Contre La sansure

Il faut parler de l’erreur du 23 décembre 2008 plutôt que celle du 28 septembre 2009

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Ancien responsable des communications de la plus importante coalition politique de Guinée, l’ANAD, que dirige Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, qui a remporté les élections présidentielles de 2010 et de 2020, mais a été obligé d’accepter les hold-up électoraux d’Alpha Condé, Kéamou Bogola Haba est sur tous les fronts pour défendre le CNRD du Colonel Mamadi Doumbouya.

À la veille de la manifestation du 20 mars 2023, qu’il serait souhaitable de reporter ne serait-ce que d’une semaine supplémentaire, Bogola Haba estime (*) que « les uns et les autres doivent tirer les leçons du passé. La troïka (Alpha-Sidya-Cellou) qui organise cette manifestation, c’est elle qui a organisé les manifestations du 28 septembre 2009 et aujourd’hui nous sommes devant les tribunaux. Nous nous attendons plutôt qu’ils soient en Guinée pour participer à la manifestation de la vérité, pour la réparation de cette erreur que nous avons collectivement commise« .

Aux côtés du CNDD du capitaine Moussa Dadis Camara, qui a été convaincu de mettre en place un régime ethno-régionaliste après sa prise du pouvoir, Bogola Haba ne devrait pas évoquer les événements du 28 septembre 2009 comme étant une erreur, car il s’agissait plutôt de faute lourde de la junte de décembre 2008. Le groupe militaire qui a décidé de prendre le pouvoir par la force, sans respecter les disponibilités constitutionnelles a commis de nombreux crimes de sang et économiques et tracé la voie à la présidence d’Alpha Condé. Le pays subit aujourd’hui les conséquences de cette transmission de pouvoir opérée par le président de la transition Sékouba Konaté, qui a accepté la fabrication de résultats favorables au candidat du RPG AEC, alors que Cellou Dalein Diallo avait remporté l’élection dès le premier tour, en juin 2010.

Pour un observateur de la scène politique guinéenne, « il faut parler de l’erreur du 23 décembre 2008 plutôt que celle du 28 septembre 2009. Le coup d’État de Dadis Camara et ses camarades du camp Alpha Yaya n’était pas nécessaire. Ils auraient dû soutenir la transmission constitutionnelle du pouvoir et les élections qui allaient suivre… Maintenant, est-ce que c’était la suite des événements de janvier et février 2007, au cours desquels ils ont massacré plusieurs dizaines de personnes sur l’autoroute, aux alentours du pont du 8 novembre ? Il faut que l’on parle de ces crimes… Les forces militaires et paramilitaires de Guinée ont fait trop de victime et continuent cette barbarie ».

« Bogola Haba a oublié que le CNRD a violé la Charte de la transition… »

Mais pour Bogola HABA, « aujourd’hui, ce sont les militaires qui sont à la barre. Eux  (Alpha Condé, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, ndlr) aussi doivent être là de manière ne serait-ce que morale, mais ils ne peuvent pas profiter de la même erreur pour organiser une autre manifestation. Il serait mieux de profiter de cette transition pour réparer l’erreur du 28 septembre 2009 que d’organiser une autre marche…« .

Pour un cadre des Forces vives de Guinée (FVG) « Bogola Haba a oublié que le CNRD qui a violé la Charte de la transition… et surtout que c’est nous ANAD, nous FNDC, etc. qui avons apporté notre soutien au renversement du régime d’Alpha Condé. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Sékou Koundouno étaient tous ici. Pourquoi ils sont partis et sont aujourd’hui obligés de vivre à l’étranger et pourquoi Foniké Manguè, Ibrahima Diallo et Biro sont injustement emprisonnés ? N’est-ce pas pour les mêmes raisons que lui Bogola Haba avait été emprisonné sous Alpha Condé ? »

Les FVG prouvent leur bonne foi. Le CNRD en fera-t-il autant ?

À l’AG de l’UFDG de ce samedi, le vice président du parti, Bano Sow a rappelé  : « Nous sommes toujours demandeurs d’un dialogue inter-guinéen, mais qui va nous mettre en face de la junte face à tous les partis représentatifs qui exigent aujourd’hui qu’il soit organisé dans notre pays des élections dans les règles de l’art afin que nous allions rapidement au rétablissement de l’ordre constitutionnel (…)  Il y aura une déclaration dans la journée« .

Bano Sow

Cette déclaration vient de tomber : les forces vives guinéennes ont, une nouvelle fois, accepté de reporter leur marche. Ce qui a fait dire à un commentateur « les FVG prouvent leur bonne foi. Le CNRD en fera-t-il autant ? Est-ce que les religieux vont être moins complaisants avec Colonel Doumbouya et ses camarades ? Ce qui est sûr, en acceptant de reporter leur marche, les FVG vont marquer un point important au niveau de la Cedeao. Il est temps que le G-5 Guinée entre dans le jeu et que les ambassadeurs de France et des États-Unis se mettent au pas. Ils n’ont qu’à apporter leurs soutiens personnels à Doumbouya, contre le peuple de Guinée, qui ne va pas le leur pardonner, mais la dictature qu’ils ne veulent pas chez eux, il ne faudrait qu’ils la soutiennent ici« .

Ibrahima Sory BALDÉ

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