Contre La sansure

Guinée : les dons présidentiels !

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Chez nous, on apprend souvent que le Président a ‘’offert’’ soit quelques mètres carrés de bitume, soit un pont, une école, un point d’eau ou d’autres infrastructures à des localités du pays. Le prince choisit à qui donner et qui priver en fonction de ses calculs politiques et parfois ses humeurs, sans avoir à le justifier.

Il distribue des faveurs à parents, amis et connaissances, le tout sur le dos du contribuable. Les innombrables conseillers qui remplissent les couloirs des palais ne sont que des griots qui font tout sauf conseiller. Osent-ils le faire d’ailleurs ?

C’est ainsi que des projets d’infrastructures sont orientés vers des zones ciblées par le chef, sans critères de choix objectifs, faisant fi des programmes de développement et des priorités nationales.

Les cérémonies de pose de premières pierres et d’inauguration de ces ouvrages dont ils sont si friands, sont des occasions de chanter des louanges, remercier et formuler des bénédictions à l’endroit du bienfaiteur. C’est comme si le peuple ignorait qu’il est le véritable bailleur de ces projets orientés. Des délégations très coûteuses sont souvent formées et dépêchées avec tambours et trompettes pour aller remercier et dire des prières et des bénédictions en faveur des autorités pour leur prétendue bienfaisance à l’endroit des populations.

Toute la communication qui entoure ces évènements est élaborée pour faire croire que ces ‘’dons’’ sont le fait de la générosité, la bonté et la bienveillance du chef, comme s’ils provenaient de sa propriété personnelle.

Ces missions officieuses généralement composées de personnalités religieuses et autres notabilités sensées mettre les autorités face à leurs responsabilités, leur rappeler leurs devoirs vis-à-vis de leurs mandants ne s’occupent que de leurs propres affaires ! Elles constituent ces missions, parlent et agissent au nom des localités qu’elles prétendent représenter et s’adonnent à des pratiques de corruption, de manipulation et d’achat de conscience.

Ces émissaires auto-désignés profitent de ces audiences pour bénéficier des largesses des détenteurs du pouvoir, résoudre des problèmes personnels et faire croire à ces derniers que leur avènement était annoncé dans les livres anciens. On finit par les convaincre qu’ils sont les seuls capables de gestion et sont par conséquent irremplaçables.

A force d’écouter ces louanges au quotidien, ces derniers finissent par croire qu’ils sont surhumains et investis de missions divines. Ils se placent au-dessus de leurs semblables, gèrent les biens publics comme leurs propriétés privées où ils puisent et offrent à qui ils veulent, comme ils veulent.

Les peuples sont transformés ainsi en des sujets malléables et corvéables à souhait, face auxquels on n’est redevable de rien. Ces visites obscures et malsaines sont surtout des occasions rêvées d’acheter des consciences et se faire des obligés en distribuant des cadeaux calculés et autres dessous de table.

La particularité est que cette forme de corruption se passe au vu et au su de tout le monde. Cela n’émeut absolument personne. C’est ainsi qu’on fabrique de grands dictateurs qui souvent retournent contre le peuple.

Un gouvernement est fait pour construire des écoles, des hôpitaux, des routes etc., créer de l’emploi, assurer le développement et s’occuper des problèmes des populations. Ce ne sont pas des faveurs faites à des nécessiteux que de réaliser des infrastructures, mais l’exécution du contrat qui lie les représentants du pouvoir public au peuple qu’ils ont l’obligation de servir et à qui ils doivent rendre des comptes. Un gouvernement doit produire des résultats ou laisser la place à ceux qui ont les compétences et la volonté de le faire.

Gérer les biens publics est une responsabilité et non un privilège. En lieu et place, on utilise les fonds publics pour battre campagne, soudoyer, corrompre et préparer les esprits aux futures élections. On pousse la déraison au point de tenter se substituer aux électeurs pour décider de qui doit et qui ne doit pas gouverner après eux. Où est la démocratie ?

Les chefs sont flattés et vénérés au point qu’ils finissent par oublier leurs vraies missions. Ils se perdent comme dans un cauchemar, loin des préoccupations des populations, à écouter et servir ceux qui les manipulent, à défendre des causes indicibles et chercher à pérenniser le pouvoir jusqu’à l’inévitable chute.

Et comme l’échec est orphelin, on se rejette les responsabilités. Personne n’est coupable. Chacun cherche ensuite à se justifier, arguant avoir prévenu le chef déchu. On trouve chez la victime le bouc émissaire pour justifier la descente aux enfers. Pendant que le malheureux sombre dans la solitude, le désespoir et le regret, eux se préoccupent à se trouver une place au soleil auprès des nouveaux chefs pour perpétuer le statu quo et en profiter.

Les populations continuent, comme un troupeau de moutons, à rêver, suivre et espérer que le nouveau venu apportera le changement escompté et le scénario recommence.

Ce jeux de dupes entre détenteurs du pouvoir, courtisans et peuple ne favorise ni la démocratie, ni l’Etat de droit, encore moins le développement socio-économique de nos pays.

Boubacar DIENG

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