Durée de la transition : Presque l’unanimité contre une éventuelle prorogation !
Un véritable coup de Trafalgar ! C’est encore trop facile à dire. Le Premier ministre réitère qu’il n’y aura pas de retour à l’ordre constitutionnel à la fin de cette année 2024, comme cela a été pourtant décidé de commun accord entre les militaires au pouvoir et la CEDEAO.
Bah Oury débite même là-dessus. Il ne manque d’ailleurs aucune occasion pour l’exprimer, comme pour dire à tous ceux qui en doutent encore, que cela n’est plus à l’ordre du jour. Tant pis pour les conséquences. Et pourtant, une telle annonce, de manière assez cavalière, comporte des risques.
Si au sommet, on est certain que les conséquences sont moindres, surtout quand on est sûr d’avoir tout le monde à ses bottes, il faut cependant à craindre l’effet boumerang. C’est possible avec une opinion publique nationale, de nature résiliente, certes, mais qui surprend à des occasions totalement inattendues.
Le patron du palais de la Colombe, dans sa dernière sortie chez nos confrères de TV5, la énième depuis sa nomination, dit à qui veut l’entendre , et à tous ceux qui peuvent croire en son sérieux sur le sujet à propos duquel il apparait intraitable, qu’il n’y aura en 2024, en Guinée, que le référendum. Là aussi, on peut douter.
On a bien le droit de douter, surtout quand, dans un pays, les promesses constituent des stratégies pour se débiner d’un éventuel ras-le-bol des partenaires occidentaux, jusqu’ici assez accommodants.
Car il y a mille et un préalables à cela qui ne sont pas satisfaits, mais qui sont pourtant, pour les autorités, de l’ordre des actions indispensables à la tenue de toute élection. C’est par exemple la question du fichier électoral, qu’on a liée au RAVEC, dont la mise en œuvre parait assez incertaine à date. C’est aussi l’organe de gestion des élections qui reste un mystère.
Pour revenir à la volonté des militaires de s’offrir une rallonge qui doit les maintenir aussi longtemps au pouvoir, une unanimité certaine, dans le ton, dit toute sa colère et son indignation face à une décision qualifiée de trahison.
Les partis politiques et les organisations de la société civile, dans différentes déclarations, jurent de ne pas accepter ce qui apparaît comme un dictat du pouvoir.
Mieux, même ceux qui, d’ordinaire comprennent et justifient tous les actes posés par les militaires dans le cadre de l’exécution du chronogramme de la transition, sont dépités. On peut ne pas croire aux politiques Guinéens, notamment, qui sont d’une conviction volatile, dictée par des intérêts inavoués. Cela a quelque chose d’inédit, car ils sont tous choqués par la volonté de confiscation du pouvoir par le CNRD, ainsi qu’au mépris, sans commisération, aucune, de celui-ci, à leur endroit, regrettent-t-ils.
Ce message, l’ancien vice-président de l’UFDG se devait de le décoder, lui qui se trouve être le plus capé parmi la touffe d’amateurs politiques au sommet de l’Etat, avec un parcours dans ce domaine enviable doublé d’un background irréprochable. Mais son attitude ne donne pas assez d’espoir pour que cela change. Et pourtant ! Dommages !
De toute évidence, l’annonce au goût d’une grande contestation d’une éventuelle rallonge, sonne comme la preuve d’une culture de non dialogue désormais ancrée, mêlée au mépris qui s’exprime dans la gestion au quotidien du pays.
Quoiqu’il en soit, c’est un duel qui finira sur des rotules.