En cherchant à justifier l’interdiction des manifestations, le CNRD s’accuse s’en rendre compte
La quasi totalité des membres du CNRD fait partie du commandement des forces militaires et paramilitaires, au service du régime dictatorial d’Alpha Condé. Ils sont responsables de la longévité de ce régime illégitime, sanguinaire, de népotisme et de gabegie en Guinée, endettée de plus de quatre (4) milliards de dollars, pour enrichir sa classe militaro-politique.
Dans leur communiqué d’hier mardi 31 mai, ils indiquent que « le CNRD et son président, président de la transition, tiennent à rassurer l’opinion nationale et internationale que le respect des libertés publiques a toujours été leur préoccupation depuis le 5 septembre 2021« .
Tous nous croyions en leur bonne volonté lors de leur prise du pouvoir. La coordination du FNDC avait même décidé de retirer les noms de certains d’entre eux, notamment celui du Colonel Mamadi Doumbouya, de la liste envoyée à la CPI. Cellou Dalein Diallo, incontestable leader du plus grand parti politique de Guinée, depuis l’élection présidentielle de juin 2010 (les résultats de la seule élection démocratique en Guinée, depuis le referendum d’octobre 1958, l’avaient démontré) a pris les devants pour plaider auprès des partenaires internationaux le soutien à la transition.
Le CNRD se vante pour « la libération des sièges de certains partis politiques et de tous les détenus politiques, la liberté d’expression, la restitution des documents de voyage et le retour des exilés politiques, pour ne citer que ceux-là« , et souligne que ces faits « illustrent bien cette volonté« , en rappelant que « de 2010 à 2021, la Guinée a connu plus de 700 marches violentes. Ces marches ont occasionné des centaines de morts, des milliers de blessés et des dégâts matériels innombrables sur tout le territoire national, dont les causes et les circonstances demeurent encore non élucidées à date« .
Le CNRD fait bien de remettre sur la table ce triste bilan, car s’il y a eu autant de manifestations, ce n’était pas par la volonté de la classe politique républicaine. Le refus du régime d’Alpha Condé, dont ils étaient le bras armé, est l’unique responsable de ces « centaines de morts, des milliers de blessés et des dégâts matériels innombrables sur tout le territoire national, dont les causes et les circonstances demeurent encore non élucidées à date ». S’ils avaient été des forces républicaines, patriotiques, ils n’auraient pas accompagné cette dictature. Ils n’auraient pas attendu le 5 septembre 2021 pour le faire. En octobre 2019, plutôt que de tirer sur les populations mobilisées par le FNDC, pour défendre la constitution, ils auraient dû mettre fin à ce régime.
Le CNRD insiste sur cette mauvaise situation sociopolitique en indiquant que « le tissu social et la cohésion nationale ont été sérieusement éprouvés », en rappelant « les malheureux événements du 28 septembre 2009, causés par les mêmes marches » pour justifier son refus d’autoriser la tenue des marches pacifiques que comptent organiser les forces vives guinéennes. Pour les nouvelles autorités guinéennes, c’est « conscients de tous ces facteurs et ayant. le souci du dialogue et de la concertation entre les fils et filles du pays, le président de la transition, avec l’appui de toutes les bonnes volontés, a mis en place le Conseil National de la Transition au sein duquel siègent les représentants de toutes les forces vives de la nation« .
Le CNRD du Colonel Doumbouya est en train d’échouer en raison de son refus de travailler avec les patriotes démocrates
Ce Conseil dit national, comme on le sait, a été sélectionné par ceux que l’on appelle « les mains noires« . Les véritables forces vives guinéennes, en ont été écartées. Autour du CNRD, il y a des forces anti démocratiques comme celles qui conseillaient le CNDD du Capitaine Moussa Dadis Camara en 2009 et le Général Sékouba Konaté en 2010. Parmi elles, se trouvent des architectes de la dictature d’Alpha Condé (décembre 2010 – septembre 2021). Le CNRD du Colonel Doumbouya est en train d’échouer en raison de son refus de travailler avec les patriotes démocrates et de leur préférer des acteurs sociopolitiques non représentatifs qui, à l’ouverture du cadre de concertation ont reconnu l’absence des acteurs réels du paysage sociopolitique, regroupés au sein au G58 et du RPG a-e-c et alliés.
De ce fait, le CNRD a tort de dire qu’il a mis en place « le Cadre de concertation inclusif (…) à la demande des partis politiques, élargi aux représentants de toutes les forces vives de la nation, sous la coordination du Premier ministre, chef du gouvernement« , en soutenant que « ces deux entités sont bien indiquées pour servir de cadre de dialogue au sein duquel les contradictions et les incompréhensions peuvent être débattues en toute sérénité et dans l’intérêt supérieur de la nation« .
Si cela était le cas, le CNRD aurait accepté de mettre en place le Cadre du dialogue permanent tel que demandé les forces vives plutôt que le Cadre de concertation qui ne comprend que des groupes sociopolitiques non représentatifs, qui cherche à faire perdurer le plus longtemps possible cette période de transition, conscients qu’ils sont de disparaître du paysage au lendemain des élections libres, inclusives et transparentes.
Ajoutant que « le président de la transition n’a jamais caché sa volonté de consacrer son temps personnel à la résolution de tout différend dont la solution n’a pas été trouvée au sein de ces deux instances« , le CNRD informe qu’en « conséquence, rien ne pourra justifier les marches en cette période sensible de la vie nationale où les Guinéens ont repris à se parler en frères« , et invite « les acteurs des forces vives de la nation autour de la table, afin de débattre de tous les désaccords ou différends éventuels« , en soulignant que « le CNRD et son président réitèrent qu’aucune marche ne sera autorisée aussi longtemps que les garanties d’encadrement ne seront pas réunies« .
Parce qu’il ne parle plus de « périodes électorales » pour autoriser les manifestations, mais de « garanties d’encadrement« , il faudrait noter que le CNRD fait un petit pas en arrière. Les sorties maladroites, contre la CEDEAO et la communauté internationale, de certains de ses idéologues comme Dr. Dansa Kourouma du CNT, sont le signe que les nouvelles autorités guinéennes perdent leur sang froid.
En cherchant à justifier l’interdiction des manifestations, le CNRD s’accuse s’en rendre compte, car ce sont les forces militaires et paramilitaires, dont il est issu, qui ont fait ces nombreuses victimes. Au sommet de la CEDEAO d’Accra, en fin de semaine, comme le CNRD tient à son plan de conduite de la transition, marqué par une chasse aux sorcières.