Doumbouya et son CNRD tiennent aux 36 mois, plutôt qu’aux 24 recommandés par la CEDEAO
En conseil des ministres hier à Conakry, en présence de certains membres du gouvernement malien, le président de la transition guinéenne a déclaré, selon le porte-parole du gouvernement : ‘’il n’est point question d’accepter qu’un quelconque rythme nous soit imposé« .
Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement de transition de Guinée, a précisé que c’est la raison pour laquelle Colonel Mamadi Doumbouya « a fermement invité le gouvernement de continuer à expliquer les 10 actions clés pour un retour à l’ordre constitutionnel. Cela est tellement important que nous devons y mettre un accent particulier et surtout que son contenu soit connu et approuvé par les forces vives de la nation’’.
Ajoutant que des ‘’résistances vont se créer et l’opinion manipulée’’ l’ancien Conseiller de Cellou Dalein Diallo, qui a fini de migrer aux côtés des formations politiques et sociales du CNRD, a précisé que le colonel Doumbouya a appelé à la ‘’résistance en estimant que si ça ne se passe pas maintenant, il serait quasiment impossible de faire ces réformes structurelles et fondamentales pour le développement de notre pays’’, en rappelant qu’au lendemain de la prise du pouvoir, ‘’le CNRD a clairement affiché sa volonté d’aller dans l’inclusivité tout en faisant une rupture avec les habitudes du passé« .
Poursuivant, Ousmane Gaoual Diallo a souligné que pour le président de la transition, ‘’l’exercice des responsabilités permet de savoir que les reformes sont difficiles à être matérialisées et sont encore d’autant plus difficiles quand elles touchent les objectifs ou les intérêts des politiques (…) ». Il a félicité les membres du gouvernement « pour les nombreux efforts qu’ils ne cessent de fournir pour expliquer les défis de la transition, notamment économique, sécuritaire et politique », et les a encouragé à ‘’poursuivre l’effort de pédagogie afin que chaque guinéen comprenne les enjeux de la transition et le contenu du chronogramme de la transition’’.
Mais pour un cadre de l’ANAD de Cellou Dalein Diallo, « ce n’est pas en envoyant les forces militaires et paramilitaires du pays contre les civils, des militants pro démocratie, qui répondent à l’appel du FNDC et des forces politiques, pour prendre part à des marches pacifiques que l’on va reconstruire ce pays. Si le CNRD, le gouvernement et le CNT qu’il a mis en place voulaient vraiment que les choses changent dans ce pays, ils auraient fait leurs déclarations de biens, comme la Charte de la transition qu’ils ont imposée au peuple. La refondation dont ils parlent, la CRIEF et tout leur charabia, ça ne tient pas la route. Est-ce que les revenus de Dansa Kourouma du CNT, des membres du Gouvernement leur permettent d’avoir leur train de vie actuel ? Non. Ils pourraient nous parler de fonds de souveraineté. Si tel est le cas, qu’ils se souviennent que c’est entre autres, ce qu’ils reprochent à Kassory (ancien premier ministre du pouvoir déchu le 5 septembre, ndlr)« .
Pour un analyste politique, « dans le bras de fer que Conakry tente de livrer à Abuja (CEDEAO), Doumbouya et ses camarades du CNRD doivent comprendre qu’ils seront les perdants. D’abord parce que les forces vives du pays, notamment l’UFDG de Cellou, l’UFR de Sidya, le FNDC de Foniké et même le RPG a-e-c de Kassory, mobilisent au moins 90 % de la population. Et ils veulent une transition raisonnable d’au maximum 24 mois, ayant commencé depuis l’installation du CNT, le 5 février. Ensuite, la Communauté internationale est prête à accepter la recommandation de 24 mois, comme cela été accordé au Mali et au Burkina. En fin, Doumbouya et ses camarades ne pourront pas résister aux sanctions de la communauté internationale, qui mettront le pays à terre. Le Mali s’en est rendu compte et a abdiqué« .