Pour un véritable dialogue, il faudrait un décret du Colonel Doumbouya et limiter le nombre des participants.
Dans un précédent article, « le PM doit persuader Colonel Doumbouya et ses camarades à s’engager véritablement en faveur d’un dialogue sincère » (*), nous suggérions que la rencontre d’hier soit limitée aux représentants de deux groupes.
Le Forum pour une transition apaisée et toutes les organisations qui soutiennent les autorités de la transition, d’une part, le G58, le RPG a-e-c et ses alliés et toutes organisations sociales et politiques qui veulent une meilleure gestion de la transition. Ces organisations (partis politiques et mouvements sociaux) réellement représentatives sont dans l’un ou dans l’autre groupe. C’est à l’intérieur de ces groupes que des consultations devraient être faits pour trouver des pistes de solutions. Ce n’est plus au niveau des Coalitions, surtout que celles-ci, à part l’ANAD de Cellou Dalein Diallo, le FNDC politique et dans une moindre mesure le RPG a-e-c et alliés, la CORED de Mamadou Sylla et le Forum pour une transition apaisée des Lansana Kouyaté, Dr. Faya Millomono, Dr. Ousmane Kaba et consorts, ne pèsent rien sur l’échiquier politique guinéen.
Hier, au terme de la rencontre, tous les observateurs et acteurs ont convenu que l’organisation était défaillante tant pour le nombre élevé des participants que pour celui des communications. Certains comme Fodé Oussou Fofana V-p de l’UFDG, pour l’ANAD, n’ont pas manqué de parler de ‘mamaya’, en précisant qu’ils ne reviendront autour de la table que « le jour où on verra un décret qui va mettre en place un cadre de dialogue bien structuré avec des gens qui sont représentatifs. Parce qu’un parti n’est pas égal à un parti ; parce que vous ne pouvez pas comparer un parti politique qui gère plus de 150 communes à un parti politique qui ne gère même pas un quartier. On peut tout reprocher à M. Alpha Condé, mais à son temps, on était capable d’avoir un cadre de dialogue structuré. Donc pour nous on ne répondra plus jamais à une invitation, à assister à une mamaya. Le jour où on verra un décret du président ou un arrêté du Premier ministre mettant en place un cadre de dialogue structuré, nous participerons« .
Il appartient au Colonel Doumbouya et à ses camarades du CNRD, à leur gouvernement de voir comment corriger cette situation qui, s’il n’est pas réglée, pourrait générer une crise sociopolitique aux conséquences imprévisibles. Car, comme le dit un analyste politique, « si Commandant Alya Camara et certains éléments des forces spéciales ou de l’armée ont des problèmes, c’est que même entre eux ça ne va pas. Le malheur dans tout ça, est que souvent il y a des explications ethnostratégiques et régionalistes. Le CNRD c’est maintenant des officiers des Faranah et de Kankan ; les gros commis de l’État idem… ça ne peut continuer ainsi. La Guinée c’est nous tous, toutes origines ethniques et régionales comprises« .
Pour un dialogue constructif, en plus de mettre en place, par décret du Président de la Transition, le cadre de dialogue permanent, il faut identifier les deux parties qui seront concernées. Et celles-ci devraient être d’un côté le G58, le RPG a-e-c et alliés et leurs forces sociales et de l’autre, le Forum pour la transition apaisée et les mouvements de soutien au CNRD, comme les Comités de défense de la transition de Dr. Dansa Kourouma, le Front de défense de Keamou B. Haba, ancien de l’ANAD. Chaque groupe devrait faire ses propositions de sortie de crise, en produisant un chronogramme détaillé. Le dialogue regroupera entre 5 et 9 représentants de chacun des groupes, le gouvernement de la transition, sous la présidence du Modérateur de la CEDEAO et l’observation du G5.
Aussi, le rééquilibrage de la composition du Conseil national de la Transition (CNT), par la nomination de 68 conseillers désignés par le G58, le RPG a-e-c et leurs forces sociales est nécessaires car, lors du vote sur la durée de la transition, 75 conseillers ont voté en faveur du CNRD, 3 ont dit leur opposition et 3 autres, issus des rangs du G58 et et du RPG a-e-c, ont préféré boycotter. En nommant 68 nouveaux conseillers, qui vont s’ajouter à ces 6 personnes, l’on aurait une meilleure configuration au CNT, qui lui donnerait une légitimité acceptable, avec 149 membres (75 pour le CNRD, associables au Forum pour la transition apaisée, 71 pour le G58, Rpg a-e-c et alliés, et 3 ‘incolores’). Et si un vote devait être fait, qu’il soit nécessaire d’avoir une majorité minimale de 80 voix.
Ibrahima Sory BALDÉ