Des logements, une Seine plus propre, la vasque… que restera-t-il des JO 2024 ?
C’était l’une des promesses centrales, répétées pendant des mois et des mois par les organisateurs des Jeux 2024 : les investissements mobilisés pour l’événement serviront encore bien après les rendez-vous olympique et paralympique. Cette promesse a été réitérée dès le lendemain de la cérémonie de clôture par Emmanuel Macron : « L’héritage des JO, ce sera l’amélioration durable de notre environnement quotidien », a assuré le président de la République lundi 12 août, depuis le jardin de l’Élysée.
De nouveaux logements, des équipements sportifs, mais aussi une Seine plus propre et de nouvelles pistes cyclables… Après les compétitions, que restera-t-il exactement de ces Jeux de Paris ? France 24 fait le point.
De nouveaux logements en Seine-Saint-Denis
Pendant quinze jours, le village olympique, en Seine-Saint-Denis, a permis d’accueillir jusqu’à 14 500 athlètes et membres de leur staff, selon le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop). À court terme, il va être entièrement nettoyé et « remis à neuf », selon le directeur du lieu, Laurent Michaud, pour les Jeux paralympiques. Au total, 9 000 personnes – dont plus de 4 000 para-athlètes – y sont attendues à partir du 21 août.
Ensuite, après une phase de « reconversion » qui devrait durer environ un an, le village sera transformé en un quartier de Saint-Denis, avec 2 800 nouveaux logements pouvant héberger 6 000 habitants. Deux groupes scolaires et deux crèches devraient aussi y être installés, selon le Cojop, ainsi que des commerces. Tout autour, un grand espace vert doit permettre d’adapter les lieux au réchauffement climatique.
Sur les 2 800 logements, 700 sont proposés à la vente. Pour le reste, une moitié servira pour du logement intermédiaire et l’autre pour du logement social, détaillait le 5 août sur France culture Marion Le Paul, la directrice générale adjointe de la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques. Les premiers habitants arriveront à la rentrée 2025.
Des infrastructures sportives partout en Île-de-France
Du côté des infrastructures sportives, les JO profiteront là aussi à la Seine-Saint-Denis. Le centre aquatique olympique, qui a accueilli les épreuves de plongeon, de natation artistique et de water-polo pendant la compétition, va en effet perdurer. Il en va de même, à Paris, pour l’Arena de la Porte de la Chapelle où se sont tenues les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique.
Toujours en Seine-Saint-Denis, l’ensemble du Parc des sports du Bourget, qui a accueilli le site d’escalade, a été entièrement reconstruit pour l’occasion. « À mon arrivée aux responsabilités en 2020, le lieu était totalement vétuste, son gymnase n’était presque plus aux normes et encore chauffé au fioul, le terrain d’honneur ressemblait à un champ de patates et sa tribune souffrait de nombreuses infiltrations… Les travaux à mener étaient colossaux« , rappelait fin mai dans Les Échos Jean-Baptiste Borsali, maire (divers droite) du Bourget.
Avec un investissement chiffré à 650 millions d’euros, le site possède désormais un gymnase, deux terrains synthétiques et six courts de tennis. « Désormais, nos associations sportives vont pouvoir évoluer dans des équipements neufs et aux dernières normes, qui plus est dans un cadre végétal puisque 1 000 arbres ont été plantés, créant un îlot de fraîcheur dans notre commune très minérale », se réjouissait l’édile.
Ailleurs en Île-de-France, une vingtaine d’équipements ont été rénovés, selon le Cojop. Citons, parmi les plus symboliques, le stade Yves-du-Manoir de Colombes, le seul ayant accueilli des compétitions olympiques en 2024 et en… 1924.
De nouvelles lignes de métro et des pistes cyclables
Propreté, fiabilité, accessibilité… La présidente de l’autorité régionale des transports Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, a énuméré vendredi 9 août les progrès réalisés pendant les Jeux olympiques par les transports publics, assurant avoir la volonté de maintenir certains de ces « acquis ».
Alors que le sujet inquiétait grandement au début des JO, les transports franciliens ont finalement tenu le coup face au flux de voyageurs pendant les quinze jours de compétition, à grands renforts d’effectifs supplémentaires. Des effectifs qui pourraient être partiellement pérennisés dans le cadre de l’héritage des Jeux, a assuré Valérie Pécresse. « La pénurie de conducteurs est derrière nous« , a-t-elle ainsi promis.
L’autre grand chantier sur le front des transports en commun était leur accessibilité. Mais si des efforts ont été faits – 240 gares d’Île-de-France ont été rendues accessibles aux personnes à mobilité réduite –, seules 29 stations de métro intra-muros peuvent accueillir aujourd’hui convenablement des usagers en fauteuil roulant, selon Île-de-France-Mobilités. Encore loin du compte, donc.
Par ailleurs, si les lignes 15, 16, 17 et 18 du métro, promises lors de la candidature de Paris pour les JO, n’ont finalement pas vu le jour à temps, la ligne 14 à quant à elle déjà été prolongée et permet maintenant de relier Saint-Denis à l’aéroport d’Orly. La ligne 11, elle, se poursuit désormais jusqu’à Rosny-Bois-Perrier.
Enfin, un « réseau cyclable olympique » de 400 kilomètres a été mis en place pour permettre aux spectateurs de rejoindre à vélo les sites de la compétition. Quelque 367 kilomètres de ces pistes doivent être pérennisés, selon la préfecture de région Île-de-France.
Une Seine plus propre
Elle a été une star un peu capricieuse de ces Jeux olympiques. Malgré plusieurs entraînements annulés et le report de l’épreuve masculine de triathlon, les athlètes ont finalement pu plonger dans la Seine, comme la maire de Paris Anne Hidalgo, le président du Cojop Tony Estanguet et la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra avant eux. Une victoire politique pour l’édile parisienne qui avait fait de la possibilité de nager dans le fleuve l’une des promesses phares de ces JO.
Mais face aux résultats toujours fragiles sur la qualité de l’eau, tenir la deuxième partie de la promesse – offrir aux Parisiens la possibilité de se baigner dans la Seine chaque été à partir de 2025 – paraît encore incertain.
Le projet a nécessité un engagement colossal. Avec une enveloppe de 1,4 milliard d’euros, un immense bassin de stockage des eaux de pluie et des dizaines de collecteurs ont été mis en place pour éviter que celles-ci ne se déversent dans la Seine et des dizaines de milliers d’habitations ont été raccordées au réseau d’assainissement. Malgré ces efforts, selon un décompte de l’AFP, sur les 11 plongeons programmés pour les compétitions et les entraînements de triathlon et de nage en eau libre, cinq seulement ont été autorisés par les fédérations sportives internationales (natation et triathlon). Le reste du temps, l’eau du fleuve ne respectait pas les normes bactériologiques. En cause : une eau polluée à la suite des orages survenus en amont des entraînements et des épreuves.
« Certains jours, la Seine est dans les clous, mais il va falloir que la qualité de l’eau soit bonne de façon régulière pour pouvoir définir une zone baignable. C’est une directive européenne sur les eaux de baignade qui l’impose« , relève ainsi Lionel Cheylus, porte-parole de l’association Surfrider, qui a effectué des relevés dans le fleuve jusqu’au 15 juillet. « Les intempéries seront toujours une menace pour la qualité de l’eau, et imposeront de fermer la baignade pendant vingt-quatre à soixante-douze heures. »
La vasque olympique conservée aux Tuileries ?
Emblème des Jeux de Paris qui a attiré chaque jour des milliers de personnes, la vasque olympique a été éteinte dimanche soir pour la fin des JO mais sera rallumée pour les Jeux paralympiques fin août. Pour la suite, face à l’engouement suscité, le débat est ouvert mais l’idée de la conserver – comme d’autres villes hôtes olympiques l’ont d’ailleurs déjà fait – a reçu le soutien de nombreuses Parisiennes et Parisiens et de responsables politiques.
Cette vasque « fait rêver aujourd’hui beaucoup de monde », avait souligné peu après l’ouverture de la compétition le président de la République, Emmanuel Macron, avant d’assurer qu’il s’occuperait de son devenir « en temps voulu ». Le Premier ministre, Gabriel Attal, a pour sa part considéré que la conserver à Paris serait une « très belle idée ».
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, s’est elle aussi dite « très partante », sur la chaîne de télévision France 2. « Ce n’est pas moi qui décide puisqu’elle est sur le site du musée du Louvre, qui appartient à l’État. J’ai donc écrit au président de la République », a-t-elle révélé.
S’il n’était pas possible qu’elle reste aux Tuileries, la présidente Les Républicains de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a suggéré de la conserver au parc de la Villette – dans le nord-est de la capitale –, qui a accueilli pendant les Jeux plusieurs maisons des nations en compétition.
Faire perdurer d’autres reliques ?
Outre la vasque olympique, Anne Hidalgo a émis l’idée que les statues des héroïnes féminines de l’histoire de France surgies de la Seine lors de la cérémonie d’ouverture soient installées Porte de la Chapelle, quartier populaire réaménagé pour l’événement, et que les anneaux olympiques demeurent sur la tour Eiffel.
« Il y a une envie collective (…) de garder l’ensemble de ces objets« , a relevé samedi le président du Comité d’organisation des JO, Tony Estanguet, évoquant également le cheval mécanique argenté lancé au galop sur la Seine durant le spectacle inaugural. Avant d’ajouter que « tout cela va être discuté, réfléchi tranquillement dans les semaines qui viennent« .