Contre La sansure

Le FNDC a une unique question, très simple : qui a tiré sur les jeunes qui ont succombé ?

0

Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme Alphonse Charles Wright s’en est de nouveau pris au FNDC, à travers un communiqué laconique publié ce lundi 1er août. Rappelons que ce même M. Wright avait déjà tenté de museler le FNDC en tant que Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry, le CNRD l’a d’ailleurs récompensé pour cela en le nommant ministre.

Ce communiqué me semble traduire la panique qui s’est emparée de la nébuleuse du CNRD, arrivé au pouvoir par la force et de manière illégale au cours d’un putsch. Le CNRD, ici par l’entremise d’Alphonse Charles Wright, doit savoir que le FNDC est un état d’esprit épousé et chéri par le peuple souverain de Guinée.

Le CNRD, une entité fantôme

Le Garde des Sceaux semble oublier que le CNRD qui l’a nommé n’a aucune base légale. Cette entité fantôme, dont personne ne connaît à ce jour les membres qui la composent, devrait l’intéresser en premier lieu.

De notre côté, au FNDC, tous les membres sont connus et s’affichent publiquement sans aucune hésitation.

Le FNDC et les Guinéens n’ont pas d’hostilité de principe avec le CNRD. Le colonel Mamadi Doumbouya avait prononcé le 5 septembre 2021, lors de sa prise de pouvoir, un discours unanimement applaudi. Ce discours constituait un contrat moral avec le peuple de Guinée, conférant au président de la transition sa légitimité. Aujourd’hui, le CNRD a violé ce contrat et par là, perd toute sa légitimité.

Le FNDC demeure un état d’esprit citoyen qui n’a besoin ni d’agrément, ni d’autorisation, ni de statut et de règlement intérieur.

Le FNDC est un état d’esprit. On peut mettre des citoyens en prison, pas un état d’esprit. Si Alpha Condé n’a pas pu enlever cet état d’esprit de la tête des Guinéens, le CNRD ne le pourra pas non plus.

Et si le FNDC représente l’esprit vertueux, le CNRD représente, lui, l’esprit vicieux qui pratique le recel de cadavre. Les familles des soldats tués lors du coup d’État du 5 septembre en savent quelque chose. On ne sait toujours pas ce que sont devenus les corps des soldats morts lors des affrontements. On ne sait pas où ils ont été enterrés. Après avoir privé des femmes de leurs époux et des enfants, de leurs pères, on les prive de leur deuil.

Les changements répétés à la tête du Ministère de la Justice – un ministère si important dans un pays qui a connu et connaît tant d’injustices – traduisent la volonté du CNRD d’y mettre la personne qui leur sera le plus docile possible.

Rappelons que l’honorable Fatoumata Yarie Soumah, qui avait réellement l’ambition d’organiser le procès du massacre du 28 septembre 2009, avait été débarquée pour une simple lettre où elle s’étonnait que le CNRD la court-circuitait sur des dossiers qui étaient de son ressort.

Alphonse Charles Wright affirme désormais que le FNDC, qui a toujours prôné la non-violence et sensibilisé les citoyens avec le guide du manifestant, a utilisé des mineurs lors de la manifestation du 28 juillet dernier. Il ose même renverser la responsabilité des morts en la faisant porter sur le FNDC. Mais le FNDC a une unique question, très simple : qui a tiré sur les jeunes qui ont succombé ?

De plus, tout le monde a pu voir les images, vidéos et les témoignages des jeunes torturés par les forces de défense et de sécurité au poste militaire 3 de Matam, au camp militaire Alpha Yaya Diallo et dans différents commissariats de police de Conakry. Ces faits barbares montrent à suffisance le manque de considération du CNRD pour les personnes mineures et pour les droits humains. Même une personne en état de déficience mentale n’a pas été épargnée de ces actes.

Vous répondrez devant l’histoire en déployant les militaires pour des opérations de maintien d’ordre et en donnant toute la latitude aux forces de défense et de sécurité de réprimer dans le sang des citoyens désarmés, le CNRD se rend responsable de tous ces morts et de ces actes de torture.

Ces citoyens ne demandent qu’une chose simple : que la transition soit menée de manière inclusive et non de manière solitaire et opaque. Pour cela, le FNDC demande au CNRD d’ouvrir d’urgence un cadre de dialogue sincère et inclusif avec les forces vives de la nation, de libérer les prisonniers politiques, d’opinions et les manifestants injustement privés de leur liberté.

Nous invitons les citoyens guinéens et les militants pro démocratie à demeurer vigilants et à rester mobilisés pour exiger du CNRD le respect de ses engagements pris le 5 septembre 2021.

SEKOU KOUNDOUNO

RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?