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Violations des droits de l’homme en Guinée: l’ONU interpelle la junte et formule des recommandations

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Alors que la situation des droits de l’homme se dégrade de plus en plus depuis le coup d’Etat du 5 septembre qui avait porté le Général Mamadi Doumbouya au pouvoir, l’ONU interpelle les autorités guinéennes.

Dans un rapport publié récemment, le Haut Commissariat des Nations Unies  aux Droits de l’Homme dénonce les mesures restrictives des libertés publiques et formule des recommandations face aux graves violations des droits de l’homme et les engagements pris par la junte militaire pour un retour à l’ordre constitutionnel.

« Les contestations dans la rue sont restées récurrentes malgré l’interdiction du gouvernement de manifester et occasionnant des cas des morts et des blessés, des restrictions d’accès à l’internet et aux réseaux sociaux, les brouillages des médias, et les arrestations des journalistes ont été enregistrés, occasionnant des frictions entre le pouvoir et les professionnels des médias », regrette le Haut Commissariat des Nations-Unis.

En plus, il y a eu « Deux incidents majeurs à Conakry : l’attaque de la prison de Conakry et l’explosion du plus grand dépôt du carburant. A cela,  ajoute l’ONU qui sollicite l’accès à la justice, la lutte contre l’impunité et le désengorgement des établissements pénitentiaires, « Malgré la mesure de restriction des manifestations sur les lieux publics, le recours aux manifestations publiques, comme moyen de réclamations demeure récurrent en Guinée. Le bureau a enregistré durant la période sous examen au moins 61 cas de revendications de rues d’envergures différentes sur l’étendue du territoire. Toutes ces manifestations ont été dispersées par les éléments des forces de défense et de sécurité au motif qu’elles sont interdites, et ont occasionné des morts et blessés par balles. »

Et pourtant, rappelle l’ONU, ‘’Les restrictions qui touchent les médias traditionnels et les réseaux sociaux, ainsi que l’accès à l’internet affectent gravement les médias et le droit à l’information pour les citoyens, malgré la ferme la volonté exprimée par des autorités de transition à respecter les engagements internationaux pris par la Guinée’’, rappelle-t-on.

La publication de ce rapport intervient dans un contexte sociopolitique marqué par la disparition de deux activistes de la Société Civile, en l’occurrence Oumar Sylla ‘’Foniké Mengué’’ et Billo Bah, deux responsables du FNDC, arrêtés le 09 juillet par des agents des forces de défense et de sécurité et dont on n’a toujours pas de nouvelles.

Après cette disparition forcée de ces deux militants pro-démocraties, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme a exprimé la vive préoccupation de son institution.

Dans un communiqué, Thameen Al-Kheetan note l’extrême inquiétude des Nations-Unies de leur situation en se référant aux rapports qui indiquent que leur arrestation a été effectuée avec violence et sans mandat d’arrêt.

Thameen Al-Kheetan, porte-parole du Bureau des Nations Unies aux droits de l’homme

Il a par ailleurs exhorté les autorités de transition en Guinée à libérer immédiatement et sans condition les deux militants, à moins qu’ils ne soient formellement inculpés conformément aux procédures judiciaires établies, garantissant ainsi leur droit à une défense juridique adéquate.

Une situation devenue préoccupante quant on sait le sort du Général Sadiba Koulibaly, ex-Chef d’Etat major des armées arrêté mi-juin, jugé et condamné à 5 ans de prison ferme avant d’être retrouvé mort quelques jours après dans des circonstances obscures.

Face aux dérives dictatoriales et la nécessité d’œuvrer en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel, le Haut des Nations-Unies formule des recommandations aux autorités guinéennes et à la communauté internationale.

S’agissant de la  communauté internationale, l’institution onusienne  invite les instances internationales à s’investir afin de contribuer dans les efforts de professionnalisation des médias, et la normalisation des relations entre ces derniers et le Gouvernement.

Au Gouvernement guinéen de revoir les mesures de restrictions à l’égard des médias et l’accès à l’internet tout en appliquant les procédures légales existantes.

Enfin, l’ONU demande au gouvernement guinéen d’œuvrer en faveur de l’appui des partenaires, de renforcer les capacités des forces de sécurité en vue d’éviter le recours à la force disproportionnée lors de leurs interventions notamment en matière de maintien d’ordre. Et de diligenter les enquêtes dans des cas de violations en lien avec l’attaque du 4 novembre de la prison de Conakry et les opérations des forces de défense et de sécurité.

Il reste à voir si ces recommandations tomberont dans des bonnes oreilles, quand on sait que le CNRD a perdu toute sa crédibilité à conduire une transition démocratique et apaisée devant permettre le retour du pouvoir aux civils avant le 31 décembre 2024.

Abdoul Wahab Barry

Voici le Rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme

Rapport-trimestriel-OONU-droit-de-lHomme-sur-la-Guinee (1)

 

 

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