Contre La sansure

Sorel, tu bossais bien avec le CTG, mais avec le CNT, tu fais partie des bloqueurs

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Mon cher Sorel Keïta,

Le président du CNT, Dr. Dansa Kourouma avait annoncé la publication de l’avant-projet de la nouvelle constitution pour septembre dernier. Quelques semaines plus tard, le président de la Commission de rédaction de cette constitution de mai 2010, Mohamed Ali Thiam, magistrat à la retraite, membre du CNT de 2010, qui avait rédigé ladite constitution informait que l’avant-projet de la nouvelle loi fondamentale sera publié en novembre 2023, c’est-à-dire dans quelques jours, quelques semaines, car nous sommes à la fin octobre 2023.

La seule fois que nous nous sommes rencontrés c’était en janvier 2022, quelques temps avant ta nomination au Conseil national de la transition, où tu es devenu Président de la Commission des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger qui, je voudrais le souligner, ont été contraints de s’exiler pour des raisons politiques (c’est mon cas depuis juillet 1977) ou économiques.

A la création du CTG, tu sais très bien comment nous avons été alliés dans le combat contre la dictature instaurée par le régime d’Alpha Condé, un compagnon de lutte des régimes précédents. Tu bossais bien avec le CTG, mais avec le CNT, tu fais partie des bloqueurs. Écrire une constitution n’est pas compliquée pour des juristes, pour des intellectuels… pour de vrais patriotes soucieux du devenir de leur pays surtout lorsque certains des principaux dirigeants du CNT (Dr. Dansa Kourouma et Mohamed Ali Thiam) ont été de principaux membres des rédacteurs de la constitution que l’ex président Alpha Condé a violée en mars 2020,

Mon cher Sorel Keïta

Je ne sais pourquoi un autre acteur majeur de la transition du CNDD 2010, Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier, membre de la commission Constitution, lois et organisation judiciaire du CNT actuel, a été écartée du groupe de rédaction de la nouvelle constitution. Celui-ci, de mon point de vue et de celui de nombre d’autres patriotes, est mieux placé que plusieurs juristes et autres intellectuels guinéens pour contribuer à la rédaction d’une constitution qui nous ressemble et qui peut nous rassembler.

Le Sorel du CTG que j’ai admiré, tout en ne le connaissant pas du tout, est différent du Sorel du CNT mis en place par le CNRD, qui soutient dans guineematin (*)  » Parlant du bilan du CNRD, il faut mentionner la rupture avec l’ordre ancien. Il faut le reconnaître, c’était un ordre dictatorial, un ordre basé sur la violence et un ordre dans lequel le Guinéen était dans une prison à ciel ouvert. Et la mal gouvernance, la gabegie financière et la violence exercée par le régime empêchaient au Guinéen de voir le bout du tunnel.

Alpha Condé et ses amis et homologues Sassou Nguesso (Congo) et Mahamadou Issoufou (Niger) à l’inauguration de Kaléta. Qu’on le reconnaisse ou non, ce n’est pas le CNRD qui a fait les barrages et routes, mais bien le régime d’Alpha Condé qui aurait peut-être mis en meilleure position le pays aujourd’hui.

 

« Le 2ème acquis, mais s’il y a des choses à faire, puisque le tout n’est pas parfait, il y a une espèce de pacification générale, des actes qui ont été posés en termes d’infrastructures avec la construction des routes, des ouvrages de franchissement, l’extension de l’aéroport, l’amélioration de la fourniture en électricité et d’eau (même si le programme a été porté par l’ancien Président Alpha Condé). Il y a également le processus du retour à l’ordre constitutionnel avec la mise en place des organes de la transition, et ce travail formidable du CNT. D’ailleurs je peux vous le confirmer, le travail sur l’avant-projet de la Constitution, qui est l’une des missions du CNT, est fini. De manière générale, le CNRD a réussi à inculquer dans l’esprit des dirigeants, la culture de la redevabilité avec la mise en place de la CRIEF (la Cour de répression des infractions économiques et financières). Dans le passé on était en pleine impunité face à certains actes de corruption ou de détournements des deniers publics. Aujourd’hui, l’existence de la CRIEF amène les responsables et hauts cadres de l’Etat à faire très attention dans la gestion des biens publics. On a désormais cette gouvernance par l’exemplarité. Évidemment, il y a beaucoup d’autres choses à faire. Pour y arriver, l’engagement de tous et chacun est indispensable. C’est notamment la consolidation de la paix, le renforcement de l’unité nationale et la solidification de la cohésion sociale. Sur ce chantier, l’apport de chaque citoyen est indispensable pour la préservation du patrimoine commun. »

Mon cher Sorel Keïta

La Guinée du CNRD est pire que celle d’Alpha Condé et de tous les autres régimes en commençant par celle de Sékou Touré. Elle avait toutes les chances de se relever si Colonel Doumbouya et ses camarades étaient restés dans l’esprit de leurs engagements, notamment  de faire de la Justice la boussole de leur gouvernance. Elle avait toutes les chances de se relever si Colonel Doumbouya et ses camarades étaient dans l’esprit de respecter le chronogramme qu’ils ont convenu avec la Cedeao, représentante de la communauté internationale qui aide le pays.

J’espère que votre projet de constitution sera publié avant fin novembre prochain, c’est-à-dire dans quelques jours et semaines. Il est probablement trop tard de vous rappeler des suggestions faites par guinafnews.org dans le but d’avoir une constitution qui favorise l’alternance, l’unité nationale et la décentralisation. Nous avons suggéré une mise à jour de la constitution de 2010

1. Pour la Présidence de la République, nous avons estimé qu’un mandat unique de 7 ans, donc non renouvelable, permet l’alternance. En 7 ans, un bâtisseur peut réaliser beaucoup de projets. Au Sénégal, Abdoulaye Wade l’a fait. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a hérité d’un pays déchiré par près 10 années de guerre. En 7 années, il a remis le pays en marche.

Il faudrait créer le poste de vice-président, élu en même temps que le Chef de l’État. Lui sera éligible et sera mieux placé pour continuer les projets en cours. Mais il ne doit pas être de la même communauté (ethnie) ou région que le président.

2.  Pour l’Assemblée nationale, il faudrait que les membres sur la liste nationale soient élus le même jour que le président et le vice-président. Que les députés uninominaux soient élus en même temps que les conseillers régionaux, communaux, de districts et de quartiers (secteurs dans les cas nécessaires) sur une liste de chaque parti ou coalition de partis), au moins trois mois avant l’élection nation nationale (Présidence et Députés liste nationale).

Le président de l’Assemblée nationale ne devrait pas être de la même communauté et de la même région que les président et vice président de la République. 

3. Pour la composition de l’organe de gestion des élections, guinafnews.org souhaiterait que les membres soient issus d’élections de la base au sommet. Que chaque quartier ou secteur ait 5 membres dont l’un doit représenter au niveau de la Commission électorale du District (sous-préfecture). La Commission électorale préfectorale sera composée de 2 membres désignés par les représentants des districts. Les membres de la Commission régionale seront désignés deux représentants des commissions préfectorales. Chacune des régions désignera deux représentants qui seront membres de la Commission électorale nationale indépendante.

Le texte commence à s’allonger. Je reviendrai sur le sujet pour plaider auprès du ministère de l’Administration territoriale en faveur d’un redécoupage administratif (nouvelles régions) et électoral. En même temps défendre la possibilité de participation des membres du CNRD, du CNT et du gouvernement aux élections, dans le cas où vous n’organiseriez pas les élections inclusives conformément à l’accord signé avec la Cedeao, au motif que le financement nécessaire n’est pas accordé.

Ibrahima Sory BALDÉ

(*) https://guineematin.com/2023/09/04/sorel-keita-sur-lan-2-du-cnrd-des-actes-ont-ete-poses-lavant-projet-de-constitution-est-acheve/

 

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