Guinée : Toujours pas de nouvelle de Foniké Mengué et Billo Bah un mois après leur enlèvement
Arrêtés le 09 juillet 2024 par des éléments de la gendarmerie nationale et des Forces Spéciales, on n’a toujours pas de nouvelles des deux activistes de la Société civile guinéenne, un mois après leur enlèvement.
Où sont passés Oumar Sylla ‘’Foniké Mengué’’ et Billo Bah, deux responsables du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) ?
Cette situation devient de plus en plus préoccupante en ce sens que la junte guinéenne, dirigée par le Général Mamadi Doumbouya tente de faire taire toutes les voix dissonantes pour se maintenir au pouvoir contre la volonté populaire.
Pour Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du FNDC, en exil en France, qui s’est prêté aux questions de nos confrères de TV5, cette arrestation est la suite logique de la volonté de la junte se museler toute voix dissonante.
« Ils ont été enlevés par le gouvernement et pour nous, ils sont dans la main de la junte. Il y a ce que dit un porte-parole du gouvernement qui n’a aucune influence, il y a ce qui se passe, ce que les témoins racontent et ce que l’une des victimes raconte. Nous nous en tenons à ce qu’a dit Mohamed Cissé et ce qu’a dit le voisinage. Ces éléments ont été identifiés. Ce sont des éléments qui sont sous la coupole du Haut commandant de la gendarmerie, des éléments de la garde présidentielle c’est-à-dire des forces spéciales, ils ont été identifiés. Ce sont ces deux unités qui ont enlevé nos deux camarades. Aujourd’hui, tous les indices montrent que c’est le gouvernent qui détient nos camarades et nous attendons qu’il les libère. La sortie du Procureur prouve que l’arrestation de nos camarades est une arrestation extrajudiciaire parce que c’est lui qui était censé émettre un mandat pour les arrêter, mais la junte ne fait plus de la justice une boussole, en décidant de kidnapper nos amis sans passer par le Procureur. Ils ont été enlevés parce que depuis un an, la junte est dans une optique de faire taire toutes les voix dissonantes. Nous sommes à 80 jours depuis que les médias ont été fermés en Guinée. Après la fermeture des médias, Foniké et quelques acteurs de la société civile ont décidé de protester contre cet état de fait et aussi contre la cherté de la vie que les Guinéens vivent à plein fouet aujourd’hui. Nous estimons que la junte ne devrait pas gérer le pays d’une main de fer parce que nous sommes à 4 mois de la fin de la transition, c’est-à-dire du 31 décembre 2024. À travers cet enlèvement, la junte montre qu’elle est dans une logique de faire taire toutes les voix dissonantes et la voix la plus dissonante aujourd’hui est celle du FNDC », a indiqué cet activiste de la Société civile..
Ajoutant qu’après avoir fait fuir les principaux acteurs politiques, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, le pouvoir de Conakry veut « Faire taire la seule voix dissonante, le FNDC, qui est aujourd’hui l’ultime objectif de la junte. ».
« Mais je pense que cet enlèvement vient galvaniser le mouvement mais aussi montrer au peuple de Guinée que chacun d’entre nous peut être victime, qu’il va falloir se mobiliser pour que la junte arrête de violer nos libertés et confisquer nos droits. Les autorités guinéennes ont peur du FNDC. Mamadi Doumbouya a tout fait pour qu’on soit de son côté, on lui a répondu que nous menons un combat noble pour la démocratie et les droits, et que nous ne pouvons pas accompagner une équipe qui ne nous mène pas vers l’ordre constitutionnel normal. C’est notre combat et nous le mènerons quel que soit le prix à payer », a ajouté le responsable de la Communication de cette plateforme de la Société civile.
Après le communiqué controversé du Procureur de la République, indiquant n’avoir aucune nouvelle de ces deux activistes de la Société civile et deux autres militaires, le porte-parole du gouvernement a enfoncé le clou. Ousmane Gaoual Diallo a indiqué lors d’une conférence de presse qu’un « adulte peut disparaitre volontairement » de lui-même et réaffirme que le gouvernement n’en ai pour rien de cette disparition.
Face à la gravité de cette situation, Kalémodou Yansané n’entend pas de cette oreille. Pour le Vice-Président de l’UFDG, « Depuis leur disparition dans la nuit du 09 juillet 2024, jusqu’aujourd’hui nous n’avons aucune trace de Foniké Mengué et Billo Bah. Il n’y a pas un centimètre carré de ce territoire aujourd’hui qui n’est pas contrôlé, suivi par le CNRD. Il n’y a pas de raison qu’un citoyen qu’il soit de la carrure de Fonikè Menguè ou qui soit un monsieur lambda disparaît et qu’on dise qu’on ne sait pas qu’est-ce qu’il est devenu durant plus d’un mois.
Nous sommes désolés, mais nous devons rendre responsable le CNRD, c’est lui qui a pris la responsabilité des destinées de la Guinée. Nous demandons au CNRD, le Président Mamadi Doumbouya, de faire en sorte que lumière soit faite très rapidement sur la situation de Billo et de Fonikè Menguè. On ne peut pas les oublier banalement comme ça. Ils sont tellement très importants, tellement connus, ce n’est pas possible qu’ils disparaissent comme ça. Ils ont mobilisé ici à Conakry des millions de Guinéens… Fonikè Menguè et Mamadou Billo Bah sont devenus une référence de courage, de loyauté pour le pays. Ils ne peuvent pas disparaître et qu’on se taise dessus. Nous demandons au Président Mamadi Doumbouya de faire en sorte que ces deux jeunes soient rapidement retrouvés et remis à la disposition de leurs différentes familles. Si cela n’est pas fait, les frustrations vont continuer. Il y a beaucoup de Guinéens qui se reconnaissent en ces jeunes, à leur courage, à leur fidélité aux idéaux de droiture. Je pense que pour l’intérêt du pays, de la paix et de la quiétude sociale, le sort de ces jeunes doit être connu. Je ne peux même pas imaginer qu’ils soient plus de ce monde. Je suis sûr qu’ils sont encore vivants. Nous souhaitons qu’ils soient retrouvés et mis à la disposition des Guinéens », a déclaré Kalémodou Yansané lors de l’assemblée générale hebdomadaire de l’UFDG.
Alors que les épouses de deux activités de la Société civile ont porté plainte contre le régime de Mamadi Doumbouya en France, pour disparition de leurs époux, les Forces vives de Guinée, constituées des principaux partis politiques et la Société civile, appellent à une journée ‘’ville morte’’ ce lundi 12 Août à Conakry et projettent une manifestation pacifique le mardi 13 Août 2024 pour exiger la libération de Foniké Mengué et Billo Bah et le retour à l’ordre Constitutionnel.