« Le CNRD a perdu sa légitimité depuis longtemps et il perdra sa légalité le 31 décembre 2024. »
Plusieurs organisations sociales et politiques, après avoir invité les autorités guinéennes à respecter le chronogramme signé avec la Cedeao, ont indiqué la semaine dernière qu’elles ne reconnaîtront plus le CNRD et ses institutions. La question est moins de savoir si elles en ont le droit, mais de savoir comment elles vont parvenir à pousser le régime du général Doumbouya à rendre le pouvoir pacifiquement comme cela est prévu dans les accords d’octobre 2022 entre Abuja (Cedeao) et Conakry (CNRD et son gouvernement).
Ce n’est pas par les manifestations que la classe sociopolitique guinéenne parviendra à raisonner le pouvoir de Conakry. C’est par les négociations, le dialogue qu’elle pourra le faire. Le renversement du régime de l’ex président Alpha Condé par le CNRD le 5 septembre 2021 a été salué par les populations de Conakry et de nombreuses autres régions du pays, mais rapidement, moins de 6 mois après leur prise du pouvoir, le président de la transition guinéenne, encouragé par des nains politiques, a engagé une bataille contre les forces politiques, notamment l’Ufdg de Cellou Dalein Diallo, l’Ufr de Sidya Touré et le Rpg arc-en-ciel depuis l’arrivée à sa tête de l’ancien premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
Seulement, à l’exercice du pouvoir, le CNRD et ses alliés sociopolitiques ont montré de nombreuses lacunes qui, aujourd’hui, ont plongé le pays dans une crise sans précédent, faisant que nombre de personnes. Pour un commentateur, « les gens regrettent les temps d’Alpha Condé. Au moins nous avions du courant, la vie était moins chère. Maintenant, Doumbouya et ses camarades font ce qu’ils veulent, en oubliant que leur mandat achève le 31 décembre 2024. S’ils avaient un bilan acceptable, ils auraient pu être en mesure de plaider pour une prolongation, comme cherchent à le faire les putschistes de Bamako et Ouagadougou. »
Pour un analyste politique, « il ne faut pas aller en rangs dispersés. Kouyaté et son PEDN se rapprochent de la stratégie de l’Union sacrée. On a vu la naissance de la Coalition nationale pour le retour à l’ordre constitutionnel (CNROC). Bref tout le monde est unanime que le CNRD, qui n’a rien fait pour que des élections puissent être organisées, comme il en a convenu avec la Cedeao, doit s’effacer vu son très mauvais bilan socioéconomique et politique. Le CNRD a perdu sa légitimité depuis longtemps et il perdra sa légalité le 31 décembre 2024. La communauté internationale doit le savoir et agir en conséquence. Aider le gouvernement c’est bien, mais le gouvernement actuel n’est pas l’émanation du peuple. Donc ces Français, Russes, Chinois et Turques, chacun à sa manière, comprennent que le peuple sera fâché pour tout appui qu’ils donneront au CNRD. Donc il faut qu’ils aident les guinéens à en finir avec cette transition. »
Poursuivant, cet analyste souhaite que « la classe politique et les organisations de la société fassent des propositions concrètes en terme de mise en place d’un gouvernement de mission pour remplacer le CNRD. L’ANAD a parlé de la mise place d’une transition civile pour organiser le retour à l’ordre constitutionnel. Il faut expliquer les mécanismes maintenant… rassembler toutes les forces politiques et sociales qui sont favorables pour la fin de cette transition du CNRD le 31 décembre 2024 pour rédiger une nouvelle constitution, des lois organiques et tracer un chronogramme pour que toutes les élections soient organisées au plus tard en juin 2025. »
Guinafnews.org suggère, comme il l’a fait de nombreuses fois, que les forces démocratiques de Guinée, favorables au retour à l’ordre constitutionnel, rédigent un mémorandum à adresser à la communauté internationale, notamment aux gouvernements des pays membres de la Cedeao, à l’Union africaine, à l’Union européenne, particulièrement à l’Allemagne, à la France, aux Etats-Unis, à la Chine, à la Russie et à la Turquie pour leur dire que le mandat du CNRD et ses institutions va expirer le 31 décembre 2024. Qu’aucune prolongation ne sera possible vu le refus des autorités en place de favoriser le retour à l’ordre constitutionnel. Et c’est maintenant qu’il faut le faire, pas en décembre 2024. Elles devraient offrir copie dudit mémorandum au Président de la transition, au Premier ministre et au Président du CNT.
Mamadou Alpha BAH collaboration Brehim Ould Mahmoud