Contre La sansure

Il ne faut pas donner à ce procès une coloration « ethnique ou régionale » comme semble vouloir le faire M. Haba

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Dans sa plus récente tribune, Keamou Bogola Haba, Coordinateur National du FNDT, ancien responsable des Communications de l’ANAD de Cellou Dalein Diallo, soutient que : « par principe et pour l’équilibre de la balance du tribunal, il doit être le procès entier des organisateurs et des encadreurs de la manifestation de ce jour, donc le procès des civiles et des militaires en lien avec la manifestation du 28 septembre 2009« .

Puis, il ajoute : « c’est pourquoi, pour compléter le Président du Tribunal et pour que ce procès accomplisse aussi son objectif pédagogique recherché, les acteurs du procès du 28 septembre 2009 doivent tous comprendre que de la même manière que le Procès du 28 septembre 2009 ne doit pas être un procès d’une communauté ou d’une ethnie ou d’une région ou d’une religion contre une autre ou contre toute la nation, il ne doit pas être aussi un procès des civils contre les Forces de Défense et de Sécurité qui, il faut le reconnaitre, dans leur mission régalienne de protection de notre Territoire, de nos vies et de nos biens ont permis à la Guinée de résister et de se protéger contre les agressions extérieures, le narcotrafic, le grand banditisme, les rebellions et les guerres civiles dont ont été victimes le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, le Sénégal dans la Casamance, la Guinée Bissau et le Mali à un moment historique où, la stabilité politique intérieure de la Guinée a été sérieusement entamée par les « agressions rebelles des années 2000 cautionnées par certains leaders politiques guinéens » et l’initiative suicidaire de « 3em mandat imposé au général Lansana Conté et aux guinéens par les partisans du Koudeisme » dont certains sont des acteurs politiques aujourd’hui« .

Pour conclure, il estime : « par conséquent, le Tribunal doit tenir compte de l’impératif du besoin de réformes de nos Forces, du rôle régalien de l’armée guinéenne et maintenant la nécessité de son Unité Sacro-Saint en lien avec la recherche de la manifestation de la vérité sur les évènements malheureux du 28 septembre 2009 dont les mêmes investigateurs ont voulu le reproduire le 28 juillet 2022 en toute impunité. C’est pourquoi, nous demandons aussi aux procureurs de ce Tribunal civil de défendre aussi l’Etat dans ce procès dont son autorité a été bafouée et sa réputation entamée le 28 septembre 2009. Défendre notre armée dans son processus de réformes structurelles, c’est défendre la stabilité durable de notre pays et c’est un devoir citoyen« .

Le coup d’État inutile

Comparé à celui du CNRD du Colonel Doumbouya, le 5 septembre 2021, le coup d’État du CNDD du Capitaine Moussa Dadis Camara était inutile. Le pays était incontestablement otage de différents clans ethniques et militaires qui se battaient pour succéder au Général Lansana Conté, malade. Le Président de l’Assemblée nationale d’alors, Aboubacar Somparé, celui de la Cour suprême, Lamine Sidimé, et le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré n’ont pas osé assumer leurs responsabilités pour faire constater l’inhabilité (maladie) du président de la République et la nécessité d’appliquer les dispositions constitutionnelles.

Colonel Claude Pivi, ministre de la Sécurité présidentielle de Moussa Dadis Camara.

C’est illégalement qu’un groupe de militaires a pris le pouvoir et s’est imposé au reste des troupes militaires et paramilitaires pour créer le CNDD. Puis les escrocs sociopolitiques et d’autres ethniques se sont mis à leur service, en les encourageant à garder le pouvoir illégitimement. Si, comme le dit Keamou Bogola Haba, la « mission régalienne de protection de notre Territoire, de nos vies et de nos biens ont permis à la Guinée de résister et de se protéger contre les agressions extérieures, le narcotrafic, le grand banditisme, les rebellions et les guerres civiles », Moussa Dadis Camara et d’autres n’auraient pas commis leur coup d’État. Ils auraient dû apporter leur soutien au respect de l’ordre constitutionnel. Combien de guinéens ont été tués, blessés, brutalisés, des femmes violées durant les règnes du CNDD de Moussa Dadis Camara et de Sékouba Konaté, sans compter la transmission ethnique du pouvoir, par un complot des forces armées et paramilitaires, à l’occasion d’un deuxième tour présidentiel dont les résultats avaient été préfabriqués ?

Que Colonel Claude Pivi, alias Coplan et commandant Aboubacar Sidiki Diakité, dit ‘Toumba‘, deux très proches collaborateurs du Capitaine Moussa Dadis Camara, informent n’avoir pas connaissance du mode de recrutement des miliciens du camp de Kaleya, qui seraient les tueurs et violeurs du 28 septembre 2009, aurait dû inviter Kéamou Bogola Haba à faire son analyse ethnocentriste et régionaliste. Il aurait dû dénoncer le fait que le système sociopolitique guinéen qui fait que l’Exécutif a toujours eu tendance de remplacer les décideurs en place par des parents (ethniques et région, voire même préfecture) du chef d’État en place.

Quels droits avaient le CNDD d’empêcher des citoyens libres, de toutes les ethnies et régions de Guinée, d’organiser un meeting pour appeler le retour à un ordre constitutionnel normal ? Aucun… Dadis Camara et ses camarades n’ont-ils pas violé les lois guinéennes pour prendre le pouvoir et lui donner une direction ethnique et régionale, comme l’avaient Sékou Touré et dans une moindre mesure Général Lansana Conté ? Lui Keamou Bogola Haba n’était-il pas une des Excellences du CNDD par ce fait ?

Si l’on peut convenir avec M. Bogola Haba que « les acteurs du procès du 28 septembre 2009 doivent tous comprendre que de la même manière que le Procès du 28 septembre 2009 ne doit pas être un procès d’une communauté ou d’une ethnie ou d’une région ou d’une religion contre une autre ou contre toute la nation, il ne doit pas être aussi un procès des civils contre les Forces de Défense et de Sécurité« , l’on devrait l’inviter à réaliser que ce procès est plus contre le système répressif du CNDD, qui a tué, blessé des centaines de guinéens, fait violer des dizaines de guinéennes. Il ne faut pas donner à ce procès une coloration « ethnique ou régionale » comme semble vouloir le faire M. Haba.

Mamadou Alpha BAH (collaboration I. S. BALDÉ)   

 

 

 

 

 

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