Le poids des sanctions, la dissuasion de la force

Aussi longtemps que les élites africaines se tromperont de combat et de cible, elles ne seront pas crédibles ni prises au sérieux. Quant aux populations, l’heure est venue de se rendre compte que certains politiques et maintenant des officiers d’opérette les utilisent à des fins personnelles et douteuses, ayant mesuré leur crédulité et la facilité à les manipuler. L’indignation sélective à laquelle on assiste face à la situation trés volatile du Niger en dit long sur l’inversion des valeurs dans les sociétés africaines et la faillite de leurs élites.
La tentative de coup d’Etat en cours au Niger, parce que pour une fois, il y a un refus unanime, même si les tons diffèrent ainsi que les solutions préconisées, de se résigner à la fatalité et de subir le fait accompli, montre que certains ne savent pas encore ce ce qu’ils veulent et n’acceptent pas.
Le train de sanctions imposées aux autorités fantoches du Niger à la peine et l’usage ultime de la force contre elles au cas où elles voudraient insister dans leur bêtise ne sont pas dirigées, comme voudraient le faire croire les nihilistes contre le peuple du Niger. Au contraire, c’est pour ce peuple, sous cloche, aujourd’hui, que l’Afrique et le monde entier sont vent debout pour qu’il recouvre ses droits, pour que son vote libre ne soit pas dévoyé.
De même que certains se disant souverainistes et panafricanistes surfent sur une prétendue ingérence dans les affaires intérieures des États, en soi, doctrinaire, d’autres plus nombreux et ultra-majoritaires pourraient leur rétorquer la clause de non assistance à peuples en danger. Ceux qui disent de laisser les Africains régler eux-mêmes, par eux-mêmes, leurs problèmes ou se » débrouiller » entre eux , savent bien ce que cela a donné, jusqu’à maintenant: l’irresponsabilité, le permis de tout faire, l’anarchie et la pauvreté. Un tableau sombre qui fait dire à beaucoup que l’Afrique est maudite, parce qu’elle refuse le progrès et se complaît dans les dérives. Beaucoup pensent aussi que les Africains sont damnés, parce que ce sont eux et personne d’autre, au grand dam de ceux qui ont le goût de se défausser sur les autres, les artisans de leurs malheurs. C’est vrai au Niger, c’est autant valable sur tout le continent.
D’ailleurs, si l’Afrique croit que le monde ne peut se passer d’elle, des illuminés scandent que sans les Africains, les autres peuples ailleurs vont périr, au même moment, en Occident, les opinions publiques s’agacent et se révoltent, chaque fois que leurs Gouvernements et États, se préoccupant d’aider des populations lointaines tandis qu’ils ont leurs propres défis et difficultés.
En clair, on appelle au désengagement pour se recentrer sur l’essentiel : leurs pays et leurs problèmes spécifiques. Surtout qu’il n’y a pas de respect ni de reconnaissance. D’où la montée des extrêmes et l’influence grandissante des courants nationalistes et xénophobes. Heureusement que les dirigeants restent fidèles à l’histoire et sont toujours engagés dans l’amitié avec les peuples et le multilateralisme avec parfois un coût politique et électoral très élevé.
La CEDEAO dont la relative complaisance et l’apathie face à la déferlante militaire ont été dénoncées, dans un sursaut salutaire, décide maintenant de faire respecter l’ordre démocratique et partant redorer son blason et rétablir son autorité. Voilà que des voix , mesquines, somme toute, minoritaires, s’élèvent pour demander la clémence au nom du peuple, comme toujours, instrumentalisé. Alors que c’est une mobilisation générale qu’il faut pour exiger des putschistes de partir, sans délai ni conditions, pour leur intimer de libérer le peuple nigérien. C’est le seul appel, l’unique message qui incombe à chacun et à tous. A moins qu’on ait choisi le camp des prédateurs, qu’on veille se situer du mauvais côté de l’histoire ou tout simplement milite pour la mise à mort de la Démocratie et l’oppression des peuples.
D’ici là, les sanctions prises doivent être maintenues, voire renforcées, l’usage de la force doit être accéléré pour que plus jamais ça. De toute les façons, on parle à chacun le langage qu’il comprend, le mieux. Celui de la junte nigérienne, méprisante et sotte, est à la fois la fermeté et la force. Face à l’arrogance, pas de recul.
La CEDEAO joue sa survie, les peuples africains, ont leur avenir dans leurs mains.