Scandale de falsification de décrets au ministère des P.T. et de l’E.N : faux en écriture publique.
Le 25 janvier 2023, le décret N° 0037 portant nomination de hauts cadres au ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie Numérique (P.T. et de l’E.N ) a été lu sur les ondes de la RTG.
Alors que le décret enregistré au Secrétariat Général du Gouvernement (Direction de la législation) comportait trois noms, l’annonce de la RTG n’a curieusement fait état que de deux nominations.
Face à l’incompréhension de quelques fonctionnaires ayant découvert la contradiction entre l’acte officiel et l’annonce faite par la RTG, les services du ministre Ousmane Gaoual Diallo semblent avoir opté pour la création d’un faux en écriture publique.
En effet, comme par hasard, un deuxième décret portant le même numéro (0037) et la même date que le premier (25 janvier 2023) avec une signature attribuée au Colonel Mamadi Doumbouya refait surface.
La Guinée est assurément un pays singulier à tout point de vue ; un pays de tous les paradoxes. À bien y réfléchir, l’on est amené à se poser l’inévitable question de savoir si la société guinéenne n’est pas un terreau fertile pour l’émergence et la promotion d’individus de petites vertus et qui, péché suprême, parviennent à se hisser haut pour gérer des affaires publiques.
C’est sans doute l’une des causes de l’échec de tous les régimes dans leur volonté plusieurs fois affirmée de réformer la Guinée en la débarrassant de ce système mafieux qui a toujours entouré les différents Présidents.
La présence de ce même système à ce niveau constitue indubitablement la preuve de l’échec pour faire de la Guinée un pays où la vertu prend le dessous sur le vice.
De toute évidence, un des deux documents constitue un faux qui jette le discrédit tant sur Ousmane Gaoual que sur le régime de transition qui se vante pourtant de refondation et de gouvernance vertueuse.
C’est une autre supercherie et une humiliation que subissent les Guinéens alors qu’on les croyait désormais à l’abri de ce genre de pratiques étatiques.
Pour sauver la face, le président de la junte, le colonel Mamadi Doumbouya, devrait faire preuve de responsabilité et diligenter une enquête crédible pour y voir clair.
La gouvernance prétendument vertueuse des putschistes n’est que de façade puisqu’à l’heure actuelle, il est impossible de connaitre le nombre de faux décrets qui circulent dans la haute administration nationale.
Ce qui est dangereux, c’est ce qui vient de se passer. Comme le disait l’ancien bâtonnier Mohamed Traoré, « qui vole un œuf volera un bœuf ». Ce n’est pas la première fois. Il y a cette habitude souvent à falsifier même les lois ordinaires qui sont déjà votées par le parlement.
Là aujourd’hui, on s’est attaqué à un décret, qu’on vient de falsifier, ce qui est une infraction. C’est du faux en écriture publique, prévu et puni par les dispositions des articles 585 et suivants du code pénal. Puisque cette loi est censée, tant qu’elle existe, s’appliquer à tout le monde, tout citoyen qui estime avoir intérêt à l’attaquer peut saisir les cours et tribunaux pour faux en écriture publique. Il faut bien que cela cesse. Il faut que les auteurs qui font de ces pratiques leur sport préféré répondent de leur forfaiture.
Ces agissements posent encore une fois la nécessité pour les Guinéens de s’interroger sur ce qu’ils veulent pour eux-mêmes et souhaitent léguer à leurs enfants et petits-enfants. Un pays où n’importe qui peut s’octroyer le titre d’homme d’État s’éloigne totalement et dangereusement d’une société fondée sur de saines valeurs et compromet dangereusement les générations futures.