Contre La sansure

Floraison des forages clandestins: ces menaces de séisme qui pèsent sur Conakry

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A Conakry, plus de 23. 000 forages clandestins existent dans la ville, selon la direction nationale des gestions catastrophiques et l’urgence environnementale. Une situation qui ne reste pas sans conséquences tant sur le plan géologique que sur le plan sanitaire. Si ces pratiquent ne cessent pas, la capitale guinéenne pourrait être invivable après 10 ou 20 ans, ont averti les spécialistes de l’environnement.

«Vous allez remarquer aujourd’hui que dans les différents quartiers, il peut y avoir près de 10 à 20 forages dans les mêmes localités. Cependant, si toutefois les familles sont informées, sensibilisées, coordonnées, elles pouvaient avoir un seul forage qui pouvait servir toutes ces populations qui sont là-bas. Mais ne connaissant pas les effets que cela peut donner à l’avenir, c’est pourquoi ils s’y mettent», a signalé le directeur du centre national de gestion de catastrophes et des urgences environnementales.

Monsieur Alhassane Barry estime que si l’on continue à creuser ou à forer la terre, les grands risques sont entre autres : le tremblement de terre, l’éboulement et le glissement de terrain.

«Vous savez que notre pays n’est pas à l’abri de séisme. On en a vécu en 1984, et il y a de ces populations qui se plaignent de ça. Quand nous continuons à agresser la nature, la terre…, le phénomène va revenir. Parce que ça ne fait pas plus d’un mois, mon point focal de Ratoma m’a remonté un cas de séisme mais l’amplitude un peu faible à Lambangni, au niveau du carrefour centre commercial. Mais quand nous avons constaté le lieu, nous avons remarqué qu’il y a un certain nombre de forages qui sont creusés dans les parages. Donc c’est pourquoi le ministère de l’environnement, à l’instar des autres ministères de l’hydraulique, et de l’Administration du territoire doivent se retrouver à l’urgence pour pouvoir règlementer ce programme de floraison des forages non seulement dans Conakry, mais aussi les autres régions de la Guinée. Si toutefois, c’était réglementé, c’est encore facile d’avoir un seul forage dans un lieu bien déterminé et qu’on fasse de canalisation pour les autres familles», souligné M. Alhassane Barry.

Les forages non règlementés sont souvent sources d’autre problèmes également, surtout ceux liés à la santé, ajoute le DG du centre de gestions catastrophiques et des urgences environnementales :

«L’eau que nous consommons dans les forages ne sont pas traitées. Les forages ne traitent pas l’eau. La population prend cette eau de cette manière pour la consommer. Il y a de ces qualités d’eau qui ne sont pas propres à la consommation. Ces qualités d’eau, dont le pH a une grande valeur. Mais la population ne peut pas se rendre compte, il faut un laborantin. Donc c’est pourquoi quand un forage est creusé ils doivent faire part au laborantin pour savoir le PH de l’eau. Savoir est-ce que l’eau-là est propre à la consommation. Donc si cela n’est pas fait, ça peut créer des maladies à la longue qui vont se répercuter et faire des morts d’hommes. Mais à part cela, il faut voir aussi l’entretien de cette eau. Il n’y a pas d’hygiène. Les cuves ne sont pas traitées. Ce sont aussi des risques de maladies hydriques.»

Face à la situation décrite ci-dessus, monsieur Barry a fait une invite aux citoyens : «La population doit s’informer autour de ces programmes de forages avant de s’y mettre. Parce que s’ils sont informés, ils ne vont pas continuer à creuser les forages dans les mêmes lieux en grande quantité, sinon après 10 à 20 ans, ils ne pourront plus vivre là, parce qu’il peut y avoir glissement de terre, les maisons vont s’écrouler, personne ne va vivre dans ces lieux. Si quelqu’un veut faire un forage, il faut qu’il se réfère au ministère de l’environnement. Ce qu’il y a lieu de faire, il faut réglementer.»

Ce qu’envisage la SEG

Le directeur général de la société des eaux de Guinée (SEG), informe à son tour que ce des milliers de forages sont construits de façon anarchique sans l’autorisation des services habilités et sans aucun respect de la disposition en la matière. C’est pourquoi ils ne sont soumis à aucun contrôle de qualité pour la plupart.

«Aujourd’hui cette prolifération est une menace pour l’environnement et même la géologie. Parce que la plupart des forages sont construits en hauteur. La multiplicité des forages et des puits à travers la ville revêt des conséquences que sont : l’instabilité et la fragilité des terrains, la rupture des canalisations, la fissure des façades et la dégradation de l’écoulement des eaux souterraines», a déclaré Aboubacar Camara.

Par contre le DG de la SEG reconnait que le secteur de l’eau n’a pas connu de progrès au cours de ces trente dernières années dans le pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui les besoins sont au-dessus de l’approvisionnement.

«Sachez que les besoins en eau de la population de Conakry sont estimés à 400,000 m3 d’eau par jour alors que la SEG produit et fourni 150,000m3 donc un déficit de 250,000 m3 /jour. Les populations se sont donc ruées à la construction de forage dont la majorité échappe au contrôle de l’Etat. À date, le gouvernement travaille d’arrache-pied pour résoudre cette problématique qui constitue une grande priorité pour le CNRD. C’est la raison pour laquelle que vous pouvez constater de grands chantiers qui sont ouverts un peu partout à Conakry dans le cadre de l’accès à l’eau potable. Il s’agit d’une situation assez compliquée que nous déplorons tous», a-t-il annoncé.

PAR Tidjane DIALLO

guinee360.com

 

In https://www.guinee360.com/02/11/2022/floraison-des-forages-clandestins-ces-menaces-de-seisme-qui-pesent-sur-conakry/

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