Finalement, contre quoi se bat-on en Guinée ?

Voir Cellou Baldé, Maladho Diallo, ces désormais anciens membres du Bureau politique national de L’UFDG, le parti politique de l’opposant Cellou Dalein Diallo, battre campagne pour la confiscation du pouvoir par une junte militaire despotique, corrompue facho-ethniciste interroge et indigne.
C’est surtout effarant, puisque pendant ce temps Abdoul Sakho, leader d’opinion, kidnappé et torturé récemment par les forces spéciales de Mamady Doumbouya, avant d’être libéré a été évacué hier vendredi 11 avril afin de pouvoir bénéficier des soins médicaux adéquats.
Ces attitudes démontrent à quel point la Guinée, son peuple souffrent de la cupidité, de la versatilité de son élite.
Cette élite a la réputation d’être à la base des maux que connaissent notre société: corruption, ethnicité, clientélisme, favoritisme, division, haine, injustice, impunité, inégalité et surtout l’opportunisme politique.
Elle fait preuve d’ambivalence et d’ambiguïté et utilise de nombreuses justifications pour excuser leurs comportements déviants. Dès lors tout se passe, comme si ces déviations étaient perçues à la fois comme une normalité voire une fatalité.
Pourtant rien ne peut expliquer l’allégeance, la complaisance du peuple face à une classe politique responsable de son sous-développement.
Un peuple complaisant et flatteur
Bien que les avis et opinions divergent par rapport à la transhumance avérée des politiciens guinéens.
Une chose est certaine, les guinéens sont complaisants et flatteurs vis-à-vis de cette élite politique pour laquelle, le pouvoir, ses privilèges, la corruption, le pilage systématique et systémique du pays sont les seules raisons de leur engagement en politique.
Ceci démontre l’urgence d’un débat franc sur la protection des biens et fonds publics par le pouvoir judiciaire, gardien des libertés fondamentales et des institutions publiques, la seule garantie contre la corruption, le détournement flagrant des derniers publics.
Et le soutient d’une grande partie des guinéens à ces entrepreneurs politiques évoluant dans des structures clientélistes et népotistes prouve que le Guinéen est pris au piège par ce système oligarchique.
On voit bien que pour ce peuple être politicien signifie manquer de conviction, de principes, d’idéal, d’audaces et d’amour pour la patrie.
En tant que peuple, on veut continuer de se rassembler autour d’une classe politique qui refuse de faire abstraction de ses intérêts personnels, qui refuse de l’honorer, de lui donner sa dignité et son aisance.
Dans ce pays, on déteste les hommes et femmes brillants, excellents, on les mate et tue. On a horreur des hommes et femmes politiques de conviction prêts à couler à pic, avec leurs principes, dignité, moralité autour du cou.
On admet aisément que plus le politicien met en avant ses attitudes antidémocratiques, mafieuses, claniques et ethnicistes, plus il est adulé.
Pour les Guinéens, être politicien signifie être entrepreneur politique
Le politicien doit donc être un bon entrepreneur politique qui fait de son parti politique un fond de commerce et de ses militants, des moutons de panurges au cerveau lobotomisé.
C’est pourquoi de coup d’État militaire à tas de coups, de crise en conflit tout genre depuis 1958, ce sont les mêmes prototypes d’hommes politiques qui pilotent le destin de ce pays.
Et le peuple ne veut pas que cette situation change.
Peut-on d’ailleurs le changer , lorsque la nation guinéenne n’a de fondements que le divisionnisme, l’ethnisme politique, la haine, la corruption organisée.
Et c’est pourquoi la junte militaire guinéenne ne pouvait pas être différente de ses prédécesseurs. Car Ils évoluent tous dans le même monde.
Un monde à la porosité et à la plasticité totale.
Il s’agit d’un petit monde en vase clos, où ce sont les mêmes qui sont interchangeables, qui passent et sautent d’une position à l’autre, d’un univers à l’autre, d’une place à l’autre.
Le CNRD est devenu une créature d’un peuple amnésique
A la vue du soutien inconditionnel d’une partie du peuple aux criminels financiers, au manque de clarté des décisions politiques clivantes de la junte contrairement aux analyses de certains, la conclusion s’impose d’elle-même : le CNRD est devenu une créature d’un peuple amnésique et d’un clan des concepteurs de la violence d’état, des imposteurs et haineux fourbes.

Mamady Doumbouya et les autres avant lui, il y a en réalité un grand risque qu’il soit pire.
Puisque le peuple de Guinée préfère un pays de corruption, de l’incompétence, des inégalités sociales qu’à un pays de justice, de liberté et de développement.
Dans ce contexte, la justice ne sera notre boussole que le jour où nous comprendrons la teneur de ce terme.
Pour le moment, la division sur tout, la haine de l’autre, reste notre boussole.
Contre quoi se bat-on finalement?
Et finalement, on ne se bat pas pour la liberté, la protection des droits humains, pour l’instauration de la démocratie, pour sortir le pays du sous-développement et le peuple de la pauvreté.
On se bat plutôt pour être cet petit collaborateur d’un système criminel, constitué de personnes sans vertu, intelligence et réflexion…
L’exercice du pouvoir et les considérations économiques personnelles pour le contrôle des ressources de l’État, sont en effet chez nombre de ces personnes, l’un des principaux enjeux de l’engagement politique.
À L’UFDG, tout comme au RPG-arc-en-ciel, on se bouscule désormais pour appartenir à ce clan des médiocres, des pires et des imposteurs où seulement quelques privilégiés de l’État ont le droit de prendre les rênes du pays.
Pourtant, leur pouvoir reste le reflet de l’incompétence, de la médiocrité, le management des pires.
Et ceci met en relief le déficit de leadership auquel la Guinée est confrontée depuis plus de six décennies d’indépendances, manquant de responsables politiques intègres, capables de surpasser leur ego, afin de sortir le pays de cette situation de cul de sac sans fin.
Ce qui compte pour cette junte militaire et ses collaborateurs, c’est comment continuer à s’accaparer de tous les leviers de commandes du pays pour brimer et escroquer la population et la mettre sous tutelle du néocolonialisme pour faciliter sa déshumanisation et le pillage systématique de ses ressources au profit de l’intérêt des structures internationales mafieuses dominantes.
Morisandan Kouyaté, l’actuel ministre des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger est l’un des pions fiables de ce système.
D’où l’impérieuse nécessité pour lui d’envoyer une délégation d’expulsion et de déshumanisation des Guinéens en Allemagne.
Aïssatou Chérif Baldé
In. https://african-panorama.com/2025/04/12/finalement-contre-quoi-se-bat-on-en-guinee/