Contre La sansure

GUERRE POUR LE POUVOIR AU SOUDAN : La communauté internationale n’a pas le droit de baisser les bras

0

Depuis que la situation a dégénéré, le 15 avril dernier, au Soudan, pour se transformer en guerre fratricide pour le pouvoir, entre le Général Al-Burhan et son ancien adjoint, le Général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemeti, la vie est devenue un véritable enfer pour les populations prises entre le feu nourri des combattants.

Et il ne se passe pas un seul jour sans que ce pays ne compte ses morts qui, en une dizaine de jours, ont franchi la barre des 400 victimes. Le pire est que jusque-là, aucune lueur d’espoir de retour imminent à la paix, ne pointe à l’horizon. Et la situation risque de se dégrader davantage en raison de l’attitude des deux belligérants qui restent sourds aux appels de la communauté internationale, à la cessation des hostilités. C’est dans un tel contexte de vives tensions et de combats acharnés que depuis quelques jours, certains pays se sont lancés dans l’évacuation de leurs ressortissants.

Ainsi en va-t-il de nombreux pays comme les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Tchad qui ont tous déjà entrepris ces types d’opérations de rapatriement visant à mettre à l’abri, leur personnel diplomatique ainsi que ceux de leurs ressortissants désireux de s’éloigner des zones de combats.

Ces évacuations de ressortissants étrangers sonnent comme un aveu d’échec de la communauté internationale à imposer la paix

Une chance inouïe que ces derniers ont sans doute de sauver leur vie au regard de la violence des combats. A ce titre, il faut saluer la solidarité internationale qui a permis d’évacuer des ressortissants de certains pays moins nantis. Mais quid de ceux qui ne bénéficieront pas de cette chance ? Il faut croire que beaucoup seront condamnés à rester parfois malgré eux et à vivre le calvaire de ces affrontements dont nul ne saurait, pour l’instant, prédire l’issue. Pour eux et pour tous ces Soudanais qui n’ont, de toute façon, pas d’autre choix que de rester dans leur pays et qui se trouvent pris au piège des balles et des canons, on peut même craindre une intensification des combats. Ce d’autant plus que malgré les multiples appels au cessez-le-feu, les belligérants refusent toujours d’entendre raison.

C’est tout le drame de cette guerre insensée pour le pouvoir entre deux protagonistes aux ego surdimensionnés et qui, au delà de la haine viscérale qui semble transparaître dans leur attitude de défiance l’un vis-à-vis de l’autre, sont en train de dresser le bûcher contre leur peuple pour assouvir des ambitions personnelles. En tout état de cause, ces évacuations de ressortissants étrangers au moment où le pays semble glisser inexorablement vers l’impasse, sonnent comme un aveu d’échec de la communauté internationale à imposer la paix.

D’où viendra alors le salut ? La question est d’autant plus fondée que ce choix des principales puissances occidentales et autres pays africains de procéder à l’évacuation de leurs ressortissants, est un mauvais signal qui pourrait prêter à équivoque, en laissant penser que la communauté internationale est dépassée par les événements en cours au Soudan.

Quel que soit le vainqueur de cette guerre pour le pouvoir, c’est le Soudan qui en sortira perdant

Et si cela devait être une façon, pour elle, de se laver les mains du conflit en laissant les protagonistes s’affronter face-à-face, ce serait encore bien pire. Car, ce serait livrer à lui-même un pays déjà à la peine, avec une comptabilité macabre qui pourrait battre de bien tristes records. Le Soudan n’a pas besoin de ça. Il a plutôt besoin d’aide pour se sortir du bourbier dans lequel les hommes en treillis sont en train de l’enfoncer depuis maintenant plusieurs années.

C’est pourquoi la communauté internationale n’a pas le droit de baisser les bras, face à la tragédie qui se joue sur ces bords du Nil.  C’est le sort de tout un peuple qui est en jeu, de même que celui de nombreuses innocentes vies qui risquent d’être inutilement fauchées. C’est pourquoi il est de la responsabilité de la communauté internationale de trouver les voies et moyens pour faire taire les armes par la cessation immédiate des hostilités, sous peine de voir le pays aller en lambeaux ou sombrer dans une guerre d’usure en raison du rapport de forces qui a encore de la peine à se dessiner sur le terrain.

En tout état de cause, quel que soit le vainqueur de cette guerre pour le pouvoir, c’est le Soudan qui en sortira perdant. Car, de Al-Burhan ou de Hemeti, on ne sait pas qui est la peste et qui est le choléra pour ce pays à la croisée des chemins, avec un peuple qui ne cesse de crier sa soif de démocratie. Autant dire que le Soudan est en train de toucher le fond, et les morceaux de la division entre frères ennemis, seront difficiles à recoller, alors qu’après la guerre pour le contrôle du pouvoir, il y aura encore tout un pays à reconstruire. Mais avec quoi ?

 « Le Pays »

In. https://lepays.bf/guerre-pour-le-pouvoir-au-soudan-le-communaute-internationale-na-pas-le-droit-de-baisser-les-bras/

Image de la UNE : Le général Abdel Fattah al-Burhane (à gauche), chef de l’armée au pouvoir au Soudan, et le général Mohamed Hamdan Daglo, chef du groupe paramilitaire FSR, respectivement le 5 décembre et le 8 juin 2022 à Khartoum (Soudan)(ASHRAF SHAZLY / AFP)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?