Contre La sansure

Suspension de Bakary Keita: Le pêché d’un excès de confiance ou le prix de l’insubordination ?

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Le Directeur du Centre National de Surveillance de Pêche, CNSP, a été cueilli à froid par son acte de suspension,  signé de sa ministre de tutelle. Il croyait qu’elle n’irait jamais aussi loin avec lui, résignée à le subir, hésitante à sévir lorsqu’il s’agit de lui, prince du ministère.

Bakary Keita est porté à défier l’autorité de sa ministre ou à piétiner ses prérogatives, parce qu’il considère qu’il ne relève d’elle qu’en théorie, lui, qui a ses tentacules dans le système et bénéficie d’une immunité politique inviolable.

Le directeur suspendu, dépité, se précipite à donner des explications qui le disculpent,  comme s’il avait peur qu’on ne se limite pas au seul incident de son absence à la rencontre avec le Premier ministre pour expliquer ses malheurs du moment.

L’on dit à ce propos que Bakary Keita n’était pas le seul directeur à se faire représenter même si à la différence des autres, qui pourraient être en déplacement à l’étranger, lui, est bel et bien sur place, fidèle au poste.  Il a juste estimé qu’il a d’autres priorités plus importantes que d’assister à une évaluation de son ministère sous la présidence du Premier ministre, chef du gouvernement, en présence de sa ministre.

Il invoque la visite d’une délégation russe pour justifier son absence à la réunion du cabinet de la Pêche avec le Premier ministre. Une circonstance qu’on juge atténuante alors que c’est là réside justement la faute lourde, à savoir, le mépris pour les autorités de son pays dont il tire pourtant statut privilégié de directeur, a reçu également, mandat.  Qui peut imaginer que dans un pays surtout comme la Russie,  autoritaire, scrupuleusement, respectueuse de ses institutions et soumise à ses dirigeants, qu’on privilégie des discussions avec des partenaires à une rencontre avec les décideurs politiques ? On exige des autres qu’ils respectent nos autorités à tous les niveaux pendant qu’on leur montre qu’elles ne comptent pas à nos propres yeux.

A propos du partenariat qu’il prétend sceller avec la partie russe, le Directeur du CNSP, depuis le début, en a fait son dossier personnel.  Si c’était encore dans ses attributions, il aurait une excuse. Mais, jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas le ministre de la Pêche, encore moins le Premier ministre de la République de Guinée pour signer des accords au nom de la Guinée, dans son secteur?  Il n’est pas non plus ministre de l’Économie et des Finances, pour engager financièrement l’Etat  de Guinée.

Bakary Keita a poussé loin le bouchon : il est parti, en Russie, dans les bagages de l’un de ses mentors qui s’y rendait à un sommet pour représenter le Président de la transition, donc, sans la permission de sa ministre, mise devant le fait accompli et impuissante. C’est à cette occasion, qu’il a entrepris des démarches auprès de groupes d’intérêt et d’entités diverses qu’il estime pourraient être intéressés par un partenariat avec le ministère de la Pêche.

Le directeur du CNSP a apposé, à l’issue de toutes les tractations, sa signature sur le protocole d’accord conclu, sans avoir pris la précaution d’informer Charlotte Daffé ou attendre son aval, alors que le document engage le ministère qu’elle dirige et comporte une incidence financière qui l’implique. D’ailleurs, le ministre de l’Économie et des Finances auquel l’accord a été soumis par la suite par Bakary Keita a fait comprendre qu’il doit être introduit et porté par le ministère, seul, compétent à le saisir.

Depuis, le Directeur du CNSP qui a la corde au cou,  limité dans ses pouvoirs par rapport aux engagements souscrits, se démène comme un beau diable pour embarquer dans son bateau sa ministre.  En vain, car Charlotte Daffé, cour-circuitée chaque fois par un directeur qui n’en fait qu’à sa tête et multiplie les actes d’insubordination, préfère se recroqueviller sur elle-même pour ne pas faire de vagues.  Si non, même le courrier que Bakary Keita lui a adressé qu’il exhibe comme preuve de sa bonne foi et de l’injustice dont il serait victime l’accable.

C’est à la ministre d’inviter les hôtes du ministère et à lui le Directeur et à d’autres de les recevoir, selon l’agenda élaboré et validé par son cabinet et non l’inverse dans le mélange des genres et la confusion des rôles inhérents à l’administration publique. Un Directeur, relevant de l’autorité de son chef de département, ne peut, en aucun cas,  lui enjoindre de mobiliser les Directions et Services de sa compétence pour satisfaire ses desideratas. Cela, apparait entre lignes dans la correspondance excusatoire de l’hyper-Directeur.

Avant que la ministre de la Pêche ne soit instruite par le Premier ministre, expressément, de suspendre, sans délais, Bakary Keita, pour l’indiscipline de trop, il y a longtemps qu’elle même, aurait dû le rappeler à l’ordre, si sa main n’avait pas tremblé.

Le Premier ministre qui, lui, n’a pas pardonné l’affront, le seul,  qui lui a été fait de la part de Bakary a remis le bâton à Charlotte pour frapper son directeur qui se croyait si « GROS » et « LOURD » qu’il avait fini par se croire intouchable.

La fin du mythe de l’invulnérabilité ou le signe avant-coureur d’une chute imminente ou encore la disgrâce des puissants soutiens ?

Wait and see !

Mamadou Diouma KANTÉ                                                                                Analyste

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