Transition Guinéenne: Le navire CNRD face à la tempête ! (Par Marouane)
Depuis le 05 septembre 2021, la République fait dans un véritable saut dans l’inconnu. Malgré la forte adhésion populaire dans les heures qui ont suivi le putsch contre le vieux renard Alpha Condé, le cap avec les nouveaux maitres du pays se voile.
La seule certitude est l’impuissance du Guinéen. Hypocrite et nonchalant, le Guinéen s’est accoutumé à suivre et à obéïr à tout chef, même celui qu’on sait incapable. Le Guinéen a appris à craindre et à se soumettre à son chef plus qu’à Dieu, son créateur.
Comme un résigné condamné pour l’éternité, rien ne le blesse. Prive-le d’eau, de courant ou autre, c’est un pieux désigné pour traverser tous les suplices sur terre. Comme un chemin de croix, sa vie est une juxtaposition de douleurs. Aucun dirigeant n’est coupable. C’est Dieu, le tout-désigné. Le courant, les routes, la démocratie, le progrès, le pouvoir, c’est Dieu qui donne. Et c’est lui qui empêche, comme Dieu est un ouvrier.
Lorsque l’avenir du Guinéen est compromis par la gouvernance de son chef, au lieu de changer de chef, il « change » de pays par ses pieds en migrant et en mourant dans la chaleur du désert et dans l’eau sale, noire et opaque de la Méditerranée.
Lorsque le jeune Guinéen reste au pays, il s’accommode de la médiocrité, vante les louanges de son chef qui a volé son argent et son avenir. Pour le prix d’un café et d’un « lafidi » le matin et d’un « tami, anoun togué et djidjan » le soir, il ment, insulte, défend bec et ongles son « grand », le petit parmi les voleurs de la République.
Lorsqu’un trou de la route de son quartier est bouché par le ministère des Trous Publics (MTP), il s’émerveille. Lorsqu’on gaspille son argent dans des futilités dépensières comme le « branding national », « miss mathématiques » et le logo de la RTG, il s’extasie sur ces futilités. Mais le progrès du Sénégal ne le choque pas, les victoires répétitives en football de ce pays de « sable » ne le dérange pas. Le développement de la Côte d’Ivoire avec ses autoroutes, ses stades et ses ponts et bientôt le métro ne le dit absolument rien. La stabilité démocratique du Ghana n’est pas sa tasse de café.
Près de 20 mois après son accession au pouvoir par les armes, le CNRD dirige le pays sans programme. Son chronogramme n’est pas à rappeler, car comme l’Autriche, il ne veut pas savoir le temps qui lui reste.
Sa gouvernance, c’est une navigation à la godille, un hasard avec ses mille tâtons avec des ministres et des cadres, chômeurs en occident et hauts fonctionnaires en Guinée. Pourtant, la République n’est ni pour le stage, ni pour l’apprentissage, encore moins pour les anciens gardiens de magasin et de supermarché.
Pour cacher ses imperfections, il règne par la terreur, l’intimidation, l’injustice et la prison. Même un territoire conquis par une armée de mercenaires ne peut connaitre pire. C’est d’ailleurs tout le pays qui est devenu une prison à ciel ouvert. Hier c’était les dénonciations et les dépositions nocturnes de la « voix de la révolution », maintenant c’est les « injonctions pour des fins de poursuites » et les procès radiodiffusés.
La transition se porte mal. Le pays est bloqué et le CNRD a atteint toutes ses limites. Le navire CNRD tangue sans possibilité de sauvetage pour l’équipage qui a, dès les tout premiers jours perdu le contrôle du gouvernail.
La machine CNRD est grippée, sa boussole déboussolée. C’est le péché d’orgueil, la monnaie de l’arrogance et karma de l’ignorance qui rattrapent. Car, si les armes permettent de prendre le pouvoir, on ne gouverne pas avec. Il reste au CNRD une seule chose à faire : faire amende honorable en donnant le véhicule « Guinée » aux chauffeurs et retourner à l’arrière pour regarder comment un véhicule se pilote.
C’est pour le bien de tous…
Wassalam !
Par Habib Marouane CAMARA
Éditorialiste
In. https://lerevelateur224.com/2023/04/06/transition-guineenne-le-navire-cnrd-face-a-la-tempete-par-marouane/