Contre La sansure

Répression des manifestants : quand SMB-Winning offre des véhicules à la Gendarmerie

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Dans une Guinée où les forces de l’ordre sont accusées de répression meurtrière, d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées, l’initiative du Consortium SMB-Winning suscite l’indignation.

L’entreprise minière a récemment offert cinq véhicules neufs au Haut Commandement de la Gendarmerie nationale, officiellement pour « renforcer la mobilité et l’efficacité des unités ».
Mais sur le terrain, beaucoup y voient une contribution directe à la machine répressive.

Présentée comme un geste de “responsabilité sociale”, la remise de ces véhicules intervient dans un contexte explosif : celui d’une mobilisation citoyenne réprimée dans le sang, où les forces de l’ordre sont régulièrement accusées de violences, de tortures et de meurtres impunis.

Dans les rues de Conakry, ce « partenariat logistique » entre un conglomérat minier étranger et une institution militaire controversée résonne comme une provocation.

Car loin d’améliorer la sécurité des populations, cette aide risque surtout de renforcer les moyens de coercition utilisés contre elles.

Quand la “responsabilité sociale” se transforme en caution politique. Offrir des véhicules aux unités de sécurité dans un pays où la liberté d’expression est en péril relève d’un choix lourd de sens.

Pour plusieurs observateurs, SMB-Winning cherche à s’attirer les faveurs du pouvoir militaire, en soutenant indirectement la répression d’un peuple qui réclame justice et démocratie.

« Au lieu d’investir dans les écoles, les hôpitaux ou la réhabilitation des zones dévastées par l’exploitation minière, SMB-Winning investit dans la répression », dénonce un activiste de Boké sous couvert d’anonymat.

Depuis dix ans, le Consortium vante son engagement pour le “développement durable” et “l’épanouissement des communautés riveraines”.

Mais sur le terrain, les populations de Boké, Katougouma et Dapilon continuent de vivre dans la poussière, la pauvreté et l’exclusion, tandis que la société affiche sa générosité envers les autorités armées.

Entre le discours de développement et les actes de soumission politique, un fossé se creuse :
celui d’un partenaire économique qui, au lieu de défendre les droits humains, renforce un système de peur et d’impunité.

Une dérive inquiétante.

Ce don de cinq véhicules n’est pas anodin. Il traduit la logique d’un capitalisme sous tutelle militaire, où les entreprises étrangères consolident leur position en soutenant le régime au détriment de la société civile.

Dans un État fragilisé, ces “gestes symboliques” deviennent des leviers d’influence puissants : ils achètent le silence, entretiennent la dépendance et étouffent la contestation.

Un développement à deux vitesses.

Pendant que les forces de l’ordre roulent dans des véhicules flambant neufs, les routes des villages miniers restent impraticables, les écoles délabrées et les dispensaires sans médicaments.
C’est dans ce contraste brutal que se mesure la faillite morale d’un modèle économique fondé sur la prédation plutôt que sur le progrès.

Le geste de SMB-Winning n’est pas seulement une erreur de communication : c’est une prise de position politique. Dans un pays où la démocratie se meurt sous les balles, soutenir la gendarmerie, c’est soutenir la répression.

Et chaque véhicule offert devient un symbole de plus d’une complicité silencieuse entre l’argent du minerai et la violence du pouvoir.

Par le chasseur de vérité 

In. https://www.guineefutur.info/2025/11/01/repression-des-manifestants-quand-smb-winning-offre-des-vehicules-a-la-gendarmerie/

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