une opération néocoloniale maquillée en projet industriel

Dans les couloirs feutrés de l’Élysée, un dossier embarrassant circule : celui de Fadi Wazni, homme d’affaires franco-guinéen, ex-patron du consortium SMB-Winning, aujourd’hui métamorphosé en apôtre de « l’industrialisation locale ». Derrière les sourires diplomatiques et les promesses de “raffiner la bauxite en Guinée”, se cache une opération à 15 milliards d’euros, opaque, risquée, et politiquement explosive.

Le projet ? Une raffinerie d’alumine géante censée propulser la Guinée dans le cercle des nations transformant leurs ressources sur place. Le problème ? Le financement. Après avoir perdu le contrôle du gisement de Simandou au profit de Rio Tinto, Wazni tente aujourd’hui un retour spectaculaire en misant sur la complicité du régime de Doumbouya. Ce dernier, pour le récompenser de sa loyauté économique, lui aurait offert un projet initialement destiné à la GAC (Guinea Alumina Corporation).

Résultat : le putschiste cède un actif stratégique à un proche, et ce dernier frappe désormais à la porte de l’État français pour obtenir une garantie souveraine, autrement dit : faire cautionner par la France un projet qui engage, indirectement, la dette future de la Guinée.

Depuis, le businessman franco-guinéen s’affaire dans les antichambres de la République française. Il toque aux portes de l’Élysée, démarche le ministère des Finances, cherche à convaincre Emmanuel Macron d’endosser une garantie souveraine pour soutenir un projet estimé à près de 15 milliards d’euros. Une somme vertigineuse pour un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Mais à Paris, le silence domine : Macron serait réticent. Et pour cause : la manœuvre sent le piège diplomatique et le fardeau financier.

Fadi Wazni multiplie les rendez-vous à Paris. Il sollicite le Trésor français, espérant que Bpifrance ou l’Agence des garanties à l’export acceptent de couvrir une partie des risques liés à son usine. En clair : si le projet échoue, ce serait la France et donc le contribuable français qui paierait.

Mais , le scepticisme grandit. Les conseillers économiques de Emmanuel Macron s’inquiètent du profil du promoteur, de la fragilité du régime guinéen, et du manque de transparence dans les flux financiers. Derrière les discours d’industrialisation se dessine un montage néocolonial : argent européen, profits privés, dettes publiques africaines.

Ce que Fadi Wazni présente comme une “industrialisation” ressemble de plus en plus à une opération d’endettement masquée. Car derrière le discours de modernisation se cache une dépendance totale aux capitaux étrangers. Lorsque le financement, les garanties et même la logistique sont pilotés par un État tiers – ici, la France – la souveraineté économique s’efface. Les décisions stratégiques, les flux financiers et les priorités nationales échappent à la Guinée.

Et si le projet venait à échouer ?

Les conséquences seraient dramatiques. Dans un schéma classique de “sovereign back-stop”, l’État guinéen deviendrait responsable des engagements pris, y compris des remboursements. Une garantie déguisée qui pourrait plonger le pays dans un marasme d’endettement mortel, sans bénéfice réel pour ses citoyens.

L’ombre du néocolonialisme industriel signe son retour en Guinée . Dans ce modèle importé, la Guinée livre ses ressources, offre son territoire, et assume les risques. Les investisseurs, eux, rapatrient les bénéfices. Le projet Wazni n’échappe pas à cette logique :
• La valeur ajoutée locale resterait marginale, limitée à quelques emplois subalternes et à des infrastructures périphériques.
• Les technologies et profits seraient contrôlés par les bailleurs étrangers.
• Les actifs stratégiques, du minerai aux installations portuaires, passeraient sous influence externe.

Sous couvert de coopération, la France serait en passe de redevenir garant des ambitions d’un oligarque africain dont les opérations passées – du port de Kamsar à la saga Simandou – ont souvent rimé avec concentration des profits et opacité des flux.

Une illusion de développement, un piège financier.

 

Le projet de raffinerie d’alumine devait symboliser la montée en puissance industrielle de la Guinée. Il risque désormais d’en devenir le fardeau.

Le schéma est limpide : la France se porterait garante, Fadi Wazni piloterait, Doumbouya signerait, et le peuple paierait la facture.

La boucle serait ainsi bouclée : l’indépendance économique confisquée, la dette alourdie, et la souveraineté livrée aux marchés.

Si le projet venait à être validé par Paris, il marquerait non pas la renaissance industrielle de la Guinée, mais la renaissance d’un néocolonialisme économique, où la garantie souveraine d’un État étranger servirait de caution à l’endettement d’un peuple sans voix.

Pourquoi dormir dans les couloirs de l’Élysée quand cent jeunes Guinéens peuvent réveiller l’économie de leur pays ?

Si c’est pour confier nos projets d’or, de bauxite et d’aluminium à des démarcheurs épuisés, contraints de quémander des garanties dans les couloirs de l’Élysée, alors autant confier cette mission à cent jeunes financiers guinéens, formés, audacieux et capables de lever les fonds nécessaires sans se soumettre à la charité néocoloniale.

Ce n’est pas le génie qui manque à la Guinée, c’est la confiance.

Ce ne sont pas les ressources qui manquent, c’est la volonté politique de les placer entre les mains de ceux qui n’ont pas peur de rêver local, d’innover africain et d’investir national.

L’avenir de notre aluminium ne doit pas se négocier dans les salons feutrés de Paris, mais dans les laboratoires d’idées, les incubateurs et les banques citoyennes de Conakry. C’est là que se trouvent les cerveaux, les bras et la foi.

Le véritable patriotisme économique commence le jour où l’on décide que nos ressources ne se négocient plus à l’étranger, mais qu’elles se bâtissent ici, par nous, pour nous.

Alors, à quoi bon quémander l’appui d’un État étranger quand une génération entière de jeunes financiers, ingénieurs et économistes guinéens peut mobiliser les capitaux, concevoir les stratégies et ériger l’aluminium guinéen en modèle d’indépendance industrielle ?

L’histoire nous regarde.

Elle ne retiendra pas ceux qui ont dormi dans les couloirs de l’Élysée, mais ceux qui auront réveillé la Guinée.

Par Siba Béavogui 

In.

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