Guinée : la junte prête à tout pour museler la presse (Par Babanou Timbo Camara)
La presse, un chien de garde de la démocratie. Oui, cette presse, quand elle fouine, quand elle fouille, les détenteurs de la mauvaise odeur la mettent en garde et l’attendent de pieds fermes. C’est ce qui se passe actuellement en Guinée.
La junte a pensé avoir cloué le bec des journalistes en leur offrant une maison de la presse sur un domaine litigieux et des maisons régionales de presse ou en jetant son dévolu sur les hommes de médias en leur accordant des postes de responsabilités au sein du gouvernement.
La démocratie guinéenne est-elle mal menée ? La liberté d’expression et celle de la presse sont-elles en danger ? La réponse est affirmative. Après avoir réussi à interdire les manifestations politiques, intimidé les acteurs sociopolitiques, les autorités de Conakry se lancent désormais dans le musèlement de la presse guinéenne.
Pour preuve, dans la soirée du mercredi à ce jeudi 18 mai 2023, des individus qui se sont fait passés pour des agents de l’Autorité de Régulation, des Postes et Télécommunication (ARPT) ont démantelé les installations du Groupe Afric Vision, un des médias les plus implantés à travers le pays et très indépendant dans l’analyse et le traitement de l’actualité.
Le journaliste de l’émission ‘‘On refait le monde’’ de chez nos confrères de Djoma et administrateur du site ‘‘Lerevelateur224’’, a répondu ce jeudi à une convocation de la Haute Autorité de la Communication (HAC), après les multiples interpellations de nos confrères de l’émission ‘‘Les Grandes Gueules’’, de Bah Saïkou de FIM FM et tant d’autres.
Lors de la manifestation des Forces Vives de Guinée de ce 17 mai 2023, les journalistes Aliou Maci Bah de ‘‘Laguinee.info’’ et Mamadou Macka Diallo de ‘‘Guinee114.com’’ ont été victimes d’agression de la part d’un militaire au rond-point de Bambéto dans la commune de Ratoma. Ce, après que d’autres journalistes soient sommés de quitter les lieux par des militaires armés jusqu’aux dents au même endroit.
Tous ces actes liberticides interviennent au moment où des sites d’informations de très grandes audiences sont victimes de restriction aux nombres desquels : ‘‘Mediaguinee.org’’ et ‘‘Lerevelateur224.com’’. Cette autopsie ne saurait terminer sans qu’on ne fasse cas du refus de renouvellement de la licence de FIM 24 et le refus des autorités de permettre à FIM FM de s’implanter à l’intérieur du pays. La liste n’est vraiment pas exhaustive.
Pire, depuis un peu plus de 24 heures, les réseaux sociaux notamment les plus suivis par les Guinéens où les médias sont présents, sont restreints. Et le ministre porte-parole du gouvernement n’a pas trouvé mieux que de mettre l’huile sur le feu.
Lors du compte-rendu du conseil des ministres, Ousmane Gaoual Diallo, au lieu de jouer à l’apaisement, a brandi des menaces de fermeture de médias notamment des radios comme s’il travaillait à la Haute Autorité de la Communication (HAC).
Au regard de toute cette situation, il y a lieu de s’inquiéter sur la liberté de la presse en Guinée. La junte guinéenne a-t-elle un cadavre dans le placard ? Oui. Il y a des choses qu’on voudrait cacher à la presse si non, on ne la prendrait pas pour une paria surtout lors des manifestations politiques.
Chers journalistes, dormez tranquillement en observant l’agonie de la liberté de la presse ou prenez votre destin en main pour garder jalousement ce droit chèrement acquis ! La balle est dans votre camp !
Par Babanou Timbo Camara
Journaliste à Soleil FM