Contre La sansure

Comment le CNRD a bradé l’avenir de la Guinée: Quand 15% deviennent une victoire, la nation est déjà vaincue.

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Monsieur Djiba Diakité se félicite que la Guinée《détienne au moins 15%》 du projet Simandou. Mais d’où viennent réellement ces 15% ? La vérité est accablante : ces 15% de participation dans la mine ne constituent nullement une prouesse du CNRD.

Ils découlent directement du Code minier adopté en juillet 2011, dont l’article 150-I stipule clairement que la participation de l’État au titre de la mise à disposition des ressources est fixée à 15%. Cette obligation légale existait bien avant l’arrivée du CNRD au pouvoir. Se glorifier d’appliquer simplement la loi relève soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit d’une ignorance préoccupante.

Il faut néanmoins reconnaître un acquis : avant septembre 2021, la participation de l’État dans les infrastructures (chemin de fer et port) était de 0%. L’Accord-Cadre de mars 2022 a garanti à la Guinée 15% dans ces infrastructures. C’est une amélioration, mais elle ne doit pas masquer l’essentiel : selon les conventions de base, ces infrastructures ne reviendront à l’État qu’après trente-cinq ans d’utilisation. Trente-cinq ans pendant lesquels Rio Tinto et les groupes chinois contrôleront ces équipements stratégiques et engrangeront l’essentiel des profits. Quand la Guinée prendra enfin les commandes, elle héritera d’infrastructures vieillies et de gisements épuisés.

La propagande gouvernementale mélange délibérément les 15% de la mine (droit légal depuis 2011) et les 15% des infrastructures (acquis en 2022) pour s’attribuer tout le mérite. Se réjouir de 15% alors que le pays possède 100% de son sous-sol n’est pas une victoire, c’est une capitulation.

En quatre ans, le CNRD n’a entrepris aucune révision du code minier pour renforcer les droits de l’État, contrairement à d’autres pays africains. PIRE ENCORE, LE GOUVERNEMENT REFUSE DE PUBLIER LE CONTRAT MINIER DE SIMANDOU EN VIOLATION FLAGRANTE DE L’OBLIGATION DE TRANSPARENCE. Que cherche-t-on à cacher au peuple ?

Pour la mine, l’État peut participer jusqu’à 35%, mais seulement en payant des milliards de dollars que le pays ne possède pas. Les chiffres sont accablants : Simandou recèle 4 milliards de tonnes de minerai de fer, prévoit une production annuelle de 100 millions de tonnes, représente 15 milliards de dollars d’investissements et pourrait générer plus de 200 milliards de dollars sur vingt à trente ans. Dans ce festin minéral, la Guinée récupère 15% des infrastructures et devra s’endetter pour 35% de la mine. Simfer et WCS détiennent chacun 42,5%. Mathématiquement et politiquement, la Guinée restera éternellement minoritaire.

Pour la mine, l’État peut participer jusqu’à 35%, mais seulement en payant des milliards de dollars que le pays ne possède pas.

Monsieur Diakité affirme qu’aucune décision ne sera prise sans la Guinée. C’est un mensonge. Face à 85% détenus par Rio Tinto et Chinalco, la Guinée n’a aucun pouvoir de blocage. Dans toute décision stratégique, nous serons écrasés par la majorité.

D’autres pays africains font mieux : le Botswana détient 50% de Debswana, le Chili exige 30% dans le cuivre, la Namibie impose 40%, le Ghana a renégocié pour obtenir 30%. La Guinée se contente de 15% gratuits dans des infrastructures qu’elle ne contrôlera que dans trente-cinq ans.

Le plus tragique : en mars 2022, le CNRD avait suspendu Simandou. Rio Tinto et les Chinois étaient prêts à renégocier. Qu’a fait ce gouvernement sans expertise ? Il a capitulé, acceptant des conditions que l’ex président, Alpha Condé, n’aurait probablement pas signées.

Les comptes réels sont alarmants : 13 milliards de dollars de recettes publiques entre 2024 et 2030, tandis que Rio Tinto et Chinalco empocheront entre 50 et 70 milliards de dollars. La Guinée récupère moins de 20% de la valeur créée. Concrètement : moins d’écoles, d’hôpitaux, de routes et d’emplois qualifiés. Pendant que nos enfants manqueront de salles de classe, les actionnaires toucheront des dividendes généreux.

Le ministre du Budget veut que la Guinée s’endette pour financer ses 35% dans la mine. Nous allons emprunter pour payer notre part dans nos propres ressources. Dans dix ans, quand le pays croulera sous cette dette, on invoquera le FMI pour justifier l’austérité imposée au peuple.

Face à ce désastre, deux hypothèses : soit incompétence abyssale, soit intérêts inavouables. Dans les deux cas, la nation perd. Où étaient les experts pour protéger notre patrimoine ?

La Guinée aurait dû exiger : 40 à 50% de participation gratuite dans la mine, transformation locale de 20% du minerai, transfert de technologie, contrôle des infrastructures dès leur mise en service, clause de renégociation tous les dix ans, et création d’un fonds souverain. Au lieu de cela : 15% d’infrastructures inaccessibles pendant trente-cinq ans et obligation de s’endetter pour 35% de la mine.

Le peuple ne peut rester spectateur de ce pillage. Nos ressources appartiennent aux générations présentes et futures. Nous exigeons : publication intégrale des contrats, audit indépendant, renégociation immédiate et poursuites judiciaires contre les responsables.

Dans vingt ans, nos enfants liront comment en 2024-2025, un gouvernement militaire sans légitimité a vendu leur avenir pour 15% d’infrastructures qu’ils ne contrôleront même pas.

Monsieur Diakité, vos 15% ne sont pas une victoire. Ce sont 15% de la mine inscrits dans le Code minier depuis 2011, et 15% d’infrastructures inaccessibles pendant trente-cinq ans. C’est une insulte. Posséder 100% d’une richesse et finir avec 15%, ce n’est pas négocier, c’est capituler. Il est encore temps de corriger cette injustice historique.

《Un peuple qui ne défend pas ses ressources naturelles ne mérite pas d’être appelé nation.》disait Frantz Fanon

Abdoul Karim Diallo


La Souveraineté ne se quémande pas, elle se conquiert

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