Enlèvement du journaliste Marouane Camara : « Quand on était aux Etats Unis, il m’avait dit craindre pour sa sécurité »
Le journaliste Habib Marouane Camara a été enlevé mardi dernier, 3 décembre 2024, à Conakry pour une destination encore inconnue. Cet enlèvement a suscité assez d’inquiétude et d’indignation au sein de l’opinion publique en Guinée et à l’extérieur du pays. Plusieurs voix se sont élevées pour exiger la libération immédiate de ce professionnel de média.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com, le président de l’Association des journalistes de Kankan (AJRK), Laye Famo Condé, a exprimé son inquiétude face à ce kidnapping.
« C’est avec une grande inquiétude que nous avons appris l’arrestation de Habib Marouane Camara dans la nuit du mardi à Conakry. Il y a peu, il avait annoncé sur son compte Facebook que son arrestation était planifiée par les autorités de la transition. Et voilà que cette planification se concrétise. Le CNRD s’inscrit dans une logique de museler toutes les voix dissidentes, mais je pense que cela est impossible », a-t-il martelé.
Laye Famo Condé avait récemment effectué un voyage aux États-Unis avec Marouane Camara. Selon lui, ce dernier ne cessait d’exprimer ses préoccupations concernant sa sécurité.
« Nous ne savons pas si son arrestation a un lien avec les événements survenus à N’Zérékoré ou ses récentes publications sur sa page Facebook. Cependant, lorsque j’étais aux États-Unis avec Marouane, il évoquait sans cesse ses inquiétudes concernant sa sécurité. Aujourd’hui, son arrestation est une menace mise à exécution, et cela ne joue pas en faveur du CNRD. C’est le moment pour la communauté internationale de prendre cette situation au sérieux, car lors de la prise de pouvoir, des engagements avaient été pris par le CNRD », a-t-il dit.
Depuis le 5 septembre 2021, la presse vit l’une des périodes les plus sombres de son existence en République de Guinée. Sur ce point, Laye Famo Condé estime que l’avenir de cette profession repose sur la solidarité des journalistes du pays.
« L’avenir de la presse guinéenne est entre les mains des journalistes. Ce que nous n’avons pas accepté sous les régimes de Lansana Conté et d’Alpha Condé, c’est ce que nous subissons aujourd’hui avec le CNRD. Il faut une prise de conscience collective pour montrer aux autorités de la transition que la presse reste et demeure un pilier de la démocratie. Sinon, si nous restons les bras croisés, aujourd’hui c’est Marouane, demain ce seront d’autres qui seront pris pour cible. Le CNRD continuera son sale boulot, celui d’arrêter les journalistes, mais cela ne produira aucun résultat positif », a-t-il indiqué.
Laye Famo Condé a également déploré le fait que certaines personnes se réjouissent de l’arrestation de Marouane Camara et de la fermeture de médias respectables comme Doma et Espace FM.
« Cela montre que nous ne sommes pas unis. Certains se réjouissent de l’arrestation de Marouane et de la fermeture de ces médias dignes. Mais, tôt ou tard, cela finira par se retourner contre tout le monde », a-t-il déploré.