Contre La sansure

En Guinée, deux chercheurs français accréditent la thèse du complot contre l’ancien président Alpha Condé

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Une transition longue, l’absence d’amélioration des conditions de vie de la population, la restriction des libertés et la marginalisation des principales formations politiques constituent, selon deux experts français, un cocktail explosif pour la Guinée.

« À l’inverse de ce qui s’est passé au Mali en 2020 et au Burkina Faso en 2022, le coup d’État du 5 septembre 2021 ne sanctionnait pas la défaite des autorités face à l’insécurité et à la rébellion. […] Mamadi Doumbouya semblait alors sur le point de tomber en disgrâce (il avait été prié de réduire le nombre de ses forces à Conakry et avait été assigné à résidence). Au-delà de sa survie et de l’élimination de son rival Mohamed Diané (actuellement en prison à la Maison centrale), le putsch lui a permis de préempter l’éventuelle prise du pouvoir par d’autres poids lourds du système d’alpha Condé. »

Les deux hommes qui rédigent cette note alarmiste sur la situation en Guinée ne sont pas d’obscurs militants du Rassemblement des peuples de Guinée (RPG), ex-parti au pouvoir, et adeptes de la théorie de complot, selon laquelle le putsch était destiné à prémunir Doumbouya des poursuites judiciaires pour son implication dans le trafic de drogue en provenance d’Amérique latine. Bien au contraire, Thierry Vircoulon et Sani Piers sont deux chercheurs reconnus, qui ne peuvent nullement être soupçonnés de connivence avec l’ancien chef de l’État.

Pour ces deux chercheurs, Mamadi Doumbouya s’est immédiatement efforcé « de neutraliser ses rivaux potentiels aussi bien civils que militaires. Dès le 12 octobre 2021, 42 généraux ont été mis à la retraite, de peur que leur sens de la hiérarchie ne les rende réticents à servir une junte de colonels […] Les opposants civils sont neutralisés par la voie judiciaire. Créée le 2 décembre 2021 par ordonnance présidentielle afin de poursuivre les anciens dirigeants et leurs obligés, la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) est clairement chargée de solder les comptes de l’ancien régime et a permis de décapiter les oppositions, en jetant en prison les leaders du RPG et en incitant ceux de l’UFDG et de l’UFR à l’exil. À eux seuls, ces trois partis totalisaient 95% des voix aux élections de 2015 selon les décomptes officiels. »

Et ce, « plutôt que de préparer le retour à l’ordre constitutionnel et de s’atteler à la rédaction d’une nouvelle constitution et du code électoral.  [Le]  CNRD a donné la priorité au musèlement de toute opposition et au contrôle des institutions. La militarisation de l‘appareil étatique, le musèlement de toute opposition et l’instrumentalisation de la lutte anti-corruption tendent à démontrer que le colonellisme guinéen semble vouloir s’installer dans la durée. »

Cette note, si besoin en était encore, tord le cou aux prétextes qui avaient été présentés pour justifier le coup d’État. Grâce à elle, on apprend que le principal objectif des auteurs du putsch et leurs commentaires tapis dans l’ombre était de s’en prendre à un dirigeant véritablement patriote, qui s’échinait, contre vents et marées, à relever son pays. Car, comme l’écrivent les deux chercheurs, contrairement à d’autres pays comme le Mali, le coup d’État en Guinée n’est pas intervenu à la suite d’une révolte ou d’une manifestation populaire. La réforme constitutionnelle consacrant le changement de la République n’en était pas la cause, puisque la consultation populaire a eu lieu, le principal leader de l’opposition a certes boycotté le référendum et les législatives, mais a pris part à l’élection présidentielle. Le même scénario s’est produit en Côte d’Ivoire sans faire de vagues. L’opposition ivoirienne a boycotté l’élection présidentielle, laissant le président Alassane Ouattara avec un seul candidat, tandis qu’en Guinée, il y a eu une dizaine de candidats contre le président Alpha Condé.

Ce qu’il faut savoir par ailleurs, c’est que les détracteurs d’Alpha Condé d’Afrique et d’ailleurs veulent le présenter « comme le responsable d’un bain de sang, alors que l’actuel putschiste en chef, à la tête des forces spéciales, a directement participé à une vague de répression mortelle, allant jusqu’à se filmer lui-même, exhibant les dépouilles de ses victimes comme s’il s’agissait d’un trophée. » Voilà pourquoi Mamadi Doumbouya, comme l’ont démontré les avocats de l’ancien président, « fut alors désigné et visé par le FNDC (représentant la société civile) comme le primus inter pares sur la liste des personnes que la Cour pénale internationale devrait poursuivre. Une vision opportuniste du coup d’État du 5 septembre 2021 pourrait expliquer que sa prise de pouvoir n’aurait d’autre but que de le protéger – pour l’instant – contre de telles poursuites. D’ailleurs, depuis, qu’a-t-il fait d’autre que d’inaugurer les réalisations d’Alpha Condé en se les appropriant, et d’affronter l’incompréhension de la communauté internationale ? »

Aussi, les détracteurs de l’ancien chef d’État « veulent le présenter comme un prévaricateur qui aurait pompé l’argent des fabuleuses mines guinéennes – mais où le trésor aurait-il été caché ? Alpha Condé possède le même appartement à Paris que du temps où il était un intellectuel du Quartier latin ! Et nul accusateur public n’a jamais trouvé, à lui et à ses proches, aucune propriété – ni en France ni ailleurs –, ou aucun compte en banque. Or on sait que tout flux financier, même offshore, serait aujourd’hui délabyrinthé et scrupuleusement tracé par les moyens techniques imparables dont dispose la police financière internationale. »

Au contraire, « les agrégats macro-économiques obtenus durant sa présidence sont édifiants. Malgré trois ans de crise sanitaire Ébola et deux ans de pandémie de Covid-19, les résultats sont exceptionnels. En dix ans, le produit intérieur brut (PIB) de la Guinée est passé de 6,7 milliards à 15,6 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale. S’agissant de l’énergie, la Guinée est passée d’une production de 270MW en 2010 à 1 100 MW en 2020, avec, notamment, les barrages de Kaleta et de Souapiti, mais aussi avec le puissant groupe à gaz de Kankan, dont la junte voudrait usurper la paternité. En 2010, le pays ne possédait qu’une seule cimenterie, en mauvais état ; aujourd’hui, la Guinée est exportatrice de ciment. En 2010, il n’y avait aucune usine de farine ; la Guinée en exporte désormais.

Port de Conakry

« Le Port autonome de Conakry, qui était l’un des moins compétitifs en 2010, est aujourd’hui, avec l’aide des Turcs d’Albayrak, l’un des plus performants d’Afrique. La Guinée est le seul pays minier qui affectait directement 15% de ses recettes minières à ses populations. Alors qu’en 2010 les paysans connaissaient à peine les engrais et les herbicides, ils disposaient, en 2020, de 100 000 tonnes d’engrais, et le pays est passé à la mécanisation de son agriculture. »

En dépit de ces performances exceptionnelles, les détracteurs d’Alpha Condé nous avaient habitués avec leurs virulentes critiques et leurs diatribes. Il ne se passait un seul jour sans que les médias, surtout occidentaux, vitupèrent contre le premier président démocratiquement élu de la Guinée, au prétexte que celui-ci se serait offert un troisième mandat, alors que dans le même temps, certains chefs d’État africains amis des occidentaux, qui ont accompli un nombre incalculable de mandats à la tête de leur pays, sont choyés. Une injustice révoltante.

Médias.

In. https://lerevelateur224.com/2023/05/16/en-guinee-deux-chercheurs-francais-accreditent-la-these-du-complot-contre-lancien-president-alpha-conde/

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