Contre La sansure

Transition en Guinée : le recul des droits de l’Homme

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Votre quotidien électronique (*) a fait largement échos de l’arrestation d’Elhadj Mouctar Bah, premier imam de la mosquée de Bomboli, dans la commune de Ratoma avec trois de ses enfants ainsi que celui d’un de ses voisins. Retour sur ces graves événements qui constituent un précédent depuis 1998.

Vendredi dernier, 29 juillet 2022, la tension était très vive entre jeunes manifestants et forces de l’ordre. En raison de cette situation, l’imam s’est abstenu d’aller à la mosquée, qui se trouve de l’autre côté de la route le Prince pour la prière du crépuscule. Mais, son enfant, Ibrahima Bah, 34 ans et autiste depuis sa naissance suite à une méningite qu’il a attrapée deux semaines seulement après sa naissance, ce déficient mental, lui s’est rendu à la prière de 19 heures 30’. Après la prière, il revient et trouve que le portail de la cour est fermé.

Pendant qu’il demandait qu’on le lui ouvre, des militaires sont venus l’interpeller. Informé, son père, qui était en train de couper son jeûne, sort pour expliquer aux agents que ce garçon n’est pas normal. A son tour, il est violemment pris à partie par les agents qui veulent l’embarquer dans leur véhicule sans ménagement. Les autres enfants, terrés dans la cour, vont au secours de leur père. Les agents entrent dans la cour, violentent les femmes et embarquent Elhadj Mouctar Bah, premier imam de la mosquée de Bomboli, ses enfants Ibrahima Bah autiste, Mamadou Saïdou Bah, étudiant, Mamadou Bhoye Bah, tailleur et Ibrahima Diallo, étudiant et voisin.

Les cinq personnes ont été conduites au camp Alpha Yaya où les jeunes ont été copieusement molestés. Selon l’une des victimes, chacun a reçu au minimum 200 coups de façon discontinue. Le témoignage de ce garçon fait froid dans le dos. Selon lui, les tortionnaires alternaient coups de fouet et eau glacée sur les plaies ouvertes par la violence des coups.

Pour faire un semblant de respect de procédure, les personnes interpellées la veille ont été transférées dans la matinée du samedi 30 juillet à la Gendarmerie de PM3 à Matam où elles ont été auditionnées. Après quoi, certains, comme l’imam et ses enfants, ont été libérés et d’autres ont été déférés au parquet.

Après leur libération, l’imam, seul épargné par la torture, a regagné son domicile. Alors que les quatre jeunes gens, incapables de s’assoir en raison des blessures qu’ils ont subies sur les fesses, ont été conduits à l’hôpital national Ignace Deen où, après avoir été consultés aux urgences, les médecins ont estimé qu’ils devaient être hospitalisés pour une observation. C’est finalement dans la matinée du dimanche, 31 juillet 2022, que les infortunés sont revenus à la maison où ils sont tous alités.

Ces atrocités attestent combien de fois les Guinéens ont fait montre de naïveté ces derniers temps. La première naïveté est de croire qu’un régime militaire peut être mieux que celui d’un civil en termes de respect des droits humains. La deuxième utopie, c’est aussi de croire qu’il y aura le respect des droits de l’homme sans justice pour les premières et nombreuses victimes. Aussi longtemps que justice ne sera pas rendue, les violations des droits de l’homme continueront de plus belles.

La méthode utilisée pour arrêter ces personnes et les sévisses qu’elles ont subies constituent un grave recul et un précédent pour la Guinée. Pareilles exactions remontent à l’année 1998 après la réélection contestée du président Lansana Conté. C’est tout dire.

 

Habib Yembering Diallo

(*) Guineematin.com

in. https://guineematin.com/2022/08/02/transition-en-guinee-le-recul-des-droits-de-lhomme/

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