Tempête à Tana, présidentielle calme à Yaoundé!
Les platines du DJ de Tana se sont tues. C’est le moins qu’on puisse dire alors que nul ne sait si Andry Rajoelina se terre depuis quelques jours, suite à ce qui est qualifié pour l’instant, de mutinerie d’une partie de l’armée. En attendant le ralliement, ou la désolidarisation, des autres corps, c’est l’unité militaire du Capsat qui dicte sa loi au reste de l’armée, et s’imposera, sans doute, dans les heures à venir comme le nouveau siège du pouvoir malgache. Car, le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques a rejoint la rue dans son combat pour chasser le président de 51 ans. Ce dernier ne répondait plus aux attentes de populations qui expriment leur ras-le-bol du diktat de la vie chère et d’une jeunesse qui en marre d’être torturée par le chômage.
Le collectif Gen Z, ainsi s’appelle la marrée de manifestants qui se déverse, dans la rue depuis le 25 septembre. Leurs revendications qui avaient pour objets les coupures d’eau et d’électricité a vite glissé vers l’exigence de la démission du président de la république. Acculé, celui-ci a lâché du lest en sacrifiant son Premier ministre pour un ancien général qui avait pour mission de ramener le calme sur la Grande Île, avec sans doute un œil sur l’armée. Une erreur qui, pour le moment en tout cas, semble fatale à Andry Rajoelina, car après avoir obtenu la main, c’est le bras qui a été coupé en la personne du président du Sénat et c’est tout le corps que la rue réclame désormais. Le schéma classique a été classique. Partir d’une revendication populaire, pour en arriver à une autre souvent plus personnelle.
Pour ne rien arranger pour celui qui est sur le point de devenir l’ancien président de Madagascar, les syndicats et les opposants dont Marc Ravalomana que l’actuel président avait renversé en 2009, avant de le battre à l’élection présidentielle de 2018. Comme si l’histoire se répétait, c’est la même armée qui avait donné le pouvoir à Andry Rajoelina, suite à des manifestations, qui est en train de le lui retirer…suite à des manifestations. Certes, la situation est encore quelque peu confuse, mais les mutins du Capsat qui se sont rangés derrière les manifestants, ont déjà nommé un nouveau chef d’Etat-major reconnu par le ministre malgache de la Défense qui lui a donné son onction. Sauf tsunami, le pouvoir de Andry Rajoelina se conjuguera au passé dans les prochaines heures, le temps pour les mutins de s’accorder sur la personne du nouveau patron de Madagascar. Surtout que les rats ont commencé à fuir le bateau, à l’instar de l’ex Premier ministre Christian Ntsay et du puissant mais contesté homme d’affaires, Mamy Ravatomanga, qui pourraient bien se trouver à Maurice où ils auraient atterri à bord d’un jet privé.
Visiblement, les carottes sont cuites pour Andry Rajoelina, 51 ans, alors qu’a des milliers de kilomètres d’Antananarivo, un nouveau printemps est en train de se préparer pour la 8e fois consécutive pour un autre président. L’élection présidentielle de ce dimanche 12 octobre 2025, qui a commencé et fermé ses bureaux de vote dans le calme, n’est certainement pas, celle qui renverra le président camerounais du Palais d’Etoudi. Lui, Paul Biya, puisque c’est de lui qu’il s’agit, malgré ses 92 ans et plus de 40 ans au pouvoir, se déclare toujours une «forme olympique» à la veille de chaque scrutin présidentiel. Candidat naturel du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le président de la république du Cameroun, encore en route pour sa propre succession, représente, lui, l’avenir du Cameroun, à en croire son programme électoral, et même une partie de la jeunesse. Il vaincra certes sans péril et triomphera sûrement sans gloire, mais sa victoire, elle, ne fait aucun doute. Le système en place, même s’il connaît des fissures qui pourraient, très vite, devenir béantes, est solidement en place. Les clans qui se regardent et s’épient chacun, se livreront, c’est un secret de polichinelle, au moment venu, une guerre fratricide ouverte. Mais pour le moment, tous portent Paul Biya, vers une énième victoire, dans le but de continuer à régner sans partage et avec tous les privilèges, surtout ceux indus, qui vont avec un pouvoir qui s’enkyste et se fossilise.
En attendant les résultats et le taux de participation officiels, mais pas forcément ceux qui reflètent les véritables votes, les lieutenants de Paul Biya préparent déjà une victoire obtenue par «une élection démocratique et ouverte»! Pourtant, le principal opposant, Maurice Kamto, pour ne pas le nommer, a été mis hors-jeu, avant même le début du match.
Par Wakat Séra

Source: https://www.wakatsera.com/tempete-a-tana-presidentielle-calme-a-yaounde/
