Enlèvement de Foniké et Billo: « Le lieutenant-colonel Lasgleyzes doit être auditionné comme témoin par la justice française… »

Révélations : à l’inverse de nombreux pays, la France n’a pas eu un mot d’inquiétude pour Foniké Menguè et Billo Bah, les deux leaders de la société civile arrêtés par la junte le 9 juillet dernier et disparus depuis lors.
Si la France se tait, c’est aussi parce que la France sait. Et qu’elle est complice (a minima par son silence). Elle a de très nombreux relais à l’intérieur même de l’appareil sécuritaire guinéen, qui lui ont sans doute permis de connaître le sort effroyable réservé aux deux activistes.
En effet, notre pays envoie des coopérants militaire appuyer la dictature du général Mamadi Doumbouya. Malgré les multiples crimes de la junte, ce soutien n’a jamais cessé. On retrouve nos officiers dans l’armée mais aussi dans la gendarmerie guinéenne. Ils portent même l’uniforme local.
S’ils se font très discrets, j’ai pu identifier l’un d’entre eux, le lieutenant-colonel Christophe Lasgleyzes. Celui-ci est le conseiller personnel du patron de la gendarmerie, le général Balla Samoura, l’un des principaux commanditaires du rapt et de la torture de Foniké Menguè et de Billo Bah. Le lieutenant-colonel Lasgleyzes est arrivé en Guinée en août 2021, quelques semaines avant le putsch qui a porté Mamadi Doumbouya au pouvoir. Il avait précédemment commandé un escadron de sécurité routière en Haute-Garonne.
Il est depuis au cœur de l’impitoyable machine de répression qui broie toute voix dissidente en Guinée. Le lieutenant-colonel Lasgleyzes doit être auditionné comme témoin par la justice française, dans le cadre de l’enquête sur la disparition forcée des leaders du FNDC. Il pourra peut-être dire ce que les autorités guinéennes ont fait et ce que les autorités françaises ont caché.