Arcanes politiques : L’Imam Dicko s’offre une derrière danse
Devenu opposant assumé des autorités de la transition, l’Imam Dicko, depuis son retour forcé dans sa mosquée à la faveur de ce que les colonels au pouvoir ont appelé rectification de la trajectoire de la transition, n’a de cesse de réclamer un redressement par l’installation de civils au sommet de l’Etat.
C’était en tout cas la substance et l’esprit de son manifeste de 2021 dans lequel le leader religieux emblématique soutenait que «Le Mali n’a certes pas atteint le fond de l’abîme mais sa trajectoire actuelle (qu’il a contribué lui-même à dresser, ndlr) ne mène à rien de rassurant et mérite d’être corrigé». Et, à l’appui de cette assertion, le tombeur d’IBK argumente par la déliquescence de l’Etat, l’absence de l’administration dans le pays et son corollaire d’inaccessibilité des services sociaux de base pour une écrasante majorité de ses enfants dans un territoire hors de contrôle.
L’objectif visé de cette sortie calculée, aux yeux des observateurs avisés, était la reconquête de la sympathie populaire qu’il a probablement lui-même contribué à dilapider aux premières heures de la Transition, notamment par la désignation d’hommes et de femmes en dehors de son cercle de compagnons de lutte pour occuper des postes stratégiques. Sans preneur, ce manifeste tombera finalement dans les oubliettes tout comme son initiateur. C’est ainsi qu’il va attendre le projet référendaire pour se lancer à nouveau à l’assaut du peuple. C’était notamment pour appeler le monde musulman à se prononcer contre la nouvelle constitution et à s’opposer aux mêmes principes qu’il défendait sans ambiguïté en 2016 : le caractère républicain, démocratique et laïc de l’État Républicain. Peine perdue, puisque la nouvelle constitution passera avec une large majorité de suffrages favorables.
Et depuis l’ancien président du Haut conseil islamique n’a de cesse de plaider pour la mise en place d’une transition civile pour sauver la nation d’un péril dont il ne porterait pas moins la responsabilité devant l’histoire. Après le report de la présidentielle sine die, le célèbre leader et ses inconditionnels remettent le couvert. Â cheval entre politique et religion, ils projettent une marche pacifique pour afficher la même position en demandant aux autorités la mise en place d’une transition civile.
Portée par la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants, une demande a même été adressée au Gouverneur district avec une trajectoire allant de Place de la Liberté à l’esplanade de la Bourse du Travail en passant par Place de l’Indépendance. En attendant la réponse du chef de l’Exécutif dans la capitale, les partisans de l’ex autorité morale du M5 ont déjà commencé à inonder les canaux d’informations d’appels à se joindre à leur cause et à la fronde anti-prorogation.
Sauf qu’après les enseignements et leçons du M5-RFP, Mohamoud Dicko risque de faire cavalier seul pour ce qui s’apparente à une dernière valse pour le plus célèbre des imams. Encore que la CMAS ne pipe mot sur la personne devant prendre la tête de cette transition dite civile pas, plus que sur le mode de désignation des autres acteurs.
Amidou KEITA
(*) https://www.maliweb.net/societe/arcanes-politiques-limam-dicko-soffre-une-derriere-danse-3038839.html