BANQUES : en Guinée, le secteur privé retient son souffle.
Contrairement à son voisin malien, la Guinée n’a pas été sanctionnée suite au coup d’Etat du 5 septembre dernier, mais la situation socio-politique n’est pas sans incidence sur la vie économique. Entre appréciation du franc guinéen face au dollar, ralentissement des transactions et tension sur les liquidités, les banques tentent de gérer …
Le secteur bancaire guinéen qui connait une certaine morosité en raison de la situation socio-politique qui prévaut dans le pays. Les agences bancaires ouvrent quotidiennement leurs portes espérant réaliser de meilleures performances que le jour précédent. « Les activités bancaires se poursuivent normalement, mais les volumes des transactions ont baissé. Les acteurs économiques sont dans un certain attentisme. Après observation, nous nous rendons compte qu’ils n’ont recours à la banque uniquement si cela est vraiment nécessaire. Autrement, ils s’en passent. D’ailleurs, nous observons actuellement une petite tension sur les liquidités en monnaie locale », explique à LTA une source au sein du secteur à Conakry, qui pense que les récentes actions de gel des comptes pourraient partiellement expliquer la fébrilité des épargnants face aux établissements de crédit. « Je pense que beaucoup se tournent plus vers la thésaurisation de la monnaie », ajoute notre source.
LE FRANC GUINÉEN A POURTANT GRIMPÉ FACE AU DOLLAR
Au plan monétaire, le franc guinéen s’est apprécié de 700 points face au dollar depuis l’automne dernier, passé à 9 200 franc guinéen pour un dollar actuellement, contre 9 900 franc guinéen en septembre-octobre, selon les données du secteur bancaire. Mais le ralentissement des importations (observé par les banquiers, mais pas encore officiellement chiffré) ne permet pas aux acteurs économiques de tirer parti au mieux de ce fait conjoncturel. « Les entreprises ont besoin des devises étrangères pour couvrir leurs importations. Mais en raison du climat de méfiance, il n’y en a pas eu de grosses importations en fin d’année contrairement à la tendance habituelle. Conséquence corolaire : il n’y a pas eu une forte demande en devises étrangères, principalement le dollar », explique un banquier.
UN SECTEUR EN BERNE APRÈS PAR QUELQUES « MOUVEMENTS »
La Guinée compte 21 établissements de crédits dont 17 banques commerciales, deux banques de développement et deux établissements de leasing. Le secteur a été un peu mouvementé en 2021 avec l’arrivée de Vista Bank de l’homme d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré suite à son deal avec BNP Paribas. Mais depuis le renversement d’Alpha Condé, le et alors que la transition politique est en cours, le secteur doit composer avec quelques changements comme la récente chaise musicale à la tête de la banque centrale et la mise en examen de l’ancien gouverneur.
De plus, l’effectif bancaire pourrait être prochainement revu à la baisse. En difficultés depuis plusieurs années, l’une des banques de développement du pays est au bord de la faillite, apprend-t-on d’une source bien introduite.
Excepté quelques nouvelles récentes telles que l’octroi de la licence 4G à MTN ou le lancement prochain des activités d’exportation de la Société des bauxites de Guinée, l’activité économique nationale est peu dynamique ces derniers mois. Si le coup d’Etat du 5 septembre 2021 n’a pas conduit -contrairement au Mali voisin- à des sanctions de la CEDEAO, les institutions régionales et internationales ont appelé au retour à l’ordre constitutionnel. La Banque mondiale conditionne d’ailleurs à cela la relance de ses activités dans le pays, suspendues il y a trois semaines.
En attendant que le gouvernement de transition et les partenaires de la Guinée trouvent un terrain d’entente, les banques vont devoir multiplier les équations intelligentes pour remobiliser les acteurs économiques.
(*) afrique.latribune.fr/
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