A la demande des leaders religieux, les forces vives de Guinée (FVG) de 2023 ont accepté de reporter au 15 mars la manifestation qui était prévue pour se tenir aujourd’hui. Dr. Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l’UDRP et Abdoul Sacko, leader du FFSG l’ont expliqué aux micros de nos confrères.
Pour Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, également vice-président de l’ANAD, qui s’est exprimé chez guineematin.com (1), « ce qui a pesé dans la balance, c’est l’insistance de la communauté religieuse pour qu’on puisse donner une dernière chance à des négociations ou à des démarches pour une solution négociée qui prendrait en compte les revendications formulées par les forces vives… Nous avons simplement demandé à ce que la Charte de la Transition soit appliquée. Alors, ils (les religieux) ont compris et on a dit de remonter nos revendications et nos observations afin qu’on puisse s’entendre et se retrouver pour recadrer le cadre dialogue afin que tout le monde soit là pour la définition de ce dont il s’agit dans la gestion de la Transition… ».
Il a aussi indiqué que « les autorités religieuses ont pris des engagements, elles ont promis de remonter nos revendications. Nous avons dit aux religieux que c’est eux qui font l’interface entre Dieu et les hommes et c’est à eux qu’incombe la responsabilité de dire la vérité à tout le monde, y compris au CNRD. Donc, on leur a dit d’aller dire la vérité au CNRD… Ils ont pris des engagements (…) et ils doivent savoir qu’ils sont en train de jouer leur crédibilité« .
Pour sa part, dans un entretien qu’il a accordé à africaguinee.com (2), Abdoul Sacko, Coordinateur du Forum des forces sociales a expliqué que le report de la manifestation « c’est la parole donnée par nos leaders religieux. Nous avons voulu montrer cette fois-ci à l’opinion nationale et internationale que certes, nous avons des doutes vis-à-vis des autorités de la transition quant à leur volonté réelle de respecter la parole donnée, mais avons voulu donner la chance à l’effort des autorités religieuses. Tout cela va s’exprimer par des preuves tangibles devant l’opinion nationale et internationale ».
Après avoir souligné que « les leaders religieux nous ont assuré cette fois-ci qu’ils parleront en tant qu’hommes de Dieu parce qu’ils n’ont peur que de Dieu », Abdoul Sako interroge :
« est-ce que ceux qu’ils auront en face vont comprendre ce message d’hommes de Dieu ? Est-ce qu’ils auront en face des gens qui ne réfléchissent et ne respirent que politique ? On le saura ».
Néanmoins, il ajoute : « une fois de plus, nous restons pessimistes quant à la volonté réelle de nos gouvernants actuels à respecter la parole donnée mais aussi de nos autorités religieuses (…)N’oublions pas aussi que nous avons en face, des autorités qui ne parviennent pas à respecter elles-mêmes, la charte qu’elles ont unilatéralement éditée. Donc, le fait d’avoir fait appel aux religieux n’est pas en soi une garantie suffisante pour nous ».
Pour un commentateur, « le PM Goumou aura des problèmes avec cette mission qu’il a confiée aux religieux, parce que les FVG ont accepté de reporter la manifestation. La communauté internationale a noté que les FVG sont disposées à négocier pour la tenue d’un dialogue sincère et inclusif. Si le gouvernement ne va pas dans ce sens, même si l’on dit que les diplomates français et dans une moindre mesure américains soutiennent le dialogue de décembre dernier, ils sont tenus de soutenir la Cedeao, qui tient à faire respecter l’accord portant sur le chronogramme des 24 mois qu’elle a signé en octobre dernier avec le gouvernement guinéen ».
Mamadou Alpha BAH
(1) https://guineematin.com/2023/03/09/report-de-la-manifestation-des-forces-vives-les-autorites-religieuses-ont-pris-des-engagements/
(2) https://www.africaguinee.com/abdoul-sacko-ce-que-les-religieux-ont-promis-aux-forces-vives/