« Il n’y a pas eu de référendum sur la sortie de la Cédéao »

Par Sandrine Blanchard
Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle
In. https://www.dw.com/fr/interview-c%C3%A9d%C3%A9ao-critique-sortie-des-pays-de-laes/a-71494980
Les trois membres de l’Alliance des Etats du Sahel – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – sont officiellement sortis, fin janvier, de la Cédéao. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest a donné jusqu’en juillet aux militaires qui dirigent ces pays pour revenir sur leur décision qu’elle n’approuve pas.
Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux affaires politiques, Paix et Sécurité de l’institution sous-régionale, revient au micro de la DW sur les enjeux de cette séparation. Il a été interviewé par Uwaisu Abubakar Idris.
La sortie de la Cédéao décidée par les Etats de l’AES met un terme à 50 ans de coopération. Et Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux affaires politiques, Paix et Sécurité de la Cédéao, souligne que cette sortie entraîne des désagréments pour les habitants des trois pays concernés :
« La libre circulation des personnes, le droit d’établir des entreprises dans n’importe lequel des 15 Etats membres et la possibilité de voyager sans visa sont des privilèges que la Cédéao a garantis au fil des ans. Il s’agit même de l’un des tout premiers protocoles signés par la Cédéao. Les citoyens de ces pays perdraient donc automatiquement ces privilèges. »
Une décision d’autant plus regrettable, selon lui, qu’elle n’a pas été décidée par les populations elles-mêmes.
« Ce sont les dirigeants de ces pays qui ont décidé de se retirer de la Cédéao, rappelle Abdel-Fatau Musah, et non les peuples. Il n’y a pas eu de référendum pour déterminer si les peuples voulaient rester ou non au sein de la Cédéao. »
« Leur retrait a en fait affaibli les trois pays et il a également affaibli la Cédéao. Parce que si, demain, il y a un débat au niveau de l’Union africaine, et que les nations d’Afrique de l’Ouest veulent faire bloc, elles ne seront plus à 15 pays mais seulement douze. C’est encore pire pour eux parce qu’ils ne sont plus que trois et qu’ils n’appartiennent à aucun autre groupement régional. Cela a brisé aussi l’esprit de solidarité.”
Les militaires à la tête des pays de l’AES reprochent notamment à la Cédéao d’avoir envisagé d’intervenir militairement en réaction à leurs putschs respectifs. Pour Abdel-Fatau Musah, la menace du « recours à la force n’était pas une erreur ».
Le Commissaire explique en effet que « le recours à la force est l’un des outils utilisés par la Cédéao pour restaurer la démocratie dans les Etats membres ». Il reconnaît toutefois la maladresse de la Cédéao qui a usé de cette menace non pas en ultime recours, mais alors que tous « les efforts diplomatiques n'[avaient] pas été entièrement épuisés ».
Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle
In. https://www.dw.com/fr/interview-c%C3%A9d%C3%A9ao-critique-sortie-des-pays-de-laes/a-71494980
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