Côte d’Ivoire: le PPA-CI et le PDCI suspendent leur participation à la CEI et l’accusent de partialité

En Côte d’Ivoire, deux des principaux partis d’opposition suspendent leur participation à la Commission électorale indépendante. Le PDCI de Tidjane Thiam et le PPA-CI de Laurent Gbagbo ont annoncé leur décision vendredi 11 avril, à un peu plus de six mois de la présidentielle. Ces dernières semaines, les deux formations ont critiqué le processus électoral.
Avec notre correspondant à Abidjan, Benoît Almeras
Principal grief en commun, le PDCI comme le PPA-CI dénoncent des irrégularités dans la liste électorale. D’électeurs morts, fictifs ou mal enregistrés, six millions de personnes ne méritent pas de figurer sur la liste électorale, pour le PPA-CI. Soit environ deux tiers des inscrits.
Il y a trois semaines, le parti de Laurent Gbagbo avait promis de déposer des réclamations massives. Au total, la Commission électorale indépendante (CEI) en a officiellement reçu moins de 12 000, dont la moitié pour des rectifications d’identité.
Les deux partis réitèrent aussi leurs appels à un dialogue politique entre le gouvernement, l’opposition et la société civile.
Dans son communiqué, Laurent Gbagbo juge en outre que la CEI s’est, selon lui, « discréditée et disqualifiée ». L’ex chef d’État accuse la commission électorale de « violer ses propres textes pour satisfaire les intérêts du pouvoir », mais aussi « d’écarter des leaders de l’opposition de la course à la présidentielle ».
Pour rappel, Laurent Gbagbo est candidat du PPA-CI pour la présidentielle, mais l’opposant est radié de la liste électorale depuis 2020 à la suite d’une condamnation par la justice ivoirienne.
Contactée par RFI, la Commission électorale indépendante n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le mois dernier, son patron Ibrahime Coulibaly-Kuibiert avait rejeté les critiques, en assurant que la CEI n’a aucune « chapelle » politique et n’est l’adversaire de personne : « Notre rôle est d’appliquer les règles édictées par la Constitution et les lois de la République », avait-il martelé.
Le PDCI détermine son candidat
le PDCI prépare sa convention pour choisir son candidat à la présidentielle du 25 octobre rapporte notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne. Une convention éclatée se tient mercredi 16 avril, dans plusieurs villes du pays. Le parti s’apprête à tenir une convention avec une candidature unique, alors que des incertitudes demeurent autour de son leader.
Selon le PDCI, une seule candidature a été déposée pour la convention nationale : celle de Tidjane Thiam. Jean-Louis Billon ne participe pas à cette convention : le député PDCI de Dabakala déplore l’absence de « dialogue vrai et constructif ». Jean-Louis Billon aurait souhaité la tenue d’un Congrès (qui ne s’est pas produit depuis plus de dix ans) avant la Convention. Il émet par ailleurs des doutes sur la transparence de ce scrutin, qui va se dérouler dans 45 sites répartis dans plusieurs villes du pays.
« Nous avons mis en place plusieurs instruments pour assurer la transparence du vote », assure un membre du comité central : « les résultats seront publiés bureau de vote par bureau de vote, avec la présence des représentants de chaque candidat », poursuit cette source.
Quant à Tidjane Thiam, « son dossier est complet, son certificat de nationalité est là », ajoute ce responsable, pour balayer les inquiétudes autour de la validité de son dossier. Si une action judiciaire s’est éteinte contre Tidjane Thiam, ce dernier fait face à une autre procédure devant le tribunal de première instance, dans laquelle Valérie Yapo, une militante du PDCI, remet en cause la légalité de son élection à la tête du parti en décembre 2023.
Tidjane Thiam est en France depuis quelques semaines. Malgré son absence à son premier Bureau politique, « on est déterminé à aller jusqu’au bout, quelques soient les événements et les tracasseries », affirme Soumaïla Bredoumy, le porte-parole du PDCI. « Nous ne pouvons pas entrevoir la possibilité de gagner le pouvoir après 25 ans d’absence et finalement baisser les bras ».