Contre La sansure

Oury 1er et Oury II, lequel croire ?

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L’inconvénient pour un homme qui a trop parlé et trop vite est lorsqu’il est mis à l’épreuve d’être rattrapé par ses propos et de montrer les limites de ses serments. On voit encore qu’un homme doit être jugé à ses actes et non sur la base de paroles en l’air.

Le Premier ministre d’une transition qui dure et ne veut pas prendre fin était de ceux qui pressaient en 2010 d’aller aux élections. A l’époque, il ne fallait pas que les militaires prennent goût au pouvoir au point de ne pas envisager de céder la place. Si l’on peut reprocher aujourd’hui à beaucoup d’acteurs d’avoir bousculé hier le Général Sekouba Konaté, on ne peut pas dire que le Général Mamadi Doumbouya et ses pairs du CNRD ont été harcelés pour quitter le pouvoir.

Au contraire, on est en droit de s’offusquer de les voir prendre tout leur temps en traînant volontairement les pas, en multipliant les prétextes de retarder le retour à l’ordre constitutionnel comme voudrait s’y essayer le frais émolu de Bah Oury qui, à son tour aussi, tente de prolonger indéfiniment les délais avec des arguments bidons, tirés par les cheveux que plus personne du reste n’a envie d’entendre ni en Guinée ni ailleurs.

Aux premières heures de la transition lorsque l’euphorie courait toutes les chaumières, il était possible de berner l’opinion avec une stigmatisation de la classe politique traditionnelle et la diabolisation à outrance des prétendants à la succession, mais, après trois années de louvoiements et de manœuvres dilatoires d’une junte accrochée au pouvoir, l’argutie d’une transition qu’on voudrait expresse et bâclée ou d’acteurs de mauvaise foi ne peut plus passer.

Bah Oury vient trop tard dans un débat plus vieux que lui et depuis longtemps clos : tout est de la faute du CNRD et de sa suite déterminés à garder un pouvoir mal acquis que personne ne serait en droit de lui disputer, comble de l’absurde. On vient par un coup d’Etat, on ne se voit pas organiser des élections pour partir. On est légitime par la force, disqualifié par les urnes, telle est l’équation posée aux Guinéens qui, s’ils continuent à regarder les nouveaux maîtres du pays avec résignation et complaisance, sont foutus.

A écouter certains, la transition en cours doit épouser la célèbre métaphore du temps et de l’eau dans le poème, le Lac, de Lamartine conforme à leur vœu de plus en plus assumé et affirmé : l’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive” . Donc, ” le CNRD n’a point de port, sa transition n’a point de rive, ils coulent. Au propre comme au figuré.

Ainsi donc la profession démocratique de Bah Oury et tant d’autres dans le pays, c’est tant qu’ils ne sont pas aux affaires et n’ont pas le choix entre leur propre personne et l’intérêt général. Même si l’on s’en rend davantage compte dans ses nouveaux habits de chef de Gouvernement d’une transition qui est devenue le cauchemar de tout le monde, il y a longtemps que Amadou Oury Bah s’est éloigné des convictions qu’on lui connaissait et des valeurs auxquelles il croyait pour devenir la caisse de résonance de régimes décriés et un allié sûr de dirigeants infréquentables.

Le temps change au gré des saisons, l’homme évolue en fonction de ses intérêts et des opportunités qui lui sont offerts. Oury 1 était d’un camp, Oury 2 s’est rangé derrière un homme, a choisi le mauvais côté de l’histoire, se désolent tous ceux qui ont parié sur l’homme et juraient de son intégrité. Ça apprendra à tous à se fier aux apparences.

Amadou Timbi Bah

in https://www.lerevelateur224.com/2024/05/10/oury-1er-et-oury-ii-lequel-croire/

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