Contre La sansure

Transition: « Le peuple de Guinée doit prendre son destin en main… » (Dian Diallo, FNDC Canada)

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A quelques jours de la fin de la transition prévue théoriquement le 31 décembre 2024, notre rédaction a tendu son micro à un activiste de la Société civile guinéenne pour analyser la situation socio-politique de notre pays, notamment les récents événements de N’Zérékoré, la conduite de la transition et les activités du FNDC.

Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, Dian Diallo, le nouveau Coordinateur du FNDC Canada, estime que le peuple de Guinée est pris en otage depuis le 5 septembre 2021 par le CNRD, un clan qui veut se maintenir au pouvoir en tout illégitimité. A ce stade, poursuit l’activiste de la Société civile,  il reviendra au peuple de Guinée de prendre son destin en main pour mettre fin à ce régime de transition.

Lisez la première partie de l’interview

Guinafnews.org : En tant qu’acteur de la Société civile, quels sont les sentiments que vous avez ressentis après la tragédie du stade de N’Zérékoré qui a coûté la vie à des dizaines de nos compatriotes ?

Je commencerai par présenter mes condoléances au peuple de Guinée, à nos frères de la Guinée forestière particulièrement, surtout au bas peuple.

Concernant ce drame de N’Zérékoré, il y a des questions qu’il faut se poser. La première question, pourquoi ils ont disqualifié l’équipe de Kankan en faveur de l’équipe de N’Zérékoré et l’équipe de Kindia en faveur de celle de Labé.

Est-ce que vous avez des preuves de vos allégations sur la disqualification de ces équipes dont vous faites allusion ?

Vous prenez par exemple la page de Zalyinfo, c’est une page qui est crédible qui relate tous les faits de la région forestière. Sur cette page, ils font fait part de la disqualification de l’équipe de Kindia en faveur de celle de Labé et l’équipe de Kankan en faveur de celle de N’Zérékoré.

C’est là où il faut se poser des questions. Il y a des non-dits dans ces événements et j’accuse le gouvernement d’être responsable de cette tragédie.

C’était quand même un tournoi doté du trophée Général Mamadi Doumbouya. Ce n’est pas un affrontement entre pro et anti CNRD, mais plutôt un débordement qui a tourné au drame

Ce qu’il faut essayer de savoir, ce que dans notre pays, on n’a pas besoin de lire le livre de Machiavel pour comprendre comment est ce que les gouvernants font pour diviser ce peuple pour mieux régner .Nous, on les appelle, le système. Le drame du 1er décembre 2024 au stade 3 Avril de N’Zérékoré, pour nous, ça été prémédité. Si vous avez suivi le procès du 28 septembre que je n’accorde aucun crédit d’ailleurs, le Capitaine Moussa Dadis Camara criait sur le complot.

Le 28 septembre 2009 au stade du même nom, j’étais là. Mais la présence des Donzos, on n’en a pas suffisamment parlé dans ce procès. Moi personnellement,  j’en ai vu et il y a beaucoup d’amis qui avaient aperçu des Donzos, mais qui refusent de témoigner parce qu’ils n’ont pas confiance à la justice.

Donc si on vous dit aujourd’hui qu’il y a des zones d’ombres qui n’ont pas été éclairées, il faut s’interroger le pourquoi la disqualification de ces deux équipes. Et pourquoi aujourd’hui ils sont en train de changer de nom en disant que ce n’est plus le tournoi doté du Général Mamadi Doumbouya. Le Premier ministre veut juste noyer le poisson. Donc, il y a des zones d’ombres et le seul responsable de cette tragédie c’est Mamadi Doumbouya.

Le bilan du drame reste encore controversé. Qu’est ce que vous en savez plus en tant qu’acteur de la Société civile ?

D’après le bilan établi par la diaspora forestière, c’est plus de 300 morts, contrairement à celui du gouvernement qui parle de 56 morts et la Société civile de la région forestière fait état de 135 morts et une cinquantaine de portés disparus.

Vous n’êtes pas sans savoir que le massacre de Womey l’Etat avait fait un bilan d’une centaine de morts et pourtant ce qui était réel, c’était plus que ça.

Si la diaspora forestière vous dit que c’est plus de 300 morts, moi je m’en tiens à cette version parce que la diaspora forestière, ils ont des frères en Forêt, ils ont des familles en forêt, ils siègent aussi en forêt. Vous savez lors des manifestations sous le régime du CNRD ou d’Alpha Condé, à chaque fois que nous la Société Civile, le FNDC et autre nous donnons le bilan de 10 ou de 15 personnes tuées, le gouvernement vient à la RTG dire, voilà c’est 5 personnes. S’ils vous disent que c’est 56, je pense qu’il faut multiplier ce chiffre par 3.

Moins de morts arrangeraient plus le gouvernement. Mais plus de morts, ça joue en leur désavantage, c’est pourquoi ils vont mentir, ça été d’ailleurs le cas du CNDD du Capitaine Moussa Dadis Camara lors du massacre du 28 septembre 2009.

On vous a vu récemment sur la toile, le FNDC Canada a mobilisé ses partisans pour empêcher une rencontre entre une délégation du gouvernement guinéen conduite le Ministre de la Fonction publique, et la communauté guinéenne de Canada, ici à Montréal. Que s’est-il passé concrètement ?

Vous savez, le système n’est pas seul. Le système travaille toujours avec les collaborateurs. Il y a des petits collaborateurs dans beaucoup de pays aujourd’hui où ils vont vous dire, le Haut Conseil des guinéens de Canada, du Sénégal et autres. Et le gouvernement guinéen est en complicité avec ces guinéens qui sont dans des différentes associations qui collaborent avec le gouvernement et qui les aident à faire le sale boulot. Ceux qui ont organisé la rencontre, c’est l’association des guinéens du Canada dirigé par Mody Macka Barry, qui vient d’ailleurs de démissionner parce qu’il n’a pas pu s’en passer du coup. Ce qui s’est réellement passé, nous, nous avons procédé à une manifestation pacifique, sans violence ni verbale, ni physique. Nous avons dit, au Canada, la propagande ne marche pas. C’est dans ces altercations entre nous et ces collaborateurs du gouvernement, qu’ils ont décidé de dire au ministre de ne pas venir. Et tout a commencé lorsqu’on a demandé d’observer une minute de silence à la mémoire des guinéens qui ont été assassinés par le régime de Mamadi Doumbouya. Mais pour eux, il ne fallait pas faire parce que si tu le fais, tu te désolidarise de ce que Mamadi Doumbouya est en train de faire aujourd’hui avec son gouvernement.

Après plusieurs tractations, l’imam a essayé d’intervenir et on avait aussi des imams parmi nous, des imams d’anti-système et on a rappelé à  l’imam qu’il fallait être du côté de la vérité. Et comme l’imam a vu la vérité, il a décidé de quitter la salle.

En définitive, la rencontre n’a pas eu lieu et nous avons fait en sorte que ça soit annulé. Par après, il est parti en catimini en Québec  city pour corrompre quelques jeunes étudiants et il a essayé de faire son discours là bas. Ici au Canada, il n’y aura pas de propagande, ça ne marchera pas.

Depuis la disparition de Foniké Mengué et Billo Bah, en Guinée on sent une certaine méfiance des membres du FNDC qui ont la peur au ventre. Qu’en est-il exactement ?

Je ne partage pas cet avis. Vous savez, le FNDC est un état d’esprit.  Tout guinéen, épris de paix et de justice, conscient, soucieux de l’avenir du pays est un membre du FNDC. Il y a des gens aujourd’hui qui collaborent avec le gouvernement, mais à un moment donné,  ils sont conscients, ils se disent, il faut protéger ce peuple là. Vous savez, le FNDC est dans l’optique de la défense de la Constitution. Mais le FNDC lequel nous pilotons aujourd’hui, est dans l’optique, en gardant le même nom, le FNDC pour le départ du CNRD. Aujourd’hui, nous exigeons le départ de Mamadi Doumbouya.

Dire que le FNDC est lettre morte aujourd’hui du côté de Conakry, d’une part, vous avez raison. Mais ce n’est pas une lettre morte parce que vous savez le peuple c’est un volcan qui dort et le jour où le peuple va se réveiller, Mamadi ne passera pas une seule journée à la tête du pays. Et je vous promets que ça va se faire et c’est pour bientôt.

Nous sommes à quelques jours de la fin de la transition qui s’achève théoriquement le 31 décembre 2024. A date, nous sommes à la vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Les Forces vives de Guinée aux quelles vous appartenez,  disent ne plus reconnaitre le CNRD au delà de cette date. Qu’est ce qu’on peut s’attendre après cette date ?

Nous savons tous que ce sont des copains qui se sont réunis au sein du CNT pour imposer un soi-disant Constitution au peuple de Guinée. Dansa Kourouma, que nous connaissons, un fervent défenseur du 3ème mandat d’Alpha Condé  n’est pas élu, il est nommé par Doumouya pour faire le sale boulot. Il faut en parler parce qu’on parle de la République et la Constitution c’est l’esprit d’un Etat.

Cet avant projet de nouvelle Constitution n’émanant pas du peuple de Guinée mais d’un clan qui veut prendre le pays en otage. Ils sont moins de 100 mille guinéens. La seule différence, ce qu’ils sont armés.

Concernant la fin de la transition, je pense qu’il faut s’attendre à des questions stratégiques. Si les forces vives acceptent de se donner les mains comme il faut et que le bas peuple accepte de répondre, dans les prochains mois, il y aura sans doute le départ du CNRD et la mise en place d’un nouvel organe de transition dirigé par un civil et dont la mission est d’organiser les élections pour un retour à l’ordre constitutionnel.

A suivre la suite…

Entretien réalisé par Abdoul Wahab Barry

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