Contre La sansure

2024, un grand test démocratique pour l’Afrique

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Ouvertes ou jouées d’avance, de nombreuses consultations électorales, dont neuf présidentielles, sont attendues cette année sur le continent. Tour d’horizon.

Liberia vs Égypte. Deux des trois dernières élections présidentielles de l’année 2023 (avec la RDC) se seront situées aux antipodes du spectre démocratique. D’un côté, une authentique alternance, où le vaincu salue la victoire du vainqueur. De l’autre, un rituel politique formel au service de la perpétuation du pouvoir d’un seul homme. Qu’en sera-t-il en 2024, ailleurs sur le continent ?

Signe d’une certaine pétrification du paysage démocratique, consultations ouvertes et scrutins aux résultats acquis d’avance devraient une nouvelle fois cohabiter. Dans la première catégorie, là où un minimum de suspense est attendu – et quelles que soient les entorses faites au bon déroulement du processus électoral –, le Sénégal, le Ghana et le Mozambique (où les présidents en exercice respectent la Constitution en ne se représentant pas) occupent une place de choix. Tout comme l’Afrique du Sud, poids lourd démocratique, où les élections générales d’avril pourraient marquer la fin de la domination absolue du Congrès national africain (ANC).

En revanche, nul besoin d’être grand clerc pour se douter que l’alternance ne devrait pas être de saison au Rwanda, en Tunisie, en Algérie, en Mauritanie, au Togo ou aux Comores – qui ouvriront, à la mi-janvier, le grand bal électoral. Pour toutes sortes de raisons (et par toutes sortes de moyens), le paysage politique y est contrôlé, et largement univoque. C’est donc avant tout le taux d’abstention qui permettra de mesurer le désenchantement de l’électorat, et la crise de la représentativité qui en résultera qu’il conviendra de surveiller.

Voies extraconstitutionnelles

Les pays d’Afrique francophone où des militaires sont parvenus au pouvoir par des voies extraconstitutionnelles forment un cas à part. Seul le Tchad semble assuré de vivre une présidentielle pluraliste d’ici à la fin de 2024. La Guinée et le Gabon devraient suivre, alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont engagés dans des transitions à durée indéterminée, le retour à une vie démocratique normale étant suspendu à celui d’une très hypothétique stabilisation de leur situation sécuritaire.

Partout et dans tous les cas de figure – élections « ouvertes » ou « fermées » –, les observateurs scruteront avec attention le rôle de l’argent dans les campagnes présidentielles, le poids du vote identitaire, le niveau de la fraude et celui de la violence électorale, cette dernière n’étant le plus souvent que la continuation de la violence ordinaire – en ayant présent à l’esprit qu’aucun des « modèles » extérieurs au continent ne fonctionne sans ratés et sans atteintes à la sincérité du vote, comme l’a encore démontré la présidentielle américaine de 2020.

Les progrès vers des élections « normales », c’est-à-dire non susceptibles de déboucher sur une crise du système, dans le cadre d’une offre politique libre et concurrentielle, sont lents mais réels. Même un coup d’État, comme celui qu’a vécu le Gabon à la fin d’août 2023 et qui visait à interrompre un processus de fraude électorale massive, peut être considéré comme allant dans le bon sens si les militaires n’en profitent pas pour confisquer indéfiniment le pouvoir. Il faut cesser d’écrire sur les élections en Afrique pour n’en évoquer que les imperfections.

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