Au Sénégal, l’élection tant attendue s’annonce exceptionnellement ouverte
Ce dimanche, premier tour de l’élection présidentielle au Sénégal. Une campagne courte de deux semaines et une seule en présence de tous les candidats puisque Bassirou Diomaye Faye, candidat du parti Pastef, est tardivement sorti de prison en compagnie d’Ousmane Sonko, le président du parti, lui-même étant hors course.
Comme pour toutes les élections présidentielles en Afrique de l’Ouest, vous présentez le contexte de l’élection à travers une sélection d’études et de rapports sur plusieurs secteurs, ainsi que les biographies des candidats et des extraits de leurs programmes politiques, avec les liens vers les programmes dans leur version intégrale.
Nous considérons que les rendez-vous électoraux devraient être des moments privilégiés de débat public sur toutes les questions fondamentales pour l’avenir des pays de la région. Il est heureux qu’au Sénégal, malgré toutes les péripéties de ces dernières semaines, et malgré les montées de tensions et de violences depuis trois ans, on puisse enfin avoir une élection dont les résultats ne soient pas du tout connus à l’avance, et une campagne qui s’accompagne d’une multitude d’articles, de prises de position parfois très articulées dans les médias et sur les réseaux sociaux. Dans le contexte sécuritaire, politique et social dégradé dans une majorité de pays de la région, toutes les alternatives à une tenue rapide de l’élection présidentielle auraient été catastrophiques.
Le scrutin de ce dimanche est très ouvert selon vous ?
Oui, les résultats sont bien incertains. Nous avons certes une forte focalisation de l’attention sur deux candidats, Amadou Bâ, Premier ministre il y a encore quelques semaines, celui qui représente a priori la continuité du pouvoir en place, et Bassirou Diomaye Faye, qui incarne l’opposition la plus tranchée au président sortant et même au système politique qu’on pourrait qualifier de traditionnel. Mais cette polarisation cache la grande diversité de l’offre politique qui est proposée aux électeurs sénégalais puisqu’on a 19 candidats au total, dont deux, Cheikh Tidiane Dieye et Habib Sy, ont appelé en toute fin de campagne à voter pour Bassirou Diomaye Faye.
Diversité en termes d’âge, avec 33 ans de différence entre le plus jeune et le plus âgé des candidats. Papa Djibril Fall, 35 ans, Anta Babacar Ngom, 40 ans et seule femme sur la liste, à la tête d’une des plus grandes entreprises agroalimentaires du pays, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, et Dethie Fall, 48 ans, font partie du groupe des jeunes candidats. On a ensuite les quinquagénaires plus ou moins avancés, Daouda Ndiaye, El Hadji Mamadou Diao, Serigne Mboup et Thierno Alassane Sall. Puis les 60 ans et plus, les plus nombreux, Aly Ngouille Ndiaye, Malick Gakou, Amadou Ba, Aliou Mamadou Dia, Mamadou Lamine Diallo, Boubacar Camara, Mohamed Ben Abdallah Dionne, Idrissa Seck et Khalifa Ababacar Sall.
Une diversité aussi de parcours de formation, d’expérience professionnelle et d’expérience politique…
Et en lisant toutes ces biographies, et l’effort intéressant d’élaboration de programmes, des plus épais et détaillés aux plus évasifs, on se dit que beaucoup auraient pu se regrouper au sein de formations politiques solides et cohérentes, et incarner des équipes séduisantes pour les électeurs.
Nous avons sur la liste trois anciens Premiers ministres, six anciens ministres, des universitaires, des fonctionnaires internationaux, un scientifique de renom, parasitologue et mycologue, des entrepreneurs, des maires et une sur-représentation de hauts fonctionnaires des impôts ou des douanes…