Une meilleure utilisation des vaccins pourrait réduire l’utilisation d’antibiotiques de 2,5 milliards de doses par an, selon l’OMS
Une augmentation des investissements dans les vaccins permettrait d’éviter des décès dus à la résistance aux antimicrobiens (RAM), de réduire l’usage des antibiotiques et de réaliser des économies dans le traitement des infections résistantes
« La lutte contre la résistance aux antimicrobiens commence par la prévention des infections et, dans ce domaine, les vaccins sont parmi les outils les plus efficaces », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Mieux vaut prévenir que guérir : si l’on veut sauver des vies et rompre la spirale de la RAM, il faut absolument amplifier l’accès aux vaccins existants et en mettre au point de nouveaux contre les maladies graves comme la tuberculose. »
Les vaccins sont essentiels pour prévenir l’infection
Les personnes vaccinées présentent moins d’infections et sont protégées contre les complications potentielles des infections secondaires qui peuvent nécessiter des médicaments antimicrobiens ou entraîner une admission à l’hôpital. Le rapport présente une analyse de l’impact des vaccins déjà homologués ainsi que des vaccins à divers stades de mise au point.
Chaque année :
- les vaccins contre Streptococcus pneumoniae pourraient permettre d’économiser 33 millions de doses d’antibiotiques si l’objectif du Programme pour la vaccination à l’horizon 2030 tendant à vacciner 90 % des enfants du monde et des adultes concernés était atteint ;
- ceux contre la fièvre typhoïde, d’économiser 45 millions de doses d’antibiotiques, si on accélérait leur introduction dans les pays à forte charge de morbidité ;
- ceux contre le paludisme à Plasmodium falciparum, d’économiser jusqu’à 25 millions de doses d’antibiotiques (ceux-ci étant souvent utilisés à mauvais escient contre cette maladie) ;
- ceux contre la tuberculose, d’économiser entre 1,2 et 1,9 milliard de doses d’antibiotiques – ce qui représente une part importante des 11,3 milliards de doses utilisées chaque année contre les maladies couvertes dans ce rapport et aurait donc les plus grandes retombées.
Les vaccins pourraient réduire fortement les coûts économiques majeurs de la RAM
À l’échelle mondiale, les coûts hospitaliers associés au traitement des agents pathogènes résistants évalués dans le rapport seraient de 730 milliards USD par an. Si des vaccins pouvaient être déployés contre tous les agents pathogènes évalués, un tiers des coûts hospitaliers associés à la RAM serait effacé.
Une démarche globale, centrée sur la personne et appliquée à l’ensemble des systèmes de santé est nécessaire pour prévenir, diagnostiquer et traiter les infections. Elle tient dûment compte du fait que la vaccination est essentielle pour prévenir la RAM et qu’elle est particulièrement efficace lorsqu’elle est associée à d’autres interventions.
À la 79e réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la RAM, le 26 septembre, les dirigeants mondiaux ont approuvé une déclaration politique s’engageant en faveur d’un ensemble clairement défini d’objectifs et de mesures à prendre, notamment la réduction de 10 % du nombre de décès humains, estimés à 4,95 millions, associés à la RAM par an d’ici à 2030. La déclaration met l’accent sur des aspects clés, notamment l’importance de l’accès aux vaccins, aux médicaments, aux traitements et aux produits de diagnostic, tout en appelant à la mise en place de mesures d’incitation et de mécanismes de financement afin de stimuler la recherche en santé, l’innovation et le développement multisectoriels en matière de lutte contre la RAM.
Note aux rédactions
Le rapport, intitulé Estimating the impact of vaccines in reducing antimicrobial resistance and antibiotic use (Estimation de l’impact des vaccins sur la réduction de la résistance aux antimicrobiens et de l’utilisation des antibiotiques), présente une évaluation du rôle des vaccins dans la réduction de la RAM et présente aux principales parties prenantes des recommandations pour renforcer l’impact des vaccins sur la RAM. Il évalue 44 vaccins ciblant 24 agents pathogènes : 19 bactéries, quatre virus et un parasite. Les infections peuvent entraîner de multiples syndromes et varier selon les groupes d’âge ; ainsi, dans plusieurs cas, l’impact sur la RAM de plusieurs vaccins a été évalué pour un même agent pathogène.
Les agents pathogènes couverts sont les suivants : Acinetobacter baumannii, Campylobacter jejuni, Clostridioides difficile, Enterococcus faecium, Escherichia coli entérotoxinogène (ETEC), Escherichia coli pathogène extra-intestinal (ExPEC), Streptococcus du groupe A (GAS), Haemophilus influenzae de type B (Hib), Helicobacter pylori, Klebsiella pneumoniae, Mycobacterium tuberculosis, Neisseria gonorrhoeae, Salmonella non typhique, Pseudomonas aeruginosa, Salmonella paratyphique A, Salmonella typhique, Shigella, Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, Plasmodium falciparum (paludisme), grippe, norovirus, rotavirus, virus respiratoire syncytial (RSV).
Une dose journalière définie est la dose d’entretien moyenne présumée par jour pour un antibiotique utilisé pour son indication principale chez l’adulte.
Image de la Une : https://lematin.ma/societe/oms-25-milliards-de-doses-dantibiotiques-evitables-grace-aux-vaccins/246615
