Contre La sansure

Les manifestations du FNDC « sont le résultat d’un ras-le-bol d’une population martyrisée exigeant de ses gouvernants le respect de l’État de droit… »

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Pendant que la journée de manifestations du 17 août semblait se dérouler sans incident, Madou (Colonel Mamadi Doumbouya, ndlr) décide de faire le tour de la ville avec son impressionnant cortège via l’autoroute Fidèle Castro puis celui du Prince.

Malheureusement, tous les témoignages concordent que c’est après le passage du cortège que la situation a dégénéré sur l’axe. Le bilan est une fois encore macabre: deux personnes tuées par balles laissant des parents inconsolables, plusieurs dizaines de blessés dont une femme qui a reçu chez elle une balle dans le sein au quartier Hamdallaye. Nous ne méritons pas cela. Ça doit s’arrêter au risque de voir un jour le pays tout entier plonger.

On est donc en droit de se pose la question de savoir les raisons et l’opportunité d’une telle parade? En tout cas, ça ne pouvait être un acte de bravoure puisque les forces spéciales constituent l’unité la plus armée de nos forces de défense et de sécurité. Mais si c’était vraiment cela, alors le bout du tunnel est encore loin, très loin même pour notre pays.

On peut quand même y tirer une certitude: c’est désormais avec un regard inquiétant et plein de désespoir que les populations qui ont applaudi hier le coup d’Etat et ont soutenu les premières semaines de l’exercice du pouvoir, voient le cortège défiler sous leurs yeux.

Une délégation de l’ANAD est allée présenter ses condoléances. On reconnaît Francis Haba (UGDD) et Rafiou Sow (PRP).

Pourquoi en est-on arrivé là ? C’est la réponse à cette question qui devrait guider notre réflexion afin de trouver les causes profondes de cette crise. Mais au lieu de cela, des pseudo-pacifistes se limitent à la face visible de l’iceberg, les manifestations.

Ces manifestations sont le résultat d’un ras-le-bol d’une population martyrisée exigeant de ses gouvernants le respect de l’État de droit, de la visibilité et de la lisibilité dans la gestion de la transition. C’est aussi l’expression de mécontentement d’une classe politique et la société civile méprisées souhaitant un dialogue franc, autonome et décisionnel pour la définition consensuelle du contenu et du chronogramme de la transition. C’est ici la genèse de notre crise.

On ne devrait donc se réjouir de la militarisation de nos villes et quartiers ni supporter la restriction des libertés publiques dont le droit le manifester et de circuler librement. Elle est preuve de mauvaise gouvernance et de l’autocratie.

L’image que ça donne éloignent les investisseurs de notre pays et les orientent chez voisins. Cela accentue la précarité des populations et encourage l’immigration et la fuite des cerveaux. À la fin de la journée, un tel régime qui ne croit qu’à ses muscles se casse toujours la gueule tout seul: soit par ses propres contradictions internes ou par un nouvel élan populaire, une nouvelle révolution.

Il est vrai que tout le monde doit se regarder dans la glace mais la solution, la vrai est au camp du CNRD. Il doit se faire violence, pour rassembler au lieu de diviser et s’imposer par la force. La force est l’expression des faibles, de l’arrogance et d’une pauvreté intellectuelle inexplicable.

Il est sûr que beaucoup d’entre nous qui dénonçons et critiquons objectivement ne détestons pas nos dirigeants actuels, mais voulons plutôt une Guinée réconciliée et unie, une Guinée respectueuse des droits humains et de la démocratie qui est gage de la paix et de la répartition équitable des richesses produites.

Il n’est jamais trop tard pour mieux faire.

Par Pépé Francis Haba

Président de l’UGDD

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